Le président chilien déclare que son pays souhaite être la porte d'entrée de la Chine vers l'Amérique latine (INTERVIEW)
Le président chilien Gabriel Boric prend la parole lors du Forum de haut niveau sur l'économie numérique dans le cadre du 3e Forum de la Ceinture et la Route pour la coopération internationale à Beijing, en Chine, le 18 octobre 2023. (Xinhua/Shen Hong)
BEIJING, 19 octobre (Xinhua) -- "Le Chili et la Chine sont voisins malgré la mer qui les sépare. La coopération dans le cadre de l'Initiative la Ceinture et la Route nous a rapprochés l'un de l'autre", a déclaré à Beijing le président chilien Gabriel Boric dans une interview exclusive accordée mardi à Xinhua.
Le Chili espère devenir la porte d'entrée de la Chine vers l'Amérique latine, a-t-il affirmé.
Le président chilien est venu en Chine pour participer au 3e Forum de la Ceinture et la Route pour la coopération internationale (FCR) et effectuer une visite d'Etat.
Le Chili est le seul pays d'Amérique latine et des Caraïbes dont le chef de l'Etat a participé à trois éditions consécutives du forum et, à cet égard, M. Boric a déclaré que le Chili attachait une grande valeur à l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR), car l'idée, née de l'ancienne Route de la Soie, a été mise en pratique et a été enrichie de nouvelles caractéristiques mondiales, favorisant les échanges pacifiques et la compréhension mutuelle entre les différents pays.
"Après la signature du protocole d'accord sur la construction conjointe de l'Initiative la Ceinture et la Route en 2018, la coopération entre le Chili et la Chine s'est considérablement renforcée", a indiqué M. Boric. "Nous pensons que nous avons encore beaucoup de marge de développement et que les relations entre nos deux pays ne feront que se renforcer", a-t-il ajouté.
Le président chilien Gabriel Boric dépose une gerbe de fleurs au pied du Monument aux héros du peuple sur la place Tian'anmen à Beijing, en Chine, le 17 octobre 2023. (Xinhua/Yue Yuewei)
Evoquant l'Initiative mondiale pour le développement, l'Initiative mondiale pour la sécurité et l'Initiative mondiale pour la civilisation de ces dernières années, il a déclaré que l'esprit de coopération et de partage incarné dans ces initiatives apporterait des changements positifs dans le monde et pousserait le système de gouvernance politique et économique mondial vers une direction multipolaire.
"Nous apprécions grandement le nouveau modèle de gouvernance mondiale, basé sur la coexistence harmonieuse des peuples de tous les pays, sans prétentions hégémoniques ni expansionnistes", a poursuivi M. Boric.
Selon lui, de nombreux récits occidentaux sur la Chine sont truffés de préjugés. "Le modèle chinois tel qu'il est compris en Occident est plein de préjugés. Lorsque vous vous approchez directement de la Chine et que vous la comprenez, vous constaterez que tous ces préjugés se sont effondrés ou clarifiés", a-t-il affirmé.
Dans le même temps, le chef de l'Etat chilien a salué les réalisations de la Chine en matière de développement au cours de la dernière décennie.
"Nous sommes très intéressés à l'idée d'en apprendre davantage sur l'expérience de la Chine, et en particulier sur ses pratiques réussies dans des domaines tels que la réduction de la pauvreté, la lutte contre la corruption et le contrôle de la pollution", a-t-il dit.
Au cours de l'entretien, M. Boric a réitéré son soutien au souhait de la Chine d'adhérer à l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) ainsi qu'à l'Accord de partenariat sur l'économie numérique (DEPA), affirmant que l'ouverture des portes de ces mécanismes de coopération multilatérale à une puissance économique, scientifique, technologique et innovante comme la Chine est une "évidence".
Le président chilien Gabriel Boric arrive à Beijing, capitale de la Chine, le 15 octobre 2023. (Xinhua/Peng Ziyang)
Concernant la coopération avec la Chine, le président chilien a déclaré que son pays était tout à fait favorable aux investissements chinois dans la construction d'infrastructures traditionnelles et numériques.
Selon M. Boric, "dans un monde déjà multipolaire, où personne ne peut prétendre avoir des prétentions hégémoniques comme autrefois, le Chili est attaché aux principes de neutralité technologique et de neutralité de l'origine des investissements. Nous avons parfaitement le droit de décider d'établir et de développer des relations avec n'importe quel pays du monde".
Dans le développement de ses relations avec la Chine, le Chili a d'ailleurs toujours été à l'avant-garde des pays d'Amérique latine, établissant de nombreuses "premières" dans l'histoire des relations entre la Chine et l'Amérique latine.
Le Chili a ainsi été le premier pays d'Amérique du Sud à signer un accord bilatéral avec la Chine sur l'adhésion de celle-ci à l'Organisation mondiale du commerce, le premier à lui reconnaître