Un vieux village du sud-ouest de la Chine, témoin de la coopération culturelle sino-française
GUIYANG, 20 août (Xinhua) -- A moins de 100 km de Guiyang, capitale du Guizhou, province chinoise renommée notamment pour son histoire liée à l'Armée rouge, se trouve un village établi il y a plus de 600 ans à des fins militaires. Il est le témoin de la coopération en matière de restauration du patrimoine entre la Chine et la France.
Lancé le 3 août, le chantier de Tunpu, dans le cadre des chantiers des bénévoles de préservation du patrimoine de la Chine (Chinese Heritage Conservation Workcamp), se trouve à Yunshan Tun, dans la ville d'Anshun, au Guizhou (sud-ouest). Le chantier de Tunpu devrait durer environ deux semaines.
"Il s'agit de la dixième année du chantier de Tunpu", déclare Yue Jian, parrain du chantier et architecte, saluant le rôle unique de la restauration des anciennes architectures dans les échanges culturels et la perpétuation de l'amitié entre la Chine et la France.
Le chantier de Tunpu a été créé en 2014 par des organisations, dont l'Union REMPART basée en France, la Fondation du patrimoine Ruan Yisan de Shanghai (Shanghai Ruan Yisan Heritage Foundation) et la Guizhou Nuo Opera Culture and Communication Co., Ltd.
"Cette dernière décennie, des bénévoles chinois se sont rendus en France pour participer à la restauration de bâtiments, et un nombre important de bénévoles français ont voyagé en Chine pour participer à ce chantier et découvrir la culture de Tunpu", note Yue Jian.
Tunpu était l'unité de vie établie par la garnison locale sous la dynastie Ming (1368-1644). Le village étant situé dans les montagnes, loin de la civilisation moderne, la plupart des traditions ont été conservées jusqu'à aujourd'hui, d'où la culture de Tunpu.
"Séjourner avec les gens d'un pays est la meilleure façon de les comprendre. Je chérirai les résultats acquis par le processus de restauration des architectures", déclare Aubin Crestani, un artisan français faisant partie d'une vingtaine de bénévoles en provenance de pays comme la Chine et la France.
Grâce à la richesse locale des matériaux de pierre, les bâtiments à Tunpu sont communément construits en pierre avec une habileté extraordinaire. On y constate des architectures avec des toitures, des murs et des rues en pierre, en combinaison avec les styles traditionnels des zones situées entre le fleuve Yangtsé et la rivière Huaihe.
Les tuiles en pierre en forme de losange se posent de manière agencée, les chambranles de fenêtre et de porte sont finement sculptés et les maisons ont été dressées à flanc de montagne ou de roche, permettant d'économiser les terres agraires et d'évacuer les eaux d'inondation. La sagesse au sein des bâtiments de Tunpu impressionne les participants français.
"Participer au chantier, c'est acquérir des connaissances sur l'architecture de la Chine. J'ai beaucoup appris, même en regardant simplement ces architectures", déclare Augustin Brunel, étudiant français en architecture. C'est la première fois qu'il participe hors de France à la restauration d'anciens logis.
Comme on l'a souvent dit, les pierres solides sont persistantes, alors que le bois se dégrade plus facilement. Un nombre important de bâtiments, délaissés par les jeunes locaux à la recherche d'une vie urbaine, nécessite un maintien et une restauration d'urgence.
Selon Yue Jian, une dizaine de vieilles maisons à Tunpu ont été restaurées ces dix dernières années par le chantier, en tenant compte d'un concept fondamental de "restaurer le vieux comme dans le passé pour conserver son essence", selon lequel il faut garder les pièces structurelles en sûreté dans l'architecture, maintenir les façades, les colonnes et les planches, vétustes mais imprégnées d'informations historiques, et changer ou réparer les pièces endommagées.
Selon Lisa Studer, une artiste dramatique française participant au chantier, il y a toujours besoin de concret pour mettre en valeur et transmettre la culture de l'antiquité. "S'il n'y a pas d'objet réel, on ne peut plus parler de protection".
"Si on parle de culture, c'est bien abstrait. Ce n'est qu'en constatant la sagesse cristallisée dans les objets réels que nous pouvons ressentir la culture", note Yue Jian.
Selon lui, les bénévoles internationaux doivent prendre modèle sur des artisans locaux avant de s'atteler à la restauration. "Il faut savoir utiliser les outils chinois et connaître les effets des murs courbes et des colonnes en forme d'arc pour mieux comprendre la sagesse chinoise", ajoute-t-il.
Augustin Brunel souhaite pour sa part mener la restauration dans davantage de pays à l'avenir. "Tout ce qui appartient au passé doit être bien protégé, car cela fait partie de l'histoire. Nous devons le protéger pour nos descendants, permettant aux gens de visiter ces bâtiments et de reconnaître leur importance", précise-t-il. Fin