ZOOM AFRIQUE : Les machines agricoles chinoises contribuent à la modernisation de l'agriculture africaine (REPORTAGE)
Un agriculteur tanzanien utilise une machine de Zoomlion pour récolter du riz à Morogoro, en Tanzanie, le 4 juin 2025. (Xinhua/Emmanuel Herman)
CHANGSHA/NAIROBI, 13 juin (Xinhua) -- Dans les rizières dans la province de Morogoro en Tanzanie, Timothy Shuma manœuvre habilement sa moissonneuse "Made in China", le visage rayonnant de joie à l'approche de la récolte. Au sud du désert du Sahara, des motoculteurs améliorés par des entreprises chinoises résistent efficacement aux tempêtes de sable, améliorant ainsi l'efficacité des cultures. Dans les champs de canne à sucre de la Fountainhill Estate en Afrique du Sud, des drones de fabrication chinoise volent lentement pour pulvériser des pesticides selon un itinéraire prédéfini...
Ces dernières années, la coopération agricole entre la Chine et l'Afrique s'est intensifiée, apportant aux pays africains davantage de machines agricoles de qualité et pratiques et contribuant à la modernisation de l'agriculture africaine grâce à des technologies de mécanisation avancées. Comme un agriculteur africain l'a dit, "la mécanisation nous a apporté de l'espoir".
Moissonneuse-batteuse, sécheur à flux mixte, fraise rotative à chenilles... Lors de la 4e édition de l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique (CAETE) qui se tient à Changsha, chef-lieu de la province chinoise du Hunan (centre), un certain nombre de machines et d'équipements agricoles chinois ont attiré l'attention des visiteurs.
De bons connaisseurs de l'industrie notent qu'avec la croissance de la population et l'augmentation de la demande alimentaire, les pays africains accordent de plus en plus d'importance à la modernisation agricole, tandis que la demande de machines agricoles modernes augmente aussi. Parallèlement, de nombreux pays d'Afrique sont depuis longtemps en proie aux tempêtes de sable, aux inondations, à la sécheresse et à d'autres conditions défavorables, qui y rendent l'agriculture relativement difficile. Les machines agricoles chinoises, adaptées aux conditions locales, aident à résoudre ces difficultés et sont ainsi bien accueillies sur le marché africain.
La société Zoomlion, par exemple, a commencé à exporter des machines agricoles vers l'Afrique en 2011 et elle est maintenant devenue l'un des principaux exportateurs chinois de machines agricoles vers ce continent.
"Nous fournissons une série de produits, dont des tracteurs à roues, des moissonneuses, des presses à balles et d'autres produits pour le développement de l'Afrique, couvrant de nombreux aspects de la production agricole, dont les tracteurs qui se sont vendus à plus de 5.000 unités au total", détaille Liu Jianqiang, directeur général adjoint de Zoomlion Overseas.
L'entreprise améliore aussi ses produits pour s'adapter aux besoins locaux en fonction de l'agronomie et de l'environnement opérationnel local. Par exemple, la majeure partie de l'Ouganda est située sur le plateau d'Afrique de l'Est avec des précipitations abondantes. Lorsqu'il pleut pendant la saison des récoltes, beaucoup de riz peut pourrir sur pied avant de pouvoir être récolté. En 2019, les moissonneuses-batteuses de Zoomlion ont été introduites en Ouganda et l'entreprise y a envoyé des ingénieurs pour apporter plus de 20 améliorations au produit en fonction du climat local, de la croissance des cultures, des conditions de fonctionnement de la machine, etc., de sorte que ces machines sont largement reconnues aujourd'hui par les agriculteurs.
En Afrique de l'Ouest, une autre entreprise chinoise, Guangzhou Sincerity Holding, a lancé en 2017 au Bénin AGBON, une marque de machines agricoles et de macromachines, dont le nom est une contraction des mots "agriculture" et "bon".
Zhou Hongwei, son directeur général adjoint, a expliqué qu'en réponse à la fréquence des tempêtes de sable sur la bordure sud du Sahara, l'entreprise a mis à niveau et optimisé le filtre à air du micro-broyeur afin de réduire l'impact du sable et du vent et de prolonger la durée de vie du moteur. Parallèlement, comme de nombreuses régions d'Afrique de l'Ouest connaissent de graves problèmes de détrempe des sols, l'entreprise améliore constamment l'outil en fonction des commentaires des utilisateurs afin de l'adapter aux besoins opérationnels locaux et aux habitudes d'utilisation.
Des visiteurs lors de la 4e édition de l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique au Centre international de congrès et d'exposition de Changsha, dans la province centrale du Hunan, le 13 juin 2025. (Xinhua/Chen Zhenhai)
Sur le site de la CAETE, une série de petites machines agricoles légères et flexibles a beaucoup attiré l'attention. "De nombreux pays d'Afrique comptent un grand nombre de petits exploitants agricoles et les petites machines agricoles disposent d'un vaste espace de marché", explique Li Lingli, administratrice de la société Hunan Xiangyuan Jinsui Intelligent Equipment.
Selon elle, la moissonneuse-batteuse multicultures lancée par son entreprise, qui présente de faibles taux de perte et d'impureté lors de la récolte, alors que son prix ne représente qu'un quart de celui des moissonneuses-batteuses à grande échelle, est bien accueillie par les clients africains.
