Le rêve de kung-fu d'un Camerounais devient réalité grâce à la coopération sino-africaine (REPORTAGE)
YAOUNDE, 15 août (Xinhua) -- Rodrigue Tene Taling a grandi en regardant des films chinois. Il a été particulièrement inspiré par le kung-fu de Bruce Lee qui a suscité l'admiration à Bafoussam, cette ville de l'ouest du Cameroun où il a passé son enfance.
"Bruce Lee, c'est un Chinois pas comme les autres. Il nous a donné l'impression qu'un homme pouvait être invincible. J'ai capturé cette image et je me suis dit : 'Voilà mon idole et je vais aller vivre dans son pays quand je serai grand'", raconte M. Taling, qui avait alors quatre ans.
Mais son ambition brûlante d'apprendre le kung-fu a été presque anéantie, parce qu'il n'y avait pas de club de kung-fu à Bafoussam. Il a alors déménagé à l'Université de Dschang pour étudier les mathématiques et a eu le plaisir d'y découvrir un club d'arts martiaux. Il s'y est inscrit immédiatement.
"Je me suis alors dit 'whoa', je peux réaliser mon rêve", avoue-t-il.
M. Taling a pratiqué les arts martiaux pendant ses études et s'est ensuite installé dans la capitale, Yaoundé, où il a créé un club de kung-fu pour entraîner les jeunes.
Lors d'une de leurs séances d'entraînement, ils ont reçu un invité : le directeur de l'Institut Confucius de l'Université de Yaoundé II. Il les a regardés s'entraîner et a été ému par leur passion pour la culture chinoise.
Cette rencontre a défini son engagement dans la culture chinoise traditionnelle.
En 2010, grâce à une bourse offerte par le directeur, M. Taling s'est inscrit à l'Institut Confucius pour apprendre la langue et la culture chinoises. Quelques années plus tard, il a obtenu son diplôme en étant l'un des meilleurs étudiants. Grâce à une bourse offerte par le gouvernement chinois, il s'est rendu en Chine où il a étudié et obtenu un master en langue chinoise à l'Université normale du Zhejiang, puis un doctorat en sports et culture traditionnels chinois à l'Université du sport de Shanghai.
Aujourd'hui, M. Taling est directeur du Centre d'études sur les films et la télévision africains à l'Université normale du Zhejiang.
"La Chine est en quelque sorte mon deuxième pays et mon séjour (y a été) donc agréable, pacifique (...) Parfois il manque des mots pour le qualifier. Il fait bon vivre, il y a du calme", confie-t-il.
Cet homme de 38 ans a raconté son histoire à Xinhua depuis son domicile de Yaoundé, où il regardait les rushes d'un documentaire consacré à son parcours dans les arts martiaux et produit par l'Institut d'études africaines de l'Université normale du Zhejiang. Rodrigue Tene Taling est coréalisateur de ce film, qui sera bientôt diffusé dans les salles de cinéma.
"Nous avons déjà commencé ce projet de film sino-africain. Nous sommes en train de projeter d'autres" parlant de personnes ayant des histoires similaires à la sienne, assure-il. "De plus, nous essayons d'ouvrir les portes à ses investisseurs qui, par une mauvaise compréhension de l'Afrique parfois, peuvent se retenir. Pourtant l'Afrique est prête pour le business."
Pendant son séjour en Chine, sa compréhension des arts martiaux et de la culture chinoise traditionnelle s'étant approfondie, il a intensifié son entraînement au kung-fu, recevant des instructions de certains des meilleurs maîtres de kung-fu.
Pour lui, le kung-fu incarne la médecine traditionnelle chinoise et le renforcement physique, mettant aussi en valeur le charme de la culture chinoise.
"L'art martial est un art de la discipline où on t'apprend la conscience des dégâts qui peuvent provoquer la violence et la maîtrise de soi. Je rêve un jour d'être devant un écran de cinéma comme mon idole", Bruce Lee, espère Rodrigue Tene Taling.
Il aspire à servir d'ambassadeur culturel pour favoriser la compréhension entre le Cameroun et la Chine tout en promouvant les riches traditions chinoises auprès des Camerounais. Selon lui, les relations cordiales entre les deux pays lui ont permis de réaliser bien plus que ce dont il rêvait lorsqu'il était enfant.
"La Chine est l'un des partenaires les plus importants du Cameroun. Avant l'émergence des films de Bruce Lee et autres, le Cameroun et la Chine avaient déjà un partenariat diplomatique et aujourd'hui c'est ce partenariat diplomatique qui se développe et qui nous donne l'opportunité de voyager, de créer des opportunités pour nous-mêmes (et) pour nos jeunes frères et sœurs", conclut M. Taling. Fin