Xiplomatie : comment un couloir économique a changé des vies au Pakistan (SYNTHESE)

Photo aérienne prise le 22 juin 2022 montrant une vue de la centrale hydroélectrique de Karot dans la province orientale du Pendjab au Pakistan. (CTG/via Xinhua)

En ouvrant les bras aux opportunités présentées par le CECP et en apprenant du développement de la Chine, le Pakistan pourrait bâtir un avenir plus prospère et durable pour son peuple et contribuer au développement régional et mondial.

BEIJING/ISLAMABAD, 1er août (Xinhua) -- Quand le Couloir économique Chine-Pakistan (CECP) a été lancé en 2013, Moaaz Awan, étudiant à l'époque, n'avait pas du tout anticipé les immenses changements à venir.

En 2013, le CECP, dans le cadre de l'Initiative "la Ceinture et la Route" (ICR), n'était rien de plus qu'une ligne sur la carte reliant la ville chinoise de Kachgar au port pakistanais de Gwadar.

En 2015, le président chinois Xi Jinping a effectué une visite d'Etat au Pakistan, pays voisin avec lequel la Chine entretient une amitié "à toute épreuve". Les deux parties ont signé plus de 50 accords de coopération et sont convenues de concentrer le développement du CECP sur quatre domaines clés : le port de Gwadar, les infrastructures de transport, l'énergie et la coopération industrielle. Depuis lors, les projets se sont rapidement concrétisés et ont apporté des bénéfices de développement considérables aux Pakistanais ordinaires tels que Moaaz.

PLUS DE COUPURES D'ELECTRICITE

"Le CECP a indéniablement apporté des changements profonds dans ma vie", a déclaré le jeune homme. Moaaz est âgé de 30 ans et il connaît bien la Chine. Il a étudié dans le pays pendant plusieurs années et il parle couramment mandarin. Son père, Zamir Ahmed Awan, est un sinologue qui a étudié en Chine après que le pays a entamé sa réforme et son ouverture, il a en outre été diplomate à Beijing.

Moaaz est aujourd'hui un haut responsable de l'entreprise China Three Gorges South Asia Investment Ltd, qui exploite la centrale hydroélectrique de Karot dans le nord du Pakistan. Celle-ci a fêté sa première année de service fin juin 2023.

La centrale hydroélectrique de Karot a généré 3,64 milliards de kilowatts-heure depuis sa pleine mise en service. Cela a permis d'économiser environ 1,59 million de tonnes de charbon standard, de réduire d'environ 3,98 millions de tonnes les émissions de dioxyde de carbone et de répondre à la demande en électricité de plus de 5 millions de personnes.

Quand le CECP a été lancé il y a une décennie, le Pakistan souffrait de graves coupures de courant. Les habitants devaient vivre avec plus de 12 heures de délestage par jour. Grâce aux projets énergétiques du CECP, tels que la centrale de Karot, le Pakistan a pu régler sa crise énergétique et obtenir une plus grande sécurité énergétique, réduire sa dépendance aux importations d'électricité et assurer un approvisionnement stable en électricité aux industries et aux ménages, a expliqué Moaaz.

Une rame de métro de la ligne orange entre dans la station terminale de Lahore au Pakistan le 29 décembre 2021. Le métro écologique de la ligne orange est un projet précoce dans le cadre du Couloir économique Chine-Pakistan (CECP), un projet phare de l'Initiative "la Ceinture et la Route" proposée par la Chine. (Jamil Ahmed/Xinhua)

La protection de l'environnement s'est vue accorder la priorité pendant la construction du projet de Karot, selon le jeune homme. Un plan de gestion global a été développé pour préserver les habitats des poissons, mener des campagnes de sensibilisation et de plantation et offrir des opportunités aux communautés environnantes.

DES AGRICULTEURS NON QUALIFIES DEVENUS EXPERIMENTES

Au cours des 10 dernières années, l'approvisionnement ininterrompu en électricité par la centrale hydroélectrique de Karot pendant les pics de chaleur estivale et le confort apporté par d'autres projets du CECP, comme par exemple la ligne de métro Orange de Lahore ou la voie rapide reliant Havelian à Thakot dans le cadre de la phase deux du projet de l'autoroute de Karakoram, ont incité les Pakistanais à prendre part aux différents projets du CECP.

