Ces spationautes européens qui apprennent la langue chinoise (SYNTHESE)
BEIJING, 27 octobre (Xinhua) -- Sans doute pas pour communiquer avec les extraterrestres, beaucoup de spationautes européens sont polyglottes. Ces dernières années, de plus en plus d'entre eux se lancent en apprentissage du mandarin pour mieux se positionner dans la coopération spatiale internationale.
"LE VRAI BONHEUR"
"En levant les yeux, je vois l'immensité du cosmos ; en baissant la tête, je regarde la multitude du monde. Le regard s'envole, le cœur s'élargit, la joie des sens peut atteindre son apogée, et c'est cela le vrai bonheur". On pourrait aisément imaginer qu'il s'agit du journal intime d'un spationaute, peut-être un grand passionné de la poésie, décrivant ses sentiments dans l'espace. En fait, il s'agit de vers tirés d'un classique de la littérature chinoise du IVe siècle que la marcheuse de l'espace italienne Samantha Cristoforetti a cités sur son compte Twitter à la mi-octobre depuis la Station spatiale internationale (ISS).
Elle a tweeté en chinois avec des traductions en italien et en anglais. Ces messages sont très vite devenus viraux. "Si tout le monde pouvait avoir la même perspective (...), combien de souffrances on pourrait s'épargner", a commenté un twitto en italien. "Vous êtes la bienvenue sur Tiangong", peut-on lire dans un commentaire en chinois, faisant référence à la station spatiale chinoise.
Parlant le chinois, Samantha Cristoforetti a été membre d'un groupe de travail de l'Agence spatiale européenne (ESA) chargé d'assurer la liaison avec ses homologues chinois. "Elle s'exprime très bien en chinois", a affirmé à la presse le chef de l'ESA Josef Aschbacher, plein d'éloges pour l'Italienne et positif quant à la coopération internationale dans l'exploration spatiale.
Le prénom chinois qu'a choisi Samantha Cristoforetti - Shasha - est parmi les plus courants chez les jeunes Chinoises. Lorsqu'elle s'est présentée dans un amphithéâtre de l'Institut de technologie de Beijing (BIT) en octobre 2019, elle a été considérée comme modèle par ces futurs ingénieurs, surtout les étudiantes. "Vous êtes en train de construire une puissance pour l'avenir de l'aérospatiale", leur a-t-elle dit.
CROISEMENT AVEC LES TAIKONAUTES
Après près de six mois de séjour dans l'espace, Samantha Cristoforetti et trois autres membres du Crew-4 sont rentrés sur Terre à bord d'un vaisseau de l'entreprise américaine SpaceX, la capsule Dragon, la "créature mythique préférée" du spationaute français Thomas Pesquet.
Grand influenceur sur les réseaux sociaux, ce dernier compte parmi les plus célèbres spationautes européens. Il parle six langues, dont le chinois. La veille de l'an 2021, il a fait valoir sa connaissance de la culture chinoise. "Mais bien sûr, le Nouvel An chinois commence le 12 février (en 2021 selon le calendrier traditionnel chinois, NDLR) et est célébré avec le 'dragon' (en emoji, NDLR), devenu ma créature mythique préférée", a-t-il tweeté en anglais.
Thomas Pesquet a été envoyé vers l'ISS pour la première fois en novembre 2016 pour la mission Proxima. Le décollage a eu lieu le 17 de ce mois vers 20h UTC. Le lendemain vers 6h UTC, la mission spatiale habitée chinoise Shenzhou-11 a atterri. L'astronaute français et les deux taïkonautes chinois, Jing Haipeng et Chen Dong, se sont ainsi "croisés". Avant de quitter leur laboratoire spatial, Jing Haipeng et Chen Dong ont enregistré une petite vidéo pour l'ESA et spécialement pour Thomas Pesquet afin de saluer son départ pour l'ISS.
A la mi-juin 2021, trois taïkonautes chinois en mission Shenzhou-12 ont été envoyés dans le module central Tianhe de la station spatiale chinoise. Lors de son deuxième séjour sur l'ISS pour la mission Alpha, Thomas Pesquet a publié un message de félicitations sur les réseaux sociaux. "Le nombre de personnes en orbite terrestre a crû de 43% (...) Chaque nouveau vol habité est un exploit, félicitations à nos confrères chinois", a-t-il indiqué sur le site Flickr pour partager des photos de la Chine prises depuis l'espace.
UNE GRANDE FAMILLE
Le nom chinois dont Matthias Maurer s'est doté est Ma Tian, "ce qui signifie 'cheval céleste' selon mon professeur de chinois, car ce cheval veut voler très haut", avait expliqué en 2018 à Xinhua ce spationaute allemand, qui apprend le chinois depuis des années dans l'espoir de travailler avec ses homologues chinois et internationaux dans la station spatiale chinoise.
Matthias Maurer et sa collègue de l'ESA, Samantha Cristoforetti, ont participé en 2017 à un exercice de survie en mer organisé par le Centre des astronautes de Chine. C'était la première fois que des astronautes étrangers étaient invités à s'entraîner en Chine.
"Nous nous sommes entraînés ensemble, nous avons logé dans le même bâtiment que les taïkonautes chinois, nous avons partagé la même nourriture et c'était une expérience assez intense", a confié Matthias Maurer à la presse. C'était "comme en famille et complètement différent de ce qui se passe à Houston (aux Etats-Unis) où je loue un appartement et ne vois mes collègues que pendant une session d'entraînement de deux ou trois heures".
En Chine, "nous nous sommes sentis si chaleureusement acceptés dans leur famille", a-t-il dit, se félicitant de la solidarité internationale. "Une fois que nous regardons au-delà de l'orbite terrestre vers la Lune ou Mars, nous avons besoin de tous les partenaires que nous pouvons trouver sur cette planète parce que ça devient plus difficile (...) Plus nous aurons de membres dans la famille, mieux nous nous porterons". Fin