Faire converger la coopération économique numérique sino-française
BEIJING, 7 octobre (Xinhua) -- La clé pour ouvrir la porte à la coopération entre la Chine et la France dans l'économie numérique réside dans le consensus sur le rôle moteur de l'innovation. Berceau de la civilisation européenne et foyer de l'humanisme, la France pourrait échanger avec la Chine dans au moins trois domaines du développement de l'économie numérique, ce qui permettrait sans aucun doute de faire naître un nouveau cycle d'inspirations et d'échanges entre les cultures orientale et occidentale.
La Chine occupe actuellement la deuxième place mondiale en volume de l'économie numérique. Dans son XIVe Plan quinquennal (2021-2025), elle a annoncé sa volonté de faire passer la part de la valeur ajoutée des industries clés de l'économie numérique dans le PIB de 7,8% en 2020 à 10% en 2025. Cela implique que le nombre d'utilisateurs d'Internet à large bande et à haut débit en Chine passe de 6,4 millions à 16 millions, dans un véritable miracle de l'ère numérique.
Bien que le nombre de sociétés licornes chinoises ait diminué en raison de l'impact de l'épidémie, l'économie numérique de la Chine, qui s'appuie sur un vaste marché de 1,4 milliard de personnes et des infrastructures avancées, est devenue un élément majeur de sa compétitivité internationale.
Grâce à la réforme et à l'ouverture, la Chine a fait de grands progrès dans les réformes visant à imposer le respect des règles du marché. Aujourd'hui, les entreprises leaders de la plateforme de l'économie numérique sont toutes des entreprises privées, et de nombreux jeunes entrepreneurs sont parvenus à créer de nouvelles opportunités commerciales à partir d'une seule idée innovante. Cela n'est pas sans rappeler la France, où le savoir est estimé comme une vertu. En toute justice, même si certains pensent que la France a raté la vague de l'économie de l'Internet, Paris travaille depuis longtemps dans le domaine des sciences fondamentales, ce qui peut être combiné avec la pratique chinoise pour réaliser un dépassement sur la voie de l'économie numérique.
Décrivant sa vision du plan d'investissement "France 2030", le président français Emmanuel Macron a déclaré que 30 milliards d'euros seraient investis dans des secteurs clés, afin de revitaliser l'industrie française. Dans ce cadre, la France allouera 800 millions d'euros au développement de l'industrie robotique, dont la moitié sera utilisée pour construire des robots utilisant la technologie de l'intelligence artificielle et l'autre moitié pour aider à la transformation des sites industriels qui envisagent d'utiliser des robots intelligents.
A l'instar de la France, la Chine accélère également le déploiement des robots, notamment des robots industriels. L'un des scénarios d'application classiques repose sur les excavatrices dotées de fonctions d'application de données, lesquelles servent de véritable baromètre de l'économie. Actuellement, plus de 85% des gros engins de construction chinois sont connectés à un système de gestion numérique, où les données permettent de suivre chaque machine dans le détail. Le nombre de mises en chantier confirme non seulement la progression des investissements, mais il permet également d'analyser l'avancement de la construction des grandes infrastructures urbaines et des projets ruraux à travers différents types de machines. Avec ces données, les décideurs gouvernementaux peuvent comprendre la situation du marché et procéder ainsi à des ajustements efficaces.
L'épidémie a fait prendre conscience aux économies du monde entier de la nécessité de coopérer. Lors de la 12e Conférence ministérielle de l'OMC qui a eu lieu en juin 2022, les membres ont décidé de maintenir la suspension des droits de douane sur le commerce électronique, un signe que la communauté internationale est en train de travailler ensemble pour assurer la fluidité de la circulation des données. Cela montre également que les décideurs des pays sont pleinement conscients de la nécessité d'exploiter la puissance des outils numériques pour faire progresser l'économie. L'intelligence artificielle devrait à elle seule faire croître le PIB mondial de 15% en une décennie et les réseaux 5G devraient créer 13.000 milliards de dollars au niveau de la production économique mondiale ainsi que 22 millions d'emplois d'ici 2035.
Outre l'innovation, qui est le moteur le plus important, il apparaît clairement que la Chine et la France doivent et vont inévitablement s'unir dans les domaines de la lutte antimonopole et de la formation de nouveaux concepts de valeur numériques. Avec la fin de l'ère de "croissance sauvage" de l'économie de plateforme chinoise, l'avenir nécessite une réflexion sur le plan des valeurs et de répondre ainsi véritablement à la problématique de l'époque de "faire profiter l'humanité de l'ère numérique, et non l'inverse". Les valeurs instaurées par la Révolution française, telles que l'égalité et la moralité, peuvent être pleinement intégrées face aux doutes actuels sur la gouvernance de l'économie de plateforme. En Chine, les étrangers se demandent souvent "comment il est possible de protéger la vie privée des individus alors qu'il y a tant de caméras dans les villes et les campagnes chinoises". Lorsque nous équilibrons calmement les facteurs personnels avec des questions majeures, telles que la localisation rapide des personnes disparues, un consensus peut cependant facilement émerger. L'utilisation d'algorithmes par les plateformes, lesquels ont pour but de connaître les préférences des utilisateurs, constitue un autre sujet de débat. Or, s'il n'y avait pas d'algorithme du tout, comment les utilisateurs pourraient-ils faire des choix efficaces dans ce vaste océan du marché libre ? J'ai toujours pensé que l'économie numérique devait être au service de l'humanité et que l'humanisme, profondément enraciné dans la pensée des Français, pouvait apporter une réponse aux questions de l'ère technologique.
Enfin, l'économie numérique la plus pragmatique et réalisable se trouve dans le marché de l'art numérique. La France est connue pour être une nation qui aime l'art et la culture plus que l'argent. De nombreux Français sont également passionnés par la civilisation chinoise. Même si les voyages internationaux restent perturbés par le COVID-19, les technologies et les plateformes numériques ont permis aux populations de vivre de nouvelles expériences artistiques et culturelles. Ces dernières années, de nombreux Chinois amateurs d'art français ont pu apprécier les œuvres de Van Gogh sans quitter leur pays, car des conservateurs de musée ont projeté ses tableaux sur les murs et les sols dans les espaces publics culturels avec diverses représentations visuelles et musicales. Ces technologies avancées de projection et de réalité virtuelle permettent au public chinois de s'immerger pleinement dans les peintures et la vie artistique de Van Gogh.
La Chine a fait de nombreuses tentatives dans le domaine de la numérisation des vestiges culturels. Récemment, l'Université baptiste de Hong Kong, dans laquelle j'ai étudié, a formé un groupe de musique de robots. Selon moi, la signature d'un accord entre la Chine et la France sur la coopération artistique et culturelle à l'ère numérique sera non seulement une opportunité pour tous les amateurs d'art, mais cela permettra également de transmettre un héritage durable aux générations futures de l'humanité.
Source : La Chine au présent
Auteur : LI LI