La coopération sino-africaine dans le cadre de l'ICR accélère la modernisation agricole de l'Afrique (REPORTAGE)
Des apprenties kenyanes observent un semis à Matangi Tisa, un village du comté de Nakuru, au Kenya, le 18 septembre 2023. (Xinhua/Han Xu)
Le visage rayonnant, Hannah Wanjiku accompagne des visiteurs sur sa ferme située dans une vallée boisée du Kenya, celle-ci suscitant la curiosité de petits exploitants agricoles locaux désireux d'apprendre à cultiver des variétés de tomates à haut rendement.
BEIJING, 28 septembre (Xinhua) -- Le visage rayonnant, Hannah Wanjiku accompagne des visiteurs sur sa ferme située dans une vallée boisée du Kenya, celle-ci suscitant la curiosité de petits exploitants agricoles locaux désireux d'apprendre à cultiver des variétés de tomates à haut rendement.
Bien que le continent africain compte 65% des terres arables inutilisées de la planète, l'insécurité alimentaire a toujours été un problème pour des millions d'Africains. Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la prévalence de la sous-alimentation en Afrique s'établissait en 2022 à 19,7%, contre 10% à l'échelle du monde.
Lors du Dialogue des dirigeants chinois et africains tenu en août dernier à Johannesburg en Afrique du Sud, la Chine a promis de lancer un Programme d'assistance à la modernisation de l'agriculture de l'Afrique, en vue de contribuer à la transformation et à la montée en gamme de l'agriculture en Afrique.
DE LA PRODUCTION A LA NUTRITION
Bénéficiaire d'un programme de coopération conjointement établi par l'Université Egerton au Kenya et l'Université agricole de Nanjing, Mme Wanjiku est très reconnaissante aujourd'hui pour cette expérience agricole venue de Chine.
"Nous sommes impatients d'accéder aux nouvelles technologies agricoles de la Chine pour aider à augmenter le rendement des cultures et à relever les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs locaux, tels que les pluies irrégulières, le coût élevé du fumier et des semences", a-t-elle confié à Xinhua.
Développé par les deux universités, le Laboratoire conjoint sino-kenyan de la Ceinture et de la Route pour la biologie moléculaire des cultures, domicilié à l'Université Egerton, fait partie du premier lot de tels laboratoires reconnus en 2019 par le ministère chinois de la Science et de la Technologie.
Richard Mulwa travaille au Laboratoire conjoint sino-kenyan pour la biologie moléculaire des cultures à l'Institut Confucius de l'Université Egerton à Nakuru, au Kenya, le 25 juin 2021. (Xinhua/Zhang Yu)
D'après Richard Mulwa, vice-chancelier adjoint de l'Université Egerton, la création de ce laboratoire permettra à son pays d'"accéder à des sciences et technologies agricoles de pointe et de cibler le développement de cultures adaptées au changement climatique et résistantes aux maladies et ravageurs locaux".
Au-delà de la production, la Chine se concentre de plus en plus sur l'amélioration de la nutrition dans sa coopération agricole avec l'Afrique. Par exemple, en Tanzanie, le lait de soja de saveur chinoise gagne en popularité grâce à son goût riche et à ses valeurs nutritionnelles.
Des agriculteurs tanzaniens montrent des graines de soja produites avec une technologie développée par l'Université agricole de Chine en collaboration avec les autorités régionales de Morogoro à Morogoro, en Tanzanie, le 5 août 2023. (Xinhua/Nurdin Pallangyo)
Dans le village de Mtegowasimba, situé dans le district tanzanien de Morogoro (sud), des agriculteurs sélectionnés suivent depuis 2019 des formations dispensées par l'Université agricole de Chine sur la culture intercalaire du soja avec le maïs et la production de lait de soja à partir des légumineuses.
"Le lait de soja est savoureux et nutritif et il m'a permis de gagner assez d'argent pour que j'ouvre un petit restaurant", salue Omary Jao Mpimbiluka, un cultivateur de soja à Mtegowasimba, remerciant la Chine de l'avoir initié à cette nouvelle technique qui a amélioré les conditions de vie de sa famille.
Un membre du personnel présente des produits d'anchois sauvages aux visiteurs lors de la troisième édition de l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique à Changsha, dans la province chinoise du Hunan (centre), le 29 juin 2023. (Xinhua/Sun Ruibo)
Dans l'autre sens, les produits agricoles africains de haute qualité sont bien accueillis sur le marché chinois. Selon l'édition 2023 du rapport sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l'Afrique, publié par l'Institut de recherche sur le commerce international et la coopération économique du ministère chinois du Commerce, les exportations agricoles africaines vers la Chine ces dernières années ont augmenté à un taux moyen de 11,4% par an et la Chine est devenue la deuxième destination des exportations agricoles africaines.
DE L'APPRENTISSAGE AU LEADERSHIP PROFESSIONNEL
Dans le district de Gihanga, situé dans la province burundaise de Bubanza (nord-ouest), des agronomes chinois et des riziculteurs locaux travaillent ensemble toute l'année sur des rizières.
En 2018, un groupe d'experts chinois a mis en place le premier village de démonstration de réduction de la pauvreté relatif au riz dans la région. Un grand nombre d'apprentis locaux y sont devenus des experts en technique de plantation de riz, dont Evrard Ndayikeje.
"J'ai construit une nouvelle maison un an plus tard", confie-t-il. La culture du riz hybride "a complètement changé ma vie". Grâce à ses excellentes compétences agricoles, il a également eu l'occasion de faire un voyage d'études en Chine.
Des agriculteurs battent du riz hybride à Kihanga, dans la province de Bubanza, au Burundi, le 20 juin 2023. (Xinhua/Han Xu)
Aujourd'hui directeur général de l'Agence nationale de promotion et de régulation des sociétés coopératives du Burundi, M. Ndayikeje travaille sans relâche à la promotion du riz hybride.
"Travailler avec l'équipe des experts chinois est devenu pour moi un atout (pour contribuer) au développement du pays, en commençant par mon village natal, dans la province et dans tout le pays", note-t-il.
D'après des données du ministre chinois de l'Agriculture et des Affaires rurales, entre 2012 et 2022, le Centre de service de coopération internationale du ministère a envoyé 367 agronomes répartis en 38 groupes dans 11 pays d'Afrique et organisé plus de 400 cours de formation agricole pour 52 pays d'Afrique, avec un total cumulé de près de 10.000 apprentis.
"L'évaluation que je porte sur la collaboration dans le secteur agricole entre le Burundi et la Chine est très positive, car cette collaboration a permis aux deux parties de promouvoir les échanges de leurs expériences", résume Prosper Dodiko, secrétaire permanent du ministère burundais de l'Environnement, de l'Agriculture et de l'Elevage, ajoutant que son pays était prêt à continuer à renforcer la coopération avec la Chine afin de parvenir à un développement durable.