Les éléphants d'Asie connaissent un baby-boom en Chine grâce au renforcement des efforts de conservation
Un éléphanteau d'Asie, sauvé par le Centre d'élevage et de sauvetage de l'éléphant d'Asie à Xishuangbanna, subit un entraînement pour être relâché dans la nature dans la province chinoise du Yunnan (sud-ouest), le 28 juillet 2022. (Photo : Jiang Wenyao)
KUNMING, 12 août (Xinhua) -- Il faut généralement entre 20 et 22 mois aux éléphants d'Asie, l'un des animaux dont la gestation est la plus longue, pour donner naissance à un petit. Toutefois, dans la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine, presque tous les troupeaux d'éléphants ont accueilli des nouveau-nés ces dernières années.
Les éléphants d'Asie, le plus grand animal terrestre du continent, font l'objet d'une protection du plus haut niveau en Chine et constituent une partie importante de l'écosystème de la forêt tropicale du Yunnan.
Selon le bureau provincial des forêts et des prairies du Yunnan, le nombre d'éléphants d'Asie dans la province est passé de 293 en 2018, à environ 360 en 2021.
Le baby-boom de ce mammifère géant démontre le succès des efforts de protection ardus de la Chine et les progrès du pays en matière de conservation de la biodiversité écologique, surtout à un moment où la population de cette espèce affiche une tendance à la baisse à l'échelle mondiale.
Photo aérienne prise le 1er août 2022 montrant des éléphants d'Asie avec leurs petits en train de chercher de la nourriture dans le district autonome Hani et Yi de Jiangcheng, à Pu'er, dans la province chinoise du Yunnan (sud-ouest). (Photo : Jiang Wenyao)
HARMONIE HUMANITE-ELEPHANT
"Le renforcement de la protection et la diminution de l'impact de l'homme sont des raisons importantes qui expliquent le taux de fécondité élevé", a déclaré Chen Mingyong, professeur de la faculté de l'écologie et de sciences environnementales de l'Université du Yunnan.
Au cours de ces dernières années, la province a exploré de multiples moyens pour réduire les rencontres entre les humains et les éléphants, et de tenir les animaux éloignés des cultures des agriculteurs.
Des dépôts d'alimentation, surnommés "cantines pour éléphants", ont été créés dans de nombreux endroits au Yunnan, offrant aux animaux des repas attrayants et nutritifs. En 2022, la ville de Pu'er de la province a aménagé quelque 467 hectares de dépôts d'alimentation dans les zones où se trouvent des éléphants d'Asie.
"Les dépôts d'alimentation ont à la fois réduit les rencontres entre humains et éléphants, et enrichi les ressources alimentaires des éléphants", a indiqué Guo Xianming, directeur de l'Institut de recherche scientifique de la Réserve naturelle nationale de Xishuangbanna, dans le Yunnan.
Selon les résultats de l'enquête fournis par M. Chen, le "menu alimentaire" de l'éléphant d'Asie est passé de près de 100, à 240 types, et la plupart sont des cultures telles que le maïs, le riz et la canne à sucre, qui sont plantées à grande échelle et à portée des éléphants.
Depuis 2021, le gouvernement provincial du Yunnan a investi un total de 100 millions de yuans (environ 14,83 millions de dollars) dans le renforcement des systèmes de surveillance et d'alerte précoce, la restauration de l'habitat et les mesures de sécurité, afin d'améliorer la coexistence harmonieuse entre l'humanité et les éléphants.
En 2010, le Yunnan est devenu la première région de niveau provincial en Chine à introduire une assurance commerciale pour les dommages causés par la faune sauvage, qui a couvert toute la province en 2014.
Wang Chuan, villageois de Pu'er, a été le témoin de l'augmentation de la population d'éléphants et a indiqué qu'ils étaient désormais plus fréquemment repérés dans son village qu'auparavant.
