Coopération agricole sino-africaine : le transfert de savoirs pour l'autonomie agricole
Une femme travaille dans un centre de démonstration d'agriculture urbaine à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie, le 29 août 2025. (Photo : Michael Tewelde)
BEIJING, 17 octobre (Xinhua) -- "Mieux vaut apprendre à quelqu'un à pêcher que de lui donner du poisson". Voici l'approche adoptée par les experts agricoles chinois en Afrique, où ils forment les populations locales aux techniques modernes pour assurer un développement durable.
Les projets concrets se multiplient, visant à renforcer la sécurité alimentaire et à réduire la pauvreté.
A MADAGASCAR, LA REVOLUTION DU COTON
En trois ans, les rendements du coton ont doublé dans la région de Toliara, dans le sud-ouest de Madagascar, grâce à l'intervention d'experts de l'Université d'agriculture du Shanxi. Face à des semences vieillissantes et une faible productivité, ils ont introduit de nouvelles méthodes, a expliqué Wang Bin, expert du projet chinois d'aide agricole à Madagascar.
Les spécialistes chinois ont sélectionné des variétés, optimisé la plantation et lutté contre les parasites. Un manuel illustré et des normes techniques locales ont été créés, permettant aux "solutions chinoises" de prendre racine. Les parcelles de démonstration produisent désormais 1,83 tonne de graines de cotonnier par hectare, soit une augmentation de 129%.
Un centre de recherche agricole sino-malgache a été inauguré en 2023 à l'Université de Toliara pour pérenniser ces échanges.
EN ETHIOPIE, L'ECONOMIE FAMILIALE PROSPERE
Dans l'école agricole d'Ardaita, à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie, enseignants et étudiants récoltent avec fierté des champignons qu'ils ont cultivés eux-mêmes. An Taicheng et Du Limei, un couple d'experts chinois, leur ont transmis un savoir-faire ayant fait passer la production de une à six récoltes.
Au-delà des champignons, ils ont introduit un modèle d'"économie familiale", avec la culture de légumes, de fruits, de céréales et de mûriers et même l'élevage de vers à soie. "L'objectif est de fournir des techniques utiles, que les gens puissent s'approprier et qui soient rentables", souligne M. An.
Près de 1.200 personnes ont été formées, créant les bases d'une équipe agricole locale pérenne.
AU ZIMBABWE, VERS L'AUTOSUFFISANCE
Dans un village pilote situé à Zvimba, dans la province du Mashonaland occidental, dans le nord du Zimbabwe, l'arrivée des experts chinois a transformé la vie des habitants. En s'inspirant de l'expérience chinoise de réduction de la pauvreté, ils ont mis en place un système de mentorat, où un expert aide deux à trois familles.
"La priorité était de remplir les assiettes", se souvient Zhao Ke, le chef du projet. Avec des semences, des engrais et des formations, le rendement du maïs est passé de 0,45 à 5 tonnes par hectare.
"Je remercie les experts chinois qui ont vraiment changé notre vie", témoigne un agriculteur local désormais prospère.
Des agriculteurs tanzaniens utilisent une machine fabriquée par la société Zoomlion pour récolter du riz à Morogoro, en Tanzanie, le 4 juin 2025. (Photo : Emmanuel Herman)
EN TANZANIE, LA MECANISATION CHANGE LA DONNE
Dans la région tanzanienne de Morogoro, le paysage agricole a radicalement changé. Les machines ont désormais remplacé les faucilles traditionnelles, avec leur robuste ronronnement. Une moissonneuse-batteuse portant le logo "ZOOMLION", fabricant de matériel de construction, attend sereinement le début de la récolte.
"Avant, il fallait deux jours et plusieurs travailleurs pour récolter une acre avec des faucilles. C'était épuisant et cher", se souvient Timothy Shuma, riziculteur de 41 ans. "Maintenant, cette moissonneuse-batteuse fait une acre et demie en une heure. L'efficacité est incomparable, et le travail n'est plus une corvée."
Selon M. Shuma, l'arrivée progressive des machines agricoles chinoises depuis 2012 a transformé les pratiques locales. Les équipements de Zoomlion, accompagnés de formations techniques, ont été déterminants.
"Ils ne se contentent pas de vendre les machines. Ils nous forment, et les premiers formés deviennent formateurs à leur tour", explique l'agriculteur, désormais serein face à l'ampleur des travaux.
Lors du Sommet 2024 du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), le président chinois, Xi Jinping, a déclaré que la Chine était disposée à travailler avec l'Afrique pour mettre en œuvre dix plans d'action de partenariat, dont l'action de partenariat pour le développement de l'agriculture au bénéfice de la population.
Dans le cadre de cette action, la Chine fournira à l'Afrique des aides alimentaires d'urgence d'un milliard de yuans, construira en Afrique des zones de démonstration agricole standardisées d'une superficie de 100.000 mu (environ 6.670 hectares), enverra 500 agronomes dans les pays africains, créera sur le continent une alliance Chine-Afrique pour l'innovation scientifique et technologique agricole et y réalisera 500 projets d'intérêt public.
Conformément au premier plan triennal de la Vision 2035 de la coopération sino-africaine, la Chine a déployé plus de 500 experts agricoles en Afrique et formé près de 9.000 personnes locales.
Fin 2023, 24 centres de démonstration de technologies agricoles établis par la Chine à travers le continent avaient permis la diffusion de plus de 300 techniques agricoles avancées. Ces projets ont boosté les rendements agricoles locaux de 30 à 60% en moyenne, bénéficiant à plus d'un million de petits exploitants africains.


