Les ZLE pilotes poursuivent la réforme et l’ouverture

2018-11-28 09:44:28 Source: French.china.org.cn

La distribution géographique des zones de libre-échange a un impact profond sur la croissance économique de la Chine. 

Avec la frénésie d’achats en ligne déclenchée par la fête commerciale du 11 novembre, le secteur logistique se prépare à un pic d’activités.

Heureusement, les ouvriers du plus grand entrepôt automatisé du e-commerce du nord de la Chine - dans la Zone portuaire de libre-échange de Dongjiang dans la nouvelle zone de Binhai à Tianjin - ont une arme secrète.

« Les tapis roulants m’apportent les marchandises une par une. Je n’ai plus besoin de monter à l’échelle », explique Pang Hongqiang, un agent de tri pour le transporteur leader en Chine, SF Express.

Cet entrepôt futuriste n’aide pas seulement à livrer des milliers de colis par jour, mais permet également de réaliser le rêve d’un secteur haut-de-gamme et de commerce stimulé, par l’utilisation des zones de libre-échange (ZLE).

Il y a cinq ans, la Chine a commencé à explorer le modèle des ZLE, de façon à promouvoir le commerce et l’investissement. Les ZLE visent également à simplifier un système d’approbations administratives surchargé.

La ZLE de Shanghai a été la première à recevoir l’approbation du Conseil des affaires d’Etat le 22 août 2013, avec moins de restrictions sur les entreprises étrangères et constituant un terrain d’essai pour les nouvelles politiques gouvernementales.

Depuis, les ZLE pilotes se sont multipliées à travers le pays. Au total, douze ZLE ont été construites ou sont prévues, dans les provinces de Fujian et Guangdong sur la côte sud-est du pays, ainsi que dans les provinces de Shaanxi et de Sichuan dans l’ouest.

Le dernier exemple en date est l’île méridionale de Hainan, dont la totalité est devenue cette année la plus grande ZLE de Chine.

Un tel développement ne se fait pas de manière aléatoire et ne constitue pas non plus une simple duplication d’autres exemples. Faisant l’objet d’une planification et d’une recherche approfondies, la distribution géographique de ces ZLE pilotes ont un impact profond sur le développement de l’économie chinoise, et chacune d’entre elles présente ses propres avantages.

Ports francs

La Zone pilote de libre-échange de Tianjin n’a débuté ses activités officielles qu’en avril 2015 dans l’objectif d’attirer les investissements, mais les autorités préparent d’ores et déjà sa prochaine phase de développement.

A la suite de recherches détaillées et de discussions poussées, elles ont rédigé et révisé le plan de construction du port franc Beijing-Tianjin-Hebei, qui devrait intégrer encore davantage le développement régional.

Le plan devrait ensuite être soumis aux autorités supérieures « au moment opportun ». Si celui-ci est approuvé, la feuille de route pour le port franc servira de plateforme pour l’approfondissement de l’ouverture de la région sur le reste du monde.

Un port franc, établi dans un pays ou à l’intérieur des frontières d’une région, se place en-dehors de la supervision douanière. Il est ouvert à tous les navires commerciaux dans des conditions équitables. Les marchandises peuvent être déchargées, entreposées et expédiées sans avoir à payer les frais de douane.

Un port franc nécessite des politiques spécialement conçues en matière d’accès au marché, de systèmes financiers et de fiscalité, explique Wei Jianguo, le vice-président du Centre de Chine pour les échanges économiques internationaux.

En 2016, un fonds de 10 milliards de yuans (1,27 milliard d’euros) soutenu par le gouvernement a été mis en place pour promouvoir le développement et l’intégration de la région Beijing-Tianjin-Hebei.

La ZLE pilote de Tianjin a réalisé des avancées significatives au cours de ces trois dernières années. Selon Peng Zhiwei, le directeur du Département d’économie internationale et de commerce à l’Université Nankai, la ZLE de Tianjin a réalisé plusieurs avancées fondamentales en matière de réforme institutionnelle, de promotion des investissements, de libéralisation du commerce et d’innovation des systèmes financiers.

Des mesures concrètes ont été prises dans la zone pour faciliter le commerce et l’investissement, offrant un service à guichet unique pour les entreprises. Le temps moyen de dédouanement a été réduit de deux jours à deux heures. Par ailleurs, les coûts du dédouanement ont été réduits de 70 % et les coûts logistiques de 30 %.

La ZLE de Tianjin a également commencé à se spécialiser dans les importations de véhicules par le biais d’un type de tarifs douaniers réduits appelé « importations parallèles automobiles ». Les revendeurs automobiles indépendants achètent ainsi directement les véhicules depuis une base de production ou un revendeur automobile étrangers et les prix pour les voitures d’importation parallèle sont généralement de 10 à 20 % moins importants que les prix proposés par les revendeurs autorisés.

Depuis son lancement, la ZLE de Tianjin a attiré 2353 entreprises étrangères, avec un capital enregistré totalisant les 433,1 milliards de yuans. Airbus China, qui est localisée dans la ZLE pilote de Tianjin, a signé au mois de janvier un accord-cadre avec ses partenaires chinois pour augmenter la production locale.

Le vice-ministre du Commerce, Wang Shouwen, a déclaré que la Chine passait graduellement d’une croissance à haute vitesse à une croissance de haute qualité, et que le potentiel du marché était colossal. Le pays accueille les multinationales pour saisir les opportunités de croissance sur le marché chinois.

