La Chine, un "partenaire fiable et engagé" pour le continent africain, selon le président de la RDC (INTERVIEW)
Photo prise le 11 mai 2023 montrant une vue panoramique de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). (Xinhua/Han Xu)
La Chine "a prouvé être un partenaire fiable et engagé dans le développement du continent africain", a salué Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo (RDC), dans une interview écrite exclusive accordée récemment à Xinhua.
KINSHASA, 4 septembre (Xinhua) -- La Chine "a prouvé être un partenaire fiable et engagé dans le développement du continent africain", a salué Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo (RDC), dans une interview écrite exclusive accordée récemment à Xinhua.
Dans le cadre de mécanismes tels que le Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), la Chine "a prouvé être un partenaire fiable et engagé dans le développement du continent africain", dont la RDC, qui ont vu se concrétiser de nombreux projets de coopération, a-t-il indiqué avant son départ pour le sommet 2024 du FCSA, prévu de mercredi à vendredi à Beijing, la capitale chinoise.
M. Tshisekedi a rendu hommage à de nombreux "moments forts" de la coopération RDC-Chine, notamment la pose de la première pierre et l'inauguration de projets de coopération comme, récemment, lorsqu'il a lui-même piloté un chargeur sur pneus pour lancer les travaux des rocades de Kinshasa, un des projets d'infrastructures prioritaires dans le cadre de la coopération entre la RDC et la Chine.
"Ces moments forts symbolisent le profond engagement de la Chine dans la voie de développement de la RDC", a-t-il indiqué, citant, entre autres, les rocades de Kinshasa, la centrale hydroélectrique de Busanga, la sous-station de Kinsuka, ainsi que le port sec de Sakania, projets dont il a posé la première pierre ou inauguré en personne.
"Ces projets montrent comment une coopération bien pensée peut transformer des ressources naturelles en infrastructures et en opportunités culturelles et de développement pour notre peuple", a salué M. Tshisekedi, citant la centrale hydroélectrique de Busanga.
Concernant les critiques visant la coopération sino-africaine qui parlent de "piège de la dette" ou de "pillage de ressources", le président congolais a estimé que "ces descriptions ne correspondent pas à la réalité de la coopération sino-africaine telle que nous l'expérimentons en RDC", notant que la coopération sino-congolaise "repose sur des avantages mutuels et sur le respect des besoins de chaque pays".
"Au lieu d'être des pièges, ces investissements ont permis à la RDC de développer ses infrastructures critiques et de renforcer sa capacité à s'intégrer dans l'économie mondiale", a-t-il expliqué.
D'après lui, les principes de "sincérité, de résultats réels, d'affinité et de bonne foi" pour la politique de la Chine envers l'Afrique, proposée en 2013 par le président chinois Xi Jinping, s'enracinent dans les projets de coopération sino-congolais, notamment la sous-station de Kinsuka, ce qui "montre la sincérité de la Chine à répondre aux besoins congolais et la volonté d'obtenir des résultats tangibles".
L'EXPERTISE CHINOISE, UN "EXEMPLE INSPIRANT"
Le voyage dans plusieurs villes chinoises "ont renforcé ma conviction que la RDC peut tirer profit de l'expertise chinoise pour accélérer notre industrialisation et développer nos infrastructures technologiques", a souligné le président congolais, qui a qualifié cette expertise chinoise d'"exemple inspirant".
En mai 2023, la Chine et la RDC sont convenues à Beijing d'élever leurs relations au rang de partenariat de coopération stratégique global, lors de la visite d'Etat en Chine de M. Tshisekedi. Celui-ci s'est également rendu à Shanghai, Shenzhen et Hong Kong, où il a visité plusieurs entreprises chinoises.
Ces villes "sont des exemples parfaits de ce que la synergie entre technologie, finance et gouvernance peut accomplir", a-t-il noté, se disant "impressionné" par "leur dynamisme, leur innovation et leur capacité à évoluer rapidement".
Le président de la République démocratique du Congo (RDC) Félix Tshisekedi (à gauche) pose la première pierre de la construction des rocades de Kinshasa, l'un des projets d'infrastructures prioritaires du programme de coopération sino-congolais "Ressources pour projets", le 22 juin 2024. (Xinhua/Shi Yu)
Selon lui, la voie de développement de Shenzhen, autrefois un petit village de pêcheurs,est "un modèle de transformation rapide et de modernisation", après sa transformation en "un des principaux centres technologiques du monde".
