Xi Jinping et Dina Boluarte inaugurent un nouveau mégaport au Pérou pour renforcer les liens commerciaux en Amérique latine

Publié le: 16-11-2024 Source:  French.xinhuanet.com
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Photo en combo prise le 14 novembre 2024 montrant le président chinois Xi Jinping et son homologue péruvienne, Dina Boluarte, assistant à la cérémonie d'ouverture du port de Chancay par liaison vidéo à Lima, au Pérou. (Xinhua/Xie Huanchi, Li Mengxin)

Projet phare de l'ICR, le port de Chancay est destiné à améliorer l'efficacité des relations commerciales entre le Pérou et l'Asie, réduisant le temps d'expédition vers la Chine à 23 jours et abaissant les coûts logistiques d'au moins 20%.

LIMA, 15 novembre (Xinhua) -- Le président chinois Xi Jinping en visite au Pérou et son homologue péruvienne Dina Boluarte ont inauguré jeudi un mégaport qui marque une étape importante de la coopération sino-péruvienne dans le cadre de l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR).

Projet phare de l'ICR, le port de Chancay est destiné à améliorer l'efficacité des relations commerciales entre le Pérou et l'Asie, réduisant le temps d'expédition vers la Chine à 23 jours et abaissant les coûts logistiques d'au moins 20%.

Situé à environ 80km au nord de la capitale péruvienne, Lima, sur la côte Pacifique et directement relié à l'autoroute panaméricaine, un réseau routier qui s'étend à travers tout le continent américain, ce port en eau profonde est également sur le point de devenir un centre logistique pivot entre l'Amérique latine et l'Asie.

DE NOUVELLES OPPORTUNITES COMMERCIALES POUR L'AMERIQUE LATINE

Pour le ministre péruvien des Transports et des Communications, Raul Perez-Reyes, la vision du Pérou est ambitieuse : "Devenir le Singapour de l'Amérique latine".

Situé au centre de la côte Pacifique de l'Amérique du Sud, le Pérou a longtemps servi de pont pour le commerce à travers le Pacifique, reliant l'Amérique du Sud à l'Asie, en particulier la Chine.

Avec son port de Callao déjà parmi les plus importants de la région, le Pérou voit maintenant le port de Chancay comme un élément de transformation qui renforcera sa position en tant que plaque tournante commerciale mondiale.

Avec un tirant d'eau de 16 à 18 mètres, le nouveau port devrait traiter plus de 1 million de conteneurs EVP par an. L'EVP (équivalent vingt pieds) est une unité générale de capacité de chargement, basée sur le volume d'un conteneur de 20 pieds de long (6,1m) de taille standard.

L'impact sur l'efficience des échanges devrait être profond. Avec le port de Chancay, "nous aurons des routes directes vers l'Asie, en particulier vers la Chine, ce qui réduira les délais d'expédition de 10, 15, voire 20 jours, selon les différents itinéraires", a récemment dit M. Perez-Reyes à des journalistes à Chancay. Actuellement, les expéditions entre le Pérou et l'Asie peuvent prendre jusqu'à 40 jours.

Ceci est particulièrement important pour le Pérou en tant que pays d'exportations agricoles. "Par exemple, il fallait 34 jours pour que les mangues péruviennes atteignent la Chine, alors qu'elles étaient déjà très mûres", a confié à Xinhua le ministre péruvien de l'Agriculture et de l'Irrigation, Angel Manuel Manero.

Selon lui, "des délais d'expédition plus courts aideront à maintenir leur fraîcheur".

Des responsables et des experts péruviens considèrent le port de Chancay comme une étape vers la redéfinition du rôle de l'Amérique du Sud dans le commerce mondial, ce qui facilite les exportations péruviennes et sud-américaines à travers le Pacifique.

Ce nouveau port encouragera le commerce entre le Pérou, le Chili, l'Argentine, le Brésil et d'autres pays d'Amérique latine avec les pays asiatiques, y compris la Chine, a déclaré le président du Congrès péruvien, Eduardo Salhuana, ajoutant qu'il promet une croissance économique pour l'agriculture, l'exploitation minière et les industries manufacturières du continent.

Le gouvernement brésilien a déjà manifesté un vif intérêt pour le port de Chancay, le considérant comme un lien vital avec les marchés asiatiques.

Lors d'une réunion en mars dernier avec des responsables péruviens, Joao Villaverde, secrétaire pour la coordination institutionnelle au ministère brésilien de la Planification, a souligné l'importance du port. "Alors que nous nous rapprochons du Pacifique (par le port de Chancay), nous nous rapprochons également de l'Asie et de la Chine en particulier", a-t-il dit.

