Les réussites de la Chine incitent l'Afrique à chercher sa propre voie de développement, selon des experts africains
Le président chinois Xi Jinping pose pour une photo avec des participants du Dialogue des dirigeants chinois et africains à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 24 août 2023. (Xinhua/Huang Jingwen)
Inspirés par les réussites de la Chine en matière de développement, de nombreux pays africains s'efforcent d'explorer des voies de développement adaptées à leurs propres réalités.
JOHANNESBURG, 28 septembre (Xinhua) -- Inspirés par les réussites de la Chine en matière de développement, de nombreux pays africains s'efforcent d'explorer des voies de développement adaptées à leurs propres réalités.
"Les Africains ont le plus grand mot à dire sur la voie qui leur convient le mieux. Faire avancer la modernisation par l'intégration est le choix indépendant fait par les pays et les peuples africains", a déclaré le président chinois Xi Jinping lors du Dialogue des dirigeants chinois et africains organisé en août dernier à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Malgré leur abondance en ressources naturelles, leur vaste population et un marché en pleine expansion, les nations africaines ont continué d'être pendant de nombreuses années le continent le plus pauvre du monde.
Tichaona Zindoga, directeur du Centre d'information et de documentation Ruzivo au Zimbabwe, estime que les orientations occidentales post-indépendance n'ont pas servi au mieux l'Afrique.
Selon lui, l'économie coloniale était conçue et structurée pour s'inscrire dans le moule occidental, privilégiant exclusivement une classe capitaliste restreinte de l'époque. "Les gains réalisés en Afrique, l'argent issu de la productivité et des économies de l'Afrique, cet argent était déposé dans les pays occidentaux. Nous voyons donc cette tendance se poursuivre 60 ans après l'indépendance de l'Afrique", souligne-t-il.
Pour Melaku Mulualem, chercheur principal en relations internationales et en diplomatie à l'Institut éthiopien des affaires stratégiques, les pays africains ont commencé à explorer avec détermination des voies de développement alignées sur leurs propres réalités.
La trajectoire chinoise vers un développement pacifique suscite un intérêt particulier pour le continent africain, lequel partage une histoire similaire avec la Chine, mais connaissant toujours des troubles dans certaines de ses régions, comme le note Paul Frimpong du Centre Afrique-Chine pour la politique et le conseil au Ghana.
"Voilà le genre d'inspiration que je tire de la modernisation chinoise et de la façon dont les Chinois la favorisent, en soutenant ainsi des initiatives mondiales qui peuvent contribuer à la paix et à la stabilité mondiales", assure-t-il.
Les nations africaines peuvent tirer des leçons de la trajectoire de croissance chinoise en accordant une attention particulière aux secteurs intensifs en main-d'oeuvre qui favorisent le développement des populations les plus vulnérables, tels que l'agriculture et la manufacture. Elles devront également investir dans l'industrialisation, renforcer leurs infrastructures et réseaux commerciaux, tout en consacrant des ressources à l'éducation et au développement du capital humain, emboîtant ainsi le pas à la Chine, comme le souligne M. Mulualem.
Selon les données officielles, la Chine est le plus grand partenaire commercial de l'Afrique depuis quatorze années consécutives. La coopération sino-africaine s'étend au-delà des échanges traditionnels et de l'ingénierie, englobant des domaines émergents tels que le numérique, le secteur vert, l'aérospatiale et la finance.
Au fil des ans, les entreprises chinoises ont joué un rôle actif dans le déploiement d'infrastructures numériques en Afrique, catalysant ainsi l'essor rapide des secteurs du commerce électronique, du paiement mobile, des médias et du divertissement sur le continent. Cela a grandement contribué à stimuler le développement économique et social de l'Afrique, ainsi qu'à y améliorer les conditions de vie.
Au cours de ce dialogue à Johannesburg, M. Xi a annoncé que la Chine lancerait une initiative de soutien à l'industrialisation de l'Afrique, un programme d'assistance à la modernisation de l'agriculture de ce continent et un plan de coopération sino-africaine pour le développement des talents. Ces initiatives ont été accueillies avec enthousiasme par les dirigeants africains.
En termes de coopération dans le développement des talents, il a fait remarquer que la Chine allait former chaque année 500 directeurs et enseignants de haute qualité de collèges professionnels, ainsi que 10.000 professionnels techniques maîtrisant la langue chinoise et des compétences professionnelles pour l'Afrique. Elle invitera également 20.000 officiels gouvernementaux et professionnels techniques de pays africains à participer à des séminaires ou forums.
Selon M. Zindoga, dans le cadre de ces initiatives pratiques avancées par la Chine, les nations africaines peuvent poursuivre leur développement en s'appuyant sur leur expérience unique. "Ce qui est essentiel, c'est que différents pays (...) puissent s'efforcer de choisir ce qui leur convient le mieux", explique-t-il.
"Ce que nous avons vu de la Chine, c'est que lorsqu'elle propose ces concepts, ces cadres, ces propositions, elle le fait dans une perspective persuasive, elle ne force pas ces idées, elle ne les impose pas par la force militaire, elle ne contraint pas les pays à adopter ces diverses initiatives", martèle M. Zindoga.
Grâce à l'Initiative la Ceinture et de la Route (ICR), l'Afrique a vu émerger des infrastructures cruciales telles que des routes, des chemins de fer, des ponts, des hôpitaux, des écoles et des aéroports. L'ICR a considérablement stimulé le commerce intercontinental, créé des opportunités d'emploi, renforcé les services de transport, l'éducation ou encore les soins de santé dans les pays africains, selon de nombreux experts du continent.
Par exemple, cette initiative s'accorde harmonieusement avec le programme 1D1F (un district, une usine) lancé par le Ghana, qui a bénéficié grandement des infrastructures chinoises, des ports aux routes, obtenant l'approbation chaleureuse de sa population locale.
"La Chine a pleinement démontré son engagement envers les pays africains en transférant la science et la technologie sur le continent. Elle a véritablement aidé l'Afrique, un continent dont la jeunesse est la plus florissante, à accélérer sa marche vers l'industrialisation", conclut Benjamin Akuffo, rédacteur en chef par intérim du journal ghanéen The Insight.