"La prochaine étape consistera à mettre en place des centres d'exposition et de vente de machines agricoles, ainsi que des centres de service après-vente et de maintenance dans les principaux pays d'Afrique, et à poursuivre l'expansion du commerce d'exportation vers l'Afrique", dit Mme Li.
"CELA A COMPLETEMENT CHANGE NOTRE TRAVAIL ET NOTRE VIE"
Dans les rizières du bourg de Dutumi de la région tanzanienne de Morogoro (centre-est), où les tiges vertes et dorées s'entremêlent à l'approche de la saison des récoltes, les agriculteurs se préparent avec un regain de confiance et de détermination. L'air ne résonne pas du sifflement des faucilles, mais du bourdonnement bas et régulier des machines qui sont vérifiées, nettoyées et mises au point.
Timothy Shuma, un riziculteur de 41 ans et père de deux enfants, fait le tour de sa machine, inspectant les courroies et les lames d'une main experte. "Avant, il nous fallait deux jours et beaucoup de main-d'œuvre pour récolter un seul acre (environ 0,4 hectare)", se souvient-il.
"Aujourd'hui, une seule machine peut récolter un acre et demi en moins d'une heure, ce qui nous permet d'économiser beaucoup de temps et de coûts de main-d'œuvre. Avec les machines, nos récoltes sont plus sûres et nos revenus ont augmenté. Cela a complètement changé notre travail et notre vie", se félicite M. Shuma.
Oscar Taminou, un agriculteur béninois, est du même avis. Il y a deux ans, il a acheté une petite décortiqueuse de marque chinoise et sa productivité s'est considérablement améliorée.
"Ça me facilite beaucoup la vie. C'est facile à transporter et c'est bien adapté pour les petits producteurs. Je la partage aussi avec les gens du village, donc tout le monde en profite", salue-t-il.
Outre les machines traditionnelles telles que les moissonneuses et les décortiqueuses, de nouvelles machines telles que les drones en provenance de Chine sont progressivement utilisées pour favoriser la modernisation agricole de l'Afrique. Dans les rizières du Mozambique et les champs de blé d'Ethiopie, les drones de marques chinoises telles que DJI et XAG donnent l'espoir d'une bonne récolte aux agriculteurs locaux.
Selon Johan Prinsloo, un entrepreneur sud-africain en services agricoles, les drones ont augmenté sensiblement l'efficacité de travail. Il explique qu'avant, la pulvérisation manuelle de pesticides sur 40 hectares de canne à sucre nécessitait 30 à 40 ouvriers travaillant toute une journée, alors qu'avec un drone, une équipe de trois personnes seulement peut accomplir cette tâche.
Le pilote de drone Lucius Du Plessis se félicite que "grâce à la cartographie 3D du terrain et aux ajustements en temps réel, nous pouvons pulvériser avec une grande précision, ce qui permet de réduire les déchets de pesticides et de minimiser l'impact sur l'environnement".
"La technologie des drones chinois nous permet de pratiquer une agriculture plus précise", salue M. Prinsloo.
Un drone de l'entreprise tech chinoise XAG pulvérise des fongicides au-dessus de champs de canne à sucre dans la province du KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud, le 25 mars 2025. (Xinhua/Bai Ge)
Outre les machines, les techniciens chinois transfèrent également leur savoir-faire aux producteurs africains. Dans le même temps, de nombreuses entreprises chinoises se sont implantées en Afrique et offrent à leurs clients locaux une garantie de service après-vente complète.
"Ils sont prêts à nous enseigner encore et encore, allant même jusqu'à se rendre dans les champs pour des démonstrations pratiques. Lorsque les machines tombent en panne, ils nous aident à trouver des solutions. Leur patience et leur dévouement nous rassurent et nous donnent de l'espoir pour l'avenir", confie M. Shuma.
"Les techniciens passent régulièrement pour faire l'entretien, donc ça évite les pannes pendant les périodes de travail intense. C'est vraiment pratique", note M. Taminou, qui dit toujours garder dans son téléphone portable les photos des techniciens chinois qui ont parcouru de longues distances pour entretenir ses machines agricoles.
"Le transfert et la localisation des technologies agricoles apporteront des opportunités majeures pour le développement agricole en Afrique", assure George Ashwehmbom Looh, un étudiant camerounais venu en Chine en 2017 pour y poursuivre ses études. Il suit aujourd'hui un doctorat en ingénierie de mécanisation agricole à l'Université agricole du Hunan.
En date de la fin 2023, la Chine avait construit en Afrique 24 centres de démonstration de technologies agricoles, promouvant plus de 300 technologies agricoles avancées, ce qui a entraîné une augmentation de 30% à 60% du rendement des cultures locales et bénéficié à plus d'un million de petits exploitants agricoles africains.
La Chine a aussi établi, en date de l'an dernier, des mécanismes de coopération agricole avec 23 pays africains et organisations régionales, signé 72 documents de coopération, tandis que le volume des investissements agricoles en Afrique a dépassé le milliard de dollars et que plus de 200 entreprises chinoises se sont implantées en Afrique. Tout ceci a créé un réseau de collaboration sur l'ensemble de la chaîne industrielle, de la culture à la transformation et au commerce des denrées alimentaires.
"De nombreuses solutions de mécanisation développées en Chine seraient très bénéfiques si elles étaient adaptées aux conditions agricoles en Afrique", résume George Ashwehmbom Looh.