Depuis 2009, la Chine constitue le premier partenaire commercial du Brésil, et les données du ministère chinois de l'Agriculture et des Affaires rurales montrent que le Brésil demeure la principale source d'importations agricoles de la Chine en 2023.

"Mais le Brésil doit aller jusqu'au bout de l'Atlantique", a déclaré Carlos Aquino, directeur du Centre d'études asiatiques de l'Université nationale péruvienne de San Marcos.

Grâce au port de Chancay, les pays d'Amérique latine, y compris le Pérou et le Brésil, seront en mesure de commercialiser plus de marchandises en Chine, a déclaré M. Aquino.

RETROUVER CHEZ LA CHINE UN PARTENAIRE EGAL

En espagnol, Chancay et Shanghai ont des prononciations similaires. Le projet du port de Chancay ayant progressé ces dernières années, les médias locaux ont adopté l'expression "de Chancay à Shanghai" pour exprimer la vision d'un nouveau couloir terre-mer reliant l'Amérique latine à la Chine.

S'exprimant lors de l'inauguration du port de Chancay par liaison vidéo avec son homologue péruvienne, M. Xi a fait remarquer que cette connexion signifiait bien plus que l'enracinement de l'ICR au Pérou.

De Chancay à Shanghai, nous assistons à la naissance d'un nouveau corridor terre-mer Asie-Amérique latine, a-t-il dit.

Le port de Chancay consolidera fortement la position du Pérou en tant que porte d'entrée reliant la terre et la mer, l'Asie et l'Amérique latine, a poursuivi M. Xi.

Le président chinois a appelé les deux parties à adhérer aux principes de consultation approfondie, de contribution conjointe et de bénéfices partagés, et à permettre aux économies de la ceinture du Pacifique, y compris la Chine et le Pérou, de poursuivre un développement commun.

Mme Boluarte a déclaré lors de l'inauguration que ce projet sino-péruvien dans le cadre de l'ICR constituait une étape cruciale vers l'objectif du Pérou de devenir un centre international pour le transport maritime et le commerce. Il aidera le Pérou à s'imposer comme une passerelle essentielle entre l'Amérique latine et l'Asie, tout en favorisant l'intégration et la prospérité dans l'ensemble de l'Amérique latine, a-t-elle dit.

Des projections indiquent que le port de Chancay générera 4,5 milliards de dollars de recettes annuelles pour le Pérou et créera plus de 8.000 emplois directs.

Jorge Chain, directeur général de la Chambre de commerce Pérou-Chine, a rappelé que la Chine était depuis longtemps le principal partenaire commercial du Pérou et a décrit le projet du port de Chancay comme un excellent exemple de "coopération bénéfique et mutuellement avantageuse".

Si les investissements chinois en Amérique latine ont été largement salués par les gouvernements et les communautés locales, ils sont souvent qualifiés de "néocoloniaux" par l'Occident. Le port de Chancay ne fait pas exception à la règle.

Ce projet "a été proposé à de nombreux pays occidentaux, dont les Etats-Unis", a noté Juan Carlos Capunay, ancien ambassadeur du Pérou en Chine.

"S'ils s'inquiètent de la soi-disant influence chinoise, la réponse est simple : qu'ils investissent en Amérique latine. Mais ils ne le font pas", a-t-il dit, soulignant que l'Amérique latine ne pouvait pas attendre indéfiniment que l'Occident décide de s'engager économiquement.

"Nous devons nous développer et la Chine est prête à travailler avec nous", a indiqué M. Capunay.

Décrivant le Pérou comme "l'un des principaux partisans enthousiastes de l'ICR", il a estimé que la Chine n'imposait pas de conditions ou de système politique à ses partenaires. "Chaque pays choisit ses propres priorités. C'est pourquoi tant de pays se sentent à l'aise avec l'ICR", a-t-il dit.

M. Capunay a comparé cette situation à celle des investissements occidentaux qui, selon lui, sont dictés par des conditions fixées par l'Occident.

"Ils (les Occidentaux) décident quand, comment et où investir, et ils fixent les priorités. Il ne s'agit pas d'une relation d'égal à égal", a-t-il déploré. Avec la Chine, en revanche, "il y a une relation d'égal à égal. C'est pourquoi il y a de plus en plus de personnes intéressées par le commerce avec la Chine".

Rédigé par: Wang Siyang