Le principal coupable derrière le piège de la dette (COMMENTAIRE)
BEIJING, 21 janvier (Xinhua) -- Dans son best-seller "Confessions d'un tueur à gages économique", John Perkins explique comment il a été employé par une entreprise américaine pour convaincre des dirigeants dans le monde d'accepter de substantiels prêts pour infrastructures. Lorsqu'un tel tueur à gages réussit parfaitement son travail, écrit-il, "les prêts sont si importants que le débiteur est obligé de faire défaut sur ses remboursements au bout de quelques années".
Ce livre montre la pointe émergée d'un iceberg en ce qui concerne les dettes excessives infligées à l'échelle mondiale par les Etats-Unis, intentionnellement ou non, ainsi que par certains autres pays occidentaux et institutions financières. D'ordinaire, ça commençait par des taux d'intérêt bas, principalement parce que Washington le souhaitait, accroissant la dépendance des pays en développement vis-à-vis des marchés occidentaux. Mais ça a ensuite tourné au vinaigre lorsque les frais d'emprunt sont devenus tellement élevés que les débiteurs se sont retrouvés piégés. Fondamentalement, c'est l'hégémonie financière américaine en marche, sous la forme de la domination du dollar.
Parmi les victimes du siècle dernier, on trouve l'Afrique et l'Amérique latine. Dans les années 1970, de nombreux pays latino-américains voulant se développer ont emprunté à un grand groupe de créanciers dirigé par des banques privées américaines à des taux d'intérêt réels proches de zéro, avec les encouragements du gouvernement américain. Les dettes ont alors explosé.
Des années plus tard, toutefois, les Etats-Unis et l'Europe ont resserré leurs politiques monétaires, les banques privées commençant à raccourcir les périodes de remboursement et à appliquer des taux d'intérêt plus élevés. Les débiteurs latino-américains ont rapidement trouvé le fardeau insoutenable et ce qui a suivi a été une crise de la dette si grave et prolongée que l'ensemble des années 1980 a gagné le surnom de "décennie perdue".
L'histoire s'est répétée plus récemment. Lorsque les Etats-Unis se sont félicités au milieu des années 2010 de leur reprise économique après la crise financière mondiale de 2008 et ont décidé de mettre fin à leur programme de relance par assouplissement quantitatif, les taux ont fortement augmenté, alourdissant une fois de plus le fardeau de la dette des marchés émergents. Pire encore, les pays moins développés ont été écartés par les Etats-Unis lorsqu'il s'est agi d'attirer des financements internationaux, Washington ayant aspiré les dettes extérieures et donné du fil à retordre à d'autres demandeurs de fonds.
Prenons le Sri Lanka et la Malaisie. Leurs problèmes d'endettement sont principalement venus des marchés financiers dominés par l'Occident, entre autres, d'après un rapport du think tank britannique Chatham House. Face à ces problèmes, les marchés émergents n'avaient alors pas tant de choix pour trouver une issue. Au milieu des années 2000, le Sri Lanka pouvait obtenir peu de prêts concessionnels en dehors de la Chine, selon une étude de l'Université des sciences et technologies de Hong Kong. Il a dû obtenir des prêts commerciaux à taux d'intérêt élevés, principalement auprès de banques américaines et britanniques, et émettre des obligations souveraines internationales coûteuses, principalement achetées par des Américains.
Jusqu'à ce jour, les créanciers occidentaux détiennent toujours une grande partie des dettes étrangères des pays en développement. Selon un rapport publié par l'ONG britannique Jubilee Debt Campaign, 32% de la dette extérieure des Etats africains est due à des créanciers privés et 35% à des institutions multilatérales, avec 55% des paiements d'intérêt extérieurs dus aux créanciers privés. Ce sont ceux qui ne cessent de pérorer sur le dossier de la dette qui ont causé le problème de la dette en Afrique, a dit un jour le président mozambicain Filipe Nyusi.
Pour les pays en développement, le développement durable est un moyen solide et efficace de se libérer des lourds fardeaux de la dette. C'est de cette façon que la Chine les a aidés à y parvenir ces dernières années.
Grâce à l'octroi de prêts visant à combler le déficit en matière d'infrastructures, ces pays en développement peuvent générer des emplois et des revenus, ces prêts jouant un rôle de catalyseur de croissance durable et non un fardeau. Ainsi, les pays en développement, déçus face aux mécanismes de prêt conçus par les élites occidentales dirigées par les Etats-Unis, se tournent vers les prêts de ce genre.
Parmi les prêts chinois accordés sur le continent africain entre 2000 et 2015, environ 40% sont octroyés à des projets énergétiques et 30% à des infrastructures de transport, selon la China Africa Research Initiative à l'Université Johns Hopkins.
Afin de soulager davantage la pression sur les débiteurs, la Chine a activement promu l'allègement de la dette par restructuration, suspension ou allègement. Elle soutient l'initiative visant à soulager la dette des pays africains et met activement en œuvre l'Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) du G20 pour les pays les plus pauvres, en détenant le plus grand montant de report recensé au sein du G20. Après le déclenchement de la pandémie de nouveau coronavirus, la Chine a annoncé l'annulation de la dette de 15 pays africains sous la forme de prêts gouvernementaux sans intérêt qui devaient arriver à échéance fin 2020.
Les chercheurs de l'Université Johns Hopkins ont également étudié 16 cas de restructuration de dette d'une valeur totale de 7,5 milliards de dollars dans dix pays africains entre 2000 et 2019. Ils ont découvert que la Chine avait annulé les arriérés cumulés d'au moins 94 prêts sans intérêt totalisant plus de 3,4 milliards de dollars. Elle a joué un rôle important dans la gestion par les pays africains de leurs dettes, selon cette étude.
Les actions de la Chine, toutefois, ont été ignorées par le monde occidental mené par les Etats-Unis, lequel n'a que peu contribué à l'allègement de la dette des pays en développement en ces moments si difficiles. Au contraire, il a fabriqué l'idée d'un soi-disant piège de la dette pour stigmatiser la Chine et l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR). Ce complot vise à maintenir leur hégémonie financière et à entraver le développement commun de la Chine ainsi que d'autres pays le long de l'ICR.
Ces pays occidentaux devraient réellement prendre soin du monde en développement, faire montre de leur sincérité pour offrir un appui indéfectible aux pays endettés, au lieu de ressortir le vieux truc du "piège de la dette chinois". Ou, à tout le moins, laisser faire ceux qui veulent vraiment tendre la main. Fin