Le restaurant Maxim's, un témoin d'échanges gastronomiques et cuturels entre la France et la Chine (REPORTAGE)
PARIS, 2 avril (Xinhua) -- Pousser la porte de chez Maxim's, c'est plonger dans l'ambiance Belle Epoque qui a fait la renommée de Paris en tant que capitale mondiale des arts et de la gastronomie. Vestige de l'élégance et du raffinement à la française, le restaurant, aujourd'hui franchisé et dont la marque se décline sous la forme d'innombrable produits de luxe, est toujours emblématique de la capitale française.
Cette année, Maxim's célèbre le 7 avril son 130e anniversaire ainsi que le 40e anniversaire de son implantation en Chine, alors qu'il a eu une influence significative sur les relations en matière de gastronomie entre la France et la Chine depuis quatre décennies.
Tout le monde connaît Maxim's. Mais quelle est la recette de son succès et de sa longévité ? Pour Pierre Pelegry, directeur de Maxim's, la réponse est simple : "Maxim's est un lieu qui fait rêver par son côté joyeux, festif et authentique, c'est l'un des rares lieux à Paris où on a encore envie de s'habiller pour aller faire la fête", estime celui qui a commencé dès 1996 à organiser, aux côtés de Pierre Cardin, des soirées que l'on dit mémorables.
D'abord simple bistrot, l'établissement est fondé en 1893 par Maxime Gaillard, garçon de café d'un bar voisin. Pour lui donner une touche plus chic, il anglicise son nom : c'est ainsi que nait Maxim's.
En 1900, Eugène Cornuché fait l'acquisition de l'établissement de la rue Royale. Il fait appel à l'architecte-décorateur Louis Marnez et d'autres artistes en vogue qui vont le parer des atours de l'Art nouveau qui feront sa légende : lignes courbes, féminité, fleurs, inspiration asiatique ...
Outre la qualité des mets, préparés par les plus grands chefs, et l'aménagement somptueux, Maxim's se distingue aussi par sa clientèle prestigieuse et cosmopolite, triée sur le volet. L'établissement est alors l'un des restaurants les plus célèbres du monde, et probablement aussi l'un des plus chers.
La fin des années 70 marque un tournant. Maxim's a été l'un des premiers trois étoiles de France après avoir conquis sa troisième étoile Michelin en 1953. Il conservera cette distinction pendant 24 ans.
Le restaurant est racheté en 1981 par le célèbre couturier Pierre Cardin. Celui-ci développe alors la marque Maxim's pour faire vivre le nom au-delà des frontières de l'Hexagone. Avec Pierre Cardin, Maxim's étend son empire au-delà de la France, et ouvre des franchises à travers le monde.
Dès 1983, Maxim's fait entrer la gastronomie française dans la capitale chinoise. Un pari audacieux alors que la restauration occidentale était quasiment inexistante en Chine.
"Pierre Cardin a toujours cru en la Chine", confie Pierre Pelegry, "C'était très avant-garde pour l'époque."
Le restaurant de Beijing est une reproduction fidèle de la maison parisienne. On y retrouve le style Art nouveau et la carte composée de plats français traditionnels ainsi que des spécialités chinoises revisitées avec une touche française.
Le succès auprès de la clientèle internationale est au rendez-vous et les célébrités de passage ont leur photo affichée. On qualifie même l'établissement de "deuxième ambassade française" car les Français de Beijing y organisent de nombreux événements, tandis qu'à partir des années 1980, les étrangers sont de plus en plus nombreux à se rendre en Chine, dans le sillage du lancement de la politique chinoise de réforme et d'ouverture en 1978.
En 40 ans d'existence, le restaurant Maxim's a eu une influence significative sur les relations en matière de gastronomie entre la France et la Chine. Pionniers de la cuisine française haut de gamme en Chine, les chefs du restaurant ont formé des cuisiniers locaux, aidant ainsi à établir une culture gastronomique internationale de haute qualité en Chine et inspirant une nouvelle génération de chefs chinois à se former à la cuisine française.
Aujourd'hui, la Chine ne compte plus le nombre de ses restaurants de haute gastronomie française. Mais le nom de Maxim's continue de raisonner comme un souvenir lointain et familier, un petit morceau de France et d'histoire, pour bon nombre de Chinois.
Quant au restaurant historique parisien, qui avait perdu de sa superbe depuis quelques années, se contentant de privatiser ses espaces pour des soirées prestigieuses, il devrait connaître une nouvelle jeunesse. L'exploitation vient d'en être confiée, pour au moins quatre ans, à la star de la restauration haut de gamme, Paris Society, filiale du groupe Accor, d'après des informations publiées le 29 mars. La Belle Epoque a encore de beaux jours devant elle. Fin