Les parcs industriels, catalyseurs de développement

2018-01-04 11:18:43 Source: Chinafrique.com

La Zone de coopération économique et commerciale de la région du canal de Suez est un exemple réussi des parcs industriels sinoafricains. (Chinafrique.com)

L'Éthiopie s'est hissée à la tête des locomotives économiques du continent africain au cours de la dernière décennie, avec un taux de croissance annuel moyen du PIB de plus de 10 %. Cette impulsion, selon M. Se­youm Mesfin, l'ambassadeur éthiopien en Chine, est en partie inspirée par les leçons importantes que le pays a tirées de l'expérience de la Chine, notamment pour ce qui est des zones économiques spéciales et de l'attraction des investissements.

« Plus de 600 millions d'habitants (en Chine) sont sortis de la pauvreté au cours des 30 dernières années, cela suffit à prouver la ré­ussite du modèle de développement de la Chine. C'est un bon exemple pour nous, dit l'ambassadeur. Nous voulons également réaliser la croissance partagée avec les autres pays africains à l'aide du modèle de développement de la Chine. »

Un modèle développementaliste à la chinoise

À quelque 30 km de l'aéroport international de Bole à Addis-Ababa, se trouve le parc industriel de l'Orient (PIO). Construit au début de 2007, il s'agit du premier parc industriel créé et opéré officiellement par des investisseurs étrangers en Éthiopie. Le parc est connecté à un chemin de fer et à une autoroute, facilitant le transport des marchandises jusqu'au port de Djibouti. Actuellement, le parc comprend 20 entreprises investies par la Chine couvrant une large gamme d'industries, allant des chaussures aux textiles, en passant par l'automobile, l'acier, le ciment et l'emballage.

Le groupe Chongqing Lifan, un fabricant d'automobiles, fait partie de ces entreprises chinoises qui ont fait leur marque dans le pays par leur présence dans le PIO. Sa capacité de production actuelle annuelle s'élève à environ 3 000 véhicules.

« Lifan a surpassé Toyota comme le plus grand vendeur d'automobiles neuves à Addis-Ababa. Vous pouvez voir notre voiture, la Lifan 520, partout dans la ville, dit M. Mu Gang, président du groupe Chongqing Lifan. Notre prochain objectif sera de hausser la notoriété de notre marque au niveau local. »

Toujours dans le PIO, à deux pas des grandes usines de Lifan, se trouve la branche éthiopienne du groupe Huajian, un grand fabri­cant de chaussures chinois. Les chaussures fabriquées dans cette usine représentent plus de 50 % de la valeur d'exportation des chaussures de l'Éthiopie, à savoir plus de 80 millions de dollars en 2016. Depuis sa création en janvier 2012, une grappe industrielle a graduellement pris forme autour de l'usine, soutenant le développement des industries du tannage du cuir et du transport. À lui seul, le groupe Huajian a créé des milliers d'emplois dans les communautés locales.

Jiao Yongshun, directeur adjoint du comité d'administration du PIO, dit qu'à la fin juillet 2016, la valeur totale de production du parc s'élevait à 550 millions de dollars, générant plus de 41 millions de dollars en recettes fiscales pour le pays hôte et créant plus de 8 000 emplois locaux.

Un catalyseur pour l'industrialisation

L'expérience réussie du PIO a eu des échos jusqu'aux plus hauts sommets de l'État. Arkebe Oqubay Metiku, conseiller spécial du Premier ministre de l'Éthiopie, a indiqué à plusieurs reprises que le PIO servait d'exemple à suivre pour le pays. Le Premier ministre éthiopien M. Hailemariam Desalegn a d'ailleurs l'intention de développer d'autres parcs industriels en vue de moderniser le pays.

Selon la vision mise de l'avant par M. Hailemariam, la construction des parcs industriels sera rendue possible par un renforcement de la coopération sur la capacité industrielle avec la Chine. En retour, ceux-ci serviront de catalyseur à la stratégie nationale du développement visant à réaliser l'industrialisation du pays.

Le pays dispose déjà de 14 parcs industriels, par lesquels les investissements étrangers bénéficient aux communautés locales par la création d'emplois, surtout dans les textiles et la pharmaceutique, selon M. La Yifan, l'ancien ambassadeur chinois en Éthiopie.

De plus, en 2016, des entreprises chinoises ont construit le premier chemin de fer électrique moderne reliant Addis-Ababa, la capitale éthiopienne, et le port de Djibouti, réduisant fortement le temps de transport pour l'exportation. Ceci offre de nouveaux débouchés aux entreprises agricoles locales, qui ont besoin d'un réseau de transport fiable et rapide pour exporter leurs produits frais.

Pour renforcer la rentabilité de la ligne, le gouvernement éthiopien projette de coopérer avec le gouvernement chinois pour construire d'autres parcs industriels le long de la route, selon M. Seyoum.

Industrialisation pour but

L'Afrique compte plus de 20 zones commerciales et économiques investies et construites par des entreprises chinoises. Celles-ci comptent plus de 360 entreprises chinoises, représentant des investissements totaux de près de 4,7 milliards de dollars. Jusqu'en 2017, la valeur de production totale de ces parcs se chiffrait à 13 milliards de dollars, générant des recettes fiscales de plus de 560 millions de dollars et soutenant 26 000 emplois directs et indirects.

Ces parcs constituent un volet important des initiatives de coopération sino-africaine. Le Fonds de coopération Chine-Afrique sur la capacité industrielle, créé en 2016 avec un capital de 10 milliards de dollars, a d'ailleurs pour objectif de renforcer la coopération bilatérale dans la construction de zones économiques et de parcs industriels.

« L'expérience de la Chine montre que les parcs industriels non seulement soutiendront la croissance économique locale, mais favoriseront également la modernisation sociale et amélioreront la capacité de gouvernance de l'État », explique M. Tang Xiaoyang, professeur associé au département des relations internationales de l'Université Tsinghua.

Observateur du PIO depuis plusieurs années, M. Tang s'est dit étonné des changements qui ont eu lieu dans le parc. À sa première visite du parc au début de 2009, il a trouvé une douzaine de conteneurs dispersés dans un espace ouvert, dont certains servaient de bureaux temporaires. À peine deux ans plus tard, lorsqu'il a remis les pieds dans le parc, il a trouvé une zone sécurisée avec de bonnes routes et des usines couvrant une superficie d'environ 130 000 mètres carrés. Le parc était déjà entièrement équipé pour offrir des services d'approvisionnement en électricité et en eau, de canalisation et d'aménagement paysager.

« Inspirés par l'expérience réussie du modèle de zones économiques spéciales de la Chine, ces dernières années, de nombreux pays africains, tels que l'Ouganda, le Zimbabwe, la Tanzanie et l'Afrique du Sud, ont également lancé des projets similaires », souligne M. Tang. Ces pays voient dans ces parcs une clé leur permettant de réaliser l'objectif commun, soit l'industrialisation de leur économie.

Rédigé par: HAN Shasha