"Bien sûr, c'est ennuyeux de voir nos cultures détruites par les éléphants, mais les villageois acceptent toujours ces vilains animaux au lieu de les disperser par la force", a-t-il dit.
La compensation aux dommages causés par les éléphants a augmenté ces dernières années. Durant la période du 13e Plan quinquennal (2016-2020), environ 297 millions de yuans ont été versés dans la province pour couvrir les pertes causées par la faune sauvage, principalement par les éléphants d'Asie.
Les grands projets de développement des infrastructures dans la région ont également tenu compte des activités des éléphants d'Asie.
Lors de la construction du chemin de fer Chine-Laos, les routes ont été redessinées pour éviter les habitats des éléphants, et certaines parties du chemin de fer ont été transformées en ponts et tunnels pour assurer un passage aux géants migrateurs.
Des éléphants d'Asie sauvés par le Centre d'élevage et de sauvetage de l'éléphant d'Asie à Xishuangbanna, subissent un entraînement pour être relâchés dans la nature dans la province chinoise du Yunnan (sud-ouest), le 28 juillet 2022. (Photo : Jiang Wenyao)
EFFORTS DE CONSERVATION
Les inspecteurs des éléphants jouent un rôle important dans le baby-boom. Diao Faxing, âgé de 47 ans, travaille depuis six ans comme l'un des dix inspecteurs locaux dans le district autonome Hani et Yi de Jiangcheng, à Pu'er.
"Le nombre d'éléphants a augmenté ces dernières années", a noté M. Diao. "Il y a un total de 43 éléphants sauvages à Jiangcheng, et quatre éléphanteaux sont nés cette année".
Lors d'une tournée d'inspection fin juillet, M. Diao a remarqué qu'une femelle éléphant abandonnée par le troupeau avait arrêté de manger.
M. Diao et ses collègues ont immédiatement signalé l'incident et ont été soulagés en voyant l'éléphant se rétablir, et rattraper le reste du troupeau.
"Il peut être stressant d'avoir plus d'éléphants à soigner, mais chaque nouveau-né est un signe de succès de notre protection", a-t-il expliqué. "Ils sont comme de nouveaux membres de la famille et je les ai tous prénommés".
Comme la visite fréquente des éléphants dans le district oblige les inspecteurs à synchroniser leur emploi du temps quotidien avec les mouvements des éléphants, ils doivent se lever à cinq heures du matin et travailler jusqu'à minuit.
Outre les efforts des inspecteurs, les chercheurs scientifiques mènent également diverses études, notamment l'analyse de l'adéquation des habitats des éléphants ainsi que la conservation de la diversité biologique, afin d'améliorer la connaissance sur les éléphants d'Asie et de renforcer la protection.
Bao Mingwei, médecin spécialiste des éléphants au Centre d'élevage et de sauvetage des éléphants d'Asie, à Xishuangbanna, et son équipe de recherche, ont réussi à élever neuf éléphanteaux en étudiant la méthode de reproduction assistée par l'homme, ce qui a contribué à l'augmentation de la population des éléphants d'Asie en Chine.
"Les efforts de sauvetage et de protection des éléphants ont contribué à l'augmentation de la population et le baby-boom s'est produit car il y a plus de femelles éléphants en âge de procréer", a-t-il expliqué.
La création d'un parc national pour les éléphants d'Asie est également à l'ordre du jour. Les autorités nationales et locales coordonneront les efforts d'intégration et d'optimisation de l'habitat existant, et mettront en place un système unifié de protection et de gestion.
"Sur la base du mécanisme établi de conservation des éléphants d'Asie, le parc national sera essentiel pour la conservation des forêts tropicales, et pour la conservation à long terme de la nature et de l'écologie", a expliqué Chen Fei, directeur du centre de recherche sur les éléphants d'Asie relevant de l'Administration d'Etat des forêts et des prairies.
"Nous travaillerons pour garantir l'équilibre entre l'expansion de la population d'éléphants, la sécurité humaine et la propriété dans le parc", a-t-il ajouté. Fin