M. Wang a fait ces commentaires lors de la 11e Table ronde internationale des leaders multinationaux. Cette conférence, qui s’est déroulée au début du mois de novembre dans la Nouvelle zone de Binhai à Tianjin, a rassemblé des officiels du gouvernement et des dirigeants d’entreprises pour discuter des opportunités et des défis à venir.

Différents points de vue

Le particularisme est essentiel pour ces ZLE, qui s’inspirent chacune de leur localisation pour se spécialiser de manière unique dans les secteurs qui leur correspondent le plus.

Shanghai poursuit par exemple son chemin pour devenir l’un des pôles financiers majeurs dans le monde, menée par les expériences de sa ZLE. Au mois de novembre, 41 institutions financières internationales de renom avaient établi 56 entreprises de gestion d’actifs dans la zone financière de Lujiazui dans sa ZLE pilote.

Dans le même temps, à tout juste quelques kilomètres, la ZLE pilote du Zhejiang se dirige vers une voie complètement différente et se concentre davantage sur les secteurs du pétrole et du gaz.

« La ZLE a soutenu la construction d’une base pétrolière internationale dans la zone et les essais de la première phase [de ce projet], qui consiste en une capacité de raffinage de 20 millions de tonnes, débuteront d’ici la fin de cette année », explique Xia Wenzhong, le directeur adjoint de la ZLE pilote du Zhejiang.

« A l’heure actuelle, la capacité de stockage a atteint les 22,7 millions de mètres cubes, l’une des plus importantes de son genre dans le pays, et nous prévoyons de l’augmenter à 40 millions de mètres cubes d’ici 2020 », ajoute-t-il.

Au total, la ZLE du Zhejiang devrait gérer cette année 20 millions de tonnes de produits pétroliers, pour une valeur dépassant les 80 milliards de yuans. D’ici 2020, ce chiffre devrait atteindre les 300 milliards de yuans.

Contrairement aux réformes précédentes, qui se concentraient principalement sur la côte orientale, ce nouveau cycle de réformes inclue les provinces intérieures du pays.

En 2017, cinq régions provinciales de l’intérieur du pays, toutes des pôles majeurs de transport dans le cadre de l’initiative des Nouvelles Routes de la soie, se sont engagées à promouvoir les régions intérieures sous-développées du pays et à faciliter l’initiative des Nouvelles Routes de la soie.

Dans la ZLE de Chongqing, un système logistique international a été formé, reliant la ville avec le Pacifique à l’Est, avec l’Europe à l’Ouest, avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) au Sud et avec la Russie au Nord.

La ZLE pilote du Shaanxi dans le nord-ouest du pays se dévoue quant à elle à l’agriculture moderne. Elle possède la première zone de démonstration du secteur agricole haute technologie de Chine à Yangling. Cette zone a mené la recherche et le développement de technologies agricoles dans les régions arides et semi-arides en Chine, et coopéré avec des pays présentant des conditions climatiques similaires le long des Nouvelles Routes de la soie.

Une nouvelle mission

Il y a près de 40 ans, lorsque la Chine a décidé d’ouvrir son marché intérieur et de moderniser son économie, les autorités ont établi des zones économiques spéciales (ZES), pour servir de fenêtres sur l’extérieur et de terrains d’essai.

Les investissements étrangers ont afflué, de nouvelles réglementations ont été adoptées et de nouvelles technologies ont été testées dans ces zones, avant de se propager dans d’autres parties du pays, contribuant à la croissance rapide de l’économie de la Chine au fil des années.

Les observateurs voient la mise en place de ZLE pilotes comme une nouvelle mesure permettant à la Chine de faire avancer la réforme et l’ouverture dans un nouvel environnement interne et externe.

Comparées aux ZES, les ZLE pilotes visent à accomplir des bénéfices mutuels et à permettre au pays de participer à la coopération et la concurrence économiques mondiales à un niveau plus élevé, affirme Luo Qinghe, un professeur de l’Université de Shenzhen, dans une étude.

Une série de mesures ont été prises pour que les ZLE pilotes puissent créer un environnement commercial plus ouvert aux investisseurs, en faveur d’une concurrence plus équitable.

La liste négative pour les investissements étrangers a par exemple été réduite dans les ZLE pilotes, afin d’élargir l’accès au marché. Au cours des cinq dernières années, la liste négative est passée de 190 articles à 45 dans la ZLE pilote de Shanghai.

La ZLE pilote du Liaoning, la seule ZLE pilote dans le nord-est de la Chine, a mis à niveau les processus d’examen et d’approbation dans le port de Dalian, afin de faciliter la circulation des marchandises, avec un coût du dédouanement réduit de 10 %.

« Après l’introduction des ZLE pilotes, la concurrence entre les gouvernements locaux est progressivement passée de la croissance du PIB aux réformes », explique Ying Chen, un chercheur de l’Université Fudan à Shanghai.

Jusqu’à présent, près de 123 mesures ont été testées en premier lieu dans des ZLE pilotes, avant d’être graduellement promues et adoptées à l’échelle nationale. D’après le ministère du Commerce, plus de nouvelles mesures de réforme devraient encore être prises.

Rédigé par: Li Qiaoling