L'approfondissement des relations avec la Chine est "le seul choix raisonnable" pour l'Europe, selon un observateur politique français (INTERVIEW)
L'observateur politique français Bruno Guigue à son domicile dans l'île de La Réunion, en France, le 23 septembre 2022. (Xinhua)
"Pour l'Europe, le seul choix raisonnable est d'approfondir ses relations politiques, économiques et culturelles avec la Chine. Non seulement parce que la Chine est la première puissance mondiale de demain, bien sûr, mais aussi et surtout parce qu'elle est une puissance pacifique avec laquelle nous n'avons que des avantages à coopérer", a affimé Bruno Guigue.
PARIS, 12 février (Xinhua) -- "Le réalisme devrait enseigner aux Européens qu'en se mettant à la remorque des Etats-Unis, ils ne défendent pas leurs propres intérêts", a déclaré l'observateur politique français Bruno Guigue, souligant que l'approfondissement des relations avec la Chine était "le seul choix raisonnable" de l'Europe, parce que la Chine "va prendre une place croissante à tous les niveaux dans le monde qui vient".
Si certains politiciens américains s'obstinent à prôner le "décrochage" avec la Chine, c'est parce que la politique de Washington est dictée par des considérations géopolitiques qui traduisent l'angoisse des dirigeants américains devant la réussite de la Chine, a indiqué M. Guigue, lors d'une récente interview écrite accordée à Xinhua.
D'après M. Guigue, un vent de folie a soufflé sur les sphères politiques et médiatiques en Occident et cette contamination de l'Europe par l'unilatéralisme de Washington a créé "malheureusement" une situation inédite. "Mais ce privilège n'est pas éternel, et la crise ukrainienne a accentué la méfiance de nombreux pays à l'encontre de Washington après la saisie illégale des avoirs russes", a-t-il fait remarquer.
Un membre du personnel accroche un drapeau national des Etats-Unis avant l'arrivée du président américain Joe Biden pour assister au Conseil européen à Bruxelles, en Belgique, le 24 mars 2022. (Xinhua/Zhang Cheng)
"La Chine n'est pas un danger pour les Européens, elle n'est pas une menace qui planerait sur leur tête, elle n'est pas 'un rival systémique'", a noté M. Guigue, expliquant que si la Chine participe avec succès à la compétition économique mondiale, "elle ne cherche nullement à évincer qui que ce soit, et encore moins à imposer son propre système aux autres nations".
Etant haut fonctionnaire du ministère français de l'Intérieur de 1990 à 2008, M. Guigue a eu un intérêt particulier sur la Chine depuis longtemps. Ces dernières années, il a rédigé plusieurs articles réfutant des allégations mensongères diffusées par les médias occidentaux contre la Chine. En 2021, il a notamment coopéré avec Maxime Vivas et d'autres personnalités pour publier le livre "La Chine sans œillères", en vue de présenter au public occidental une Chine réelle avec des témoignages et des preuves.
En 2022, les échanges commerciaux sino-européens ont atteint le niveau inégalé de 847 milliards de dollars. "Que les Européens entendent rééquilibrer ces échanges est compréhensible, mais ce n'est pas en fermant l'Europe aux exportations chinoises qu'ils y parviendront", a affirmé M. Guigue.
Il a évoqué comme exemple que la France ont des relations approfondies avec la Chine sur le plan économique. Les deux pays ont su nouer des partenariats fructueux dans des secteurs à fort contenu technologique comme le nucléaire, l'aéronautique ou la santé. "Que gagnerait la France à 'décrocher' de la Chine ?", s'est interrogé M. Guigue.
Photo prise le 4 novembre 2022 montrant une vue nocturne du quartier de Lujiazui à Shanghai, dans l'est de la Chine. (Xinhua/Wang Xiang)
Dans le contexte de la crise énergétique et de la flambée inflationniste, l'Europe a besoin d'une coopération encore plus étroite avec la Chine, a estimé M. Guigue, prévoyant que dans le monde qui vient, la Chine prendrait une place croissante à tous les niveaux. "Que ce soit sur le plan des échanges commerciaux, des avancées technologiques ou des grands projets d'infrastructures, Il faudra compter avec elle. Pourquoi l'Europe devrait-elle se tenir à l'écart des transformations d'ampleur planétaire induites par les entreprises chinoises, par leur dynamisme international et par leur étonnante capacité d'innovation ?"
"Quand un pays enregistre des succès économiques, il faut d'abord tenter de comprendre pourquoi il réussit, et puis s'efforcer de coopérer avec lui pour en tirer avantage. Ceux qui prônent la prise de distance avec la Chine font tout le contraire : ils refusent de comprendre ce pays et adoptent, par principe, une posture négative. En fait, ils enfouissent leur tête dans le sable !" a martelé M. Guigue.
"Au lieu de suivre la politique américaine, les Européens devraient donc s'en affranchir ... Pour l'Europe, le seul choix raisonnable est d'approfondir ses relations politiques, économiques et culturelles avec la Chine. Non seulement parce que la Chine est la première puissance mondiale de demain, bien sûr, mais aussi et surtout parce qu'elle est une puissance pacifique avec laquelle nous n'avons que des avantages à coopérer", a conclu cet observateur politique. Fin