Muhammad Ammar Asghar est l'un d'entre eux. Doctorant diplômé de l'Université chinoise d'agriculture et de foresterie du Nord-Ouest, c'est un agronome travaillant sur un projet d'agriculture contractuelle autour du piment rouge. La coopération agricole à grande échelle entre la Chine et le Pakistan est l'un des principaux axes de la seconde phase du CECP, qui est actuellement en cours après le succès de la première phase qui s'est concentrée sur les projets d'infrastructures et d'énergie.

M. Asghar a expliqué à Xinhua que la plupart des agriculteurs embauchés par les propriétaires terriens du projet étaient non qualifiés. Pour aider les propriétaires à obtenir un bon rendement, les agronomes et techniciens agricoles chinois ont aidé les agriculteurs en leur apprenant quand et comment utiliser les engrains, les pesticides et l'eau.

Rao Shahab est l'un des propriétaires terriens qui cultive du piment. Il a noté que cette année, il avait tenté de planter du piment sur environ 3 hectares et qu'il avait été impressionné par le rendement obtenu, il prévoit donc de cultiver 20 hectares l'année prochaine.

UN COULOIR ECONOMIQUE, UNE VOIE DE DEVELOPPEMENT

"Cherchez le savoir même si vous devez aller jusqu'en Chine" est un célèbre adage musulman. Le père de Moaaz, qui était à l'époque conseiller de la mission pakistanaise à Beijing pour l'enseignement supérieur et la technologie, est ravi de constater que de nombreux jeunes pakistanais cherchent des technologies avancées et de l'expertise en Chine. "Le CECP a non seulement renforcé les liens économiques mais aussi développé les connexions entre les peuples, les échanges culturels et la compréhension entre les deux pays", a-t-il affirmé.

Photo prise le 3 juillet 2023 montrant une vue d'un projet de transmission à courant continu haute tension (CCHT)  Matiari-Lahore dans le cadre du Couloir économique Chine-Pakistan (CECP) à la périphérie de Lahore, au Pakistan. (Xinhua/Ahmad Kamal)

Zamir s'est rendu en juin dans la ville chinoise de Guangzhou. Les changements que la Chine a connus ces dernières décennies sont extraordinaires, le Pakistan n'a jamais connu une telle échelle d'industrialisation depuis sa fondation, a-t-il dit.

En ouvrant les bras aux opportunités présentées par le CECP et en apprenant du développement de la Chine, a-t-il poursuivi, le Pakistan pourrait bâtir un avenir plus prospère et durable pour son peuple et contribuer au développement régional et mondial.

Au cours de la décennie écoulée, le CECP a réalisé d'immenses progrès : il a attiré 25,4 milliards de dollars d'investissements directs, créé 236.000 emplois, généré 8.000 mégawatts d'électricité, construit 510 kilomètres d'autoroutes et ajouté 886 kilomètres au réseau national de transmission de base pour le Pakistan. Le port de Gwadar est devenu pleinement fonctionnel et il est en voie de devenir un centre régional de connectivité qui bénéficiera au Pakistan, à l'Afghanistan et à l'Asie centrale.

Pour Moaaz, le succès du CECP réside dans la manière dont le gouvernement pakistanais jouit d'une liberté totale pour donner la priorité à ses projets de développement, sans condition préalable et sans obligation.

La Chine travaillera avec le Pakistan pour viser des résultats de haut niveau, durables et qui améliorent les conditions de vie de la population, ainsi que pour faire du CECP un projet exemplaire de la coopération de qualité dans le cadre de l'ICR, a fait savoir le président Xi dans un message de félicitations adressé à l'événement de célébration du 10e anniversaire du CECP qui s'est tenu à Islamabad, au Pakistan.

Le projet a posé les bases d'une connectivité améliorée et d'une intégration économique et commerciale entre le Pakistan et la Chine, selon Zamir. "Il montre l'exemple de la façon dont deux nations peuvent collaborer à grande échelle pour réaliser des objectifs partagés et des objectifs de développement." Fin