Pingyao et Provins, 20 ans d'amitié et d'échanges
TAIYUAN, 27 février (Xinhua) -- "Je veux juste vous dire à quel point vous, votre famille et Pingyao me manquez. J'aimerais me balader à Pingyao, y faire du vélo, simplement y être..."
Cette année, juste avant la fête du Printemps, le peintre français Bernard Frigara met toute sa nostalgie dans un e-mail qu'il envoie à son amie chinoise Wang Xiaojun, qui gère une auberge traditionnelle dans la vieille ville de Pingyao, classée au patrimoine mondial en 1997.
Fascinée par le charme de Pingyao, Bernard Frigara s'y est rendu à cinq reprises, et chaque fois, il a séjourné dans l'auberge de Mme Wang. Au fil du temps, ils ont noué une amitié profonde.
Bernard Frigara et la famille de Wang Xiaojun à Pingyao, dans la province chinoise du Shanxi. (Photo fournie par Wang Xiaojun)
"Nous nous entendons très bien et Bernard Frigara est comme un membre de ma famille. Il considère Pingyao comme sa ville natale en Chine", explique Mme Wang.
Cette touchante amitié transculturelle est un reflet des relations amicales entre Pingyao et la France. Pour retracer cette amitié, il ne faut pas ignorer le Festival international de la photographie de Pingyao.
La première édition du festival a été organisée en 2001 grâce à des Français dont Alain Julien. Cela a été un succès. Cet événement dédié à la photographie a propulsé Pingyao, ville enclavée à l'intérieur de la Chine, sur la scène internationale. La même année, en France, la cité médiévale de Provins a été inscrite sur la liste du patrimoine culturel par l'UNESCO, en tant qu'unique témoin d'une cité marchande des Foires de Champagne des 12e et 13e siècles.
Photo aérienne de la vieille ville de Pingyao, dans la province chinoise du Shanxi (nord). (Photo : Xinhua)
"Pingyao et Provins ont été toutes les deux des villes commerçantes importantes, et elles préservent un patrimoine architectural précieux", raconte Zhao Yongping, ancien responsable de la Fédération des cercles littéraires et artistiques de Pingyao, pour expliquer la raison du rapprochement des deux villes.
En 2002, les deux villes ont signé un mémorandum qui visait à établir des liens de coopération pour la préservation de leur patrimoine culturel respectif, ainsi que pour encourager les échanges culturels entre les deux villes. De nombreuses activités culturelles ont été organisées, renforçant progressivement les liens entre les deux cités et les deux cultures.
En 2005, aboutissement important des Années croisées Chine-France, Pingyao et Provins signent une convention de jumelage. C'est la première fois dans le monde que deux villes classées au patrimoine mondial de l'Unesco se jumellent. Faisant partie d'un événement majeur de l'Année de la France en Chine, la cérémonie de jumelage s'est déroulée en septembre 2005 sur l'enceinte de la Grande Muraille de Badaling à Beijing, lors des activités ayant pour thème "Des Champs-Elysées à la Grande Muraille".
Depuis, les échanges ont été multipliés, des visites ont eu lieu de part et d'autre et des expositions photographiques ont été organisées.
Quand Zhao Yongping s'est rendu à Provins en 2014 pour participer aux Médiévales, il a assisté à l'organisation d'une exposition présentant des peintures chinoises, des broderies et d'autres éléments de la culture traditionnelle chinoise. "L'exposition a eu un grand succès, et a permis aux Français de mieux connaître la Chine", a rappelé M. Zhao.
Des gens dansent dans la rue lors des Médiévales de Provins, en France, le 25 juin 2017. (Photo : Chen Yichen)
Chacune des deux villes a profité de sa position privilégiée dans le domaine touristique pour faire la promotion de l'autre. En 2015 et en 2016, Pingyao et Provins ont chacune inauguré, au coeur de leur zone touristique respective, un espace visant à promouvoir le tourisme et le patrimoine de l'autre.
Grâce à la coopération et aux échanges bilatéraux, le tourisme de Pingyao s'est encore davantage internationalisé, avec une augmentation constante du nombre de touristes étrangers, notamment des Français.
Selon les statistiques, avant la pandémie, Pingyao accueillait plus de 30.000 touristes français chaque année, représentant environ 30% des visiteurs étrangers.
"Les touristes français pensent pouvoir retrouver l'ancienne Chine de leurs rêves à Pingyao", explique Hou Shijun, membre du Comité permanent de l'Assemblée populaire de Pingyao, qui a travaillé pendant longtemps au bureau du tourisme du district.
Photo aérienne de la vieille ville de Pingyao durant la fête du Printemps, dans la ville de Jinzhong de la province chinoise du Shanxi (nord), le 7 février 2022. (Photo : Cao Yang)
Selon lui, en plus des échanges culturels et touristiques, Pingyao a également bénéficié de l'expertise de la France en matière de protection du patrimoine. "La France est très attachée à la préservation authentique du patrimoine, et développe son industrie culturelle avec patience. C'est quelque chose dont nous pouvons nous inspirer", estime-t-il M. Hou.
Le 19 juillet 2019, les représentants des municipalités de Pingyao et de Provins ont signé un protocole de coopération, marquant une nouvelle étape dans la coopération amicale entre les deux villes.
La pandémie de la COVID-19 a perturbé le monde pendant trois ans, mais les échanges n'ont jamais cessé entre les deux villes. Avec l'optimisation de la réponse à la COVID-19 par la Chine, le tourisme a repris en Chine.
Comme Wang Xiaojun, de nombreux professionnels du tourisme à Pingyao attendent le retour des visiteurs étrangers. Dans le courrier que lui a adressé Bernard Frigara avant le Nouvel An chinois de cette année, ce dernier l'a prévenue qu'il reviendrait à Pingyao entre mars et mai 2024.