"Cette transformation est un exemple inspirant pour l'Afrique, notamment pour notre processus d'industrialisation", a-t-il précisé, notant que les expériences chinoises permettraient à la RDC de moderniser son secteur agricole, en introduisant des technologies avancées qui augmentent la productivité et en créant des zones économiques spéciales qui attirent les investissements étrangers.
En 2021, la RDC a rejoint l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR), devenant le 45e pays partenaire africain à cet égard. L'ICR, qui est "un levier important pour le développement de la RDC", a permis de renforcer la connectivité du pays, a résumé M. Tshisekedi, citant les travaux de réhabilitation et de modernisation sur la route nationale No1, qui ont récemment été entamés par des entreprises chinoises.
Ce projet d'artère reliant la capitale Kinshasa et le centre économique de Lubumbashi devrait stimuler les échanges économiques entre les régions, a-t-il expliqué, notant que l'ICR a permis d'améliorer l'accès aux marchés pour les agriculteurs et les commerçants congolais.
Lors de son séjour en Chine au sommet du FCSA, une rencontre bilatérale est prévue entre MM. Tshisekedi et Xi, lesquels ont maintenu des échanges étroits ces dernières années.
"Le rapprochement entre le président Xi Jinping et moi-même a été l'un des aspects les plus satisfaisants de nos relations bilatérales ces dernières années", a indiqué le président congolais.
Ces échanges, tant en présentiel qu'au téléphone, ont renforcé "notre compréhension mutuelle et notre coopération", a-t-il insisté, rappelant un "moment particulièrement marquant" où M. Xi a réaffirmé son engagement à soutenir le développement de l'Afrique sans ingérence.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi (à droite), rencontre l'envoyée spéciale du président chinois Xi Jinping, Shen Yueyue, également vice-présidente du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, à Kinshasa, en RDC, le 21 janvier 2024. (Présidence de la République démocratique du Congo/distribution via Xinhua)
"Le président Xi Jinping joue un rôle clé dans le renforcement des relations sino-africaines en promouvant un partenariat fondé sur le respect mutuel, le respect de la souveraineté et le développement commun. Son approche pragmatique et visionnaire permet de construire une relation durable et bénéfique pour nos deux peuples", a-t-il salué.
"Si je devais décrire le président Xi en une phrase, je dirais qu'il est un leader résolu, profondément engagé dans la construction d'un avenir partagé pour la Chine et l'Afrique", a-t-il résumé.
LA CHINE ET L'AFRIQUE, UNE "COMMUNAUTE DE DESTIN"
"Le FCSA est crucial pour bâtir une communauté de destin Afrique-Chine", a déclaré M. Tshisekedi, notant que la coopération Afrique-Chine compte pour la montée en puissance du "Sud global", regroupant la Chine et l'Afrique, qui est en plein essor et marque profondément le cours du monde.
"La montée en puissance des voix des pays du 'Sud global' est essentielle pour promouvoir une gouvernance mondiale plus équitable", a-t-il dit en appelant la Chine et l'Afrique à continuer de collaborer étroitement pour défendre les intérêts communs des pays en développement, garantir une représentation plus juste du "Sud global" sur la scène internationale et promouvoir une prise de décision qui reflète les besoins et les aspirations de ces nations.
"La coopération entre la Chine et l'Afrique (...) est un exemple de la façon dont nous pouvons travailler ensemble pour atteindre des objectifs communs" malgré les défis et les différends, a-t-il indiqué.
Le ministre d'Etat chargé des Infrastructures et des Travaux publics de la République démocratique du Congo (RDC), Alexis Gisaro Muvuni (centre), visite la centrale hydroélectrique de Busanga dans la province de Lualaba, en RDC, le 11 juillet 2024.(Xinhua/Shi Yu)
Au niveau bilatéral, la RDC souhaite une diversification de sa coopération avec la Chine, en incluant davantage de projets dans les secteurs de la technologie, de l'agriculture, et de la formation professionnelle, afin de créer une croissance inclusive et durable, a dit M. Tshisekedi.
Selon lui, un domaine avec lequel le potentiel de coopération pourrait être davantage exploré est celui des infrastructures culturelles. En 2019, le président congolais a posé la première pierre du Centre culturel et des arts d'Afrique centrale, qui est, selon lui, "essentiel pour garantir des partenariats durables et équitables dans un contexte de mondialisation".
"A l'avenir, nous pourrions étendre cette coopération (des infrastructures) à d'autres domaines tels que l'éducation et la formation professionnelle et ce afin de renforcer les capacités locales et promouvoir un développement durable", a-t-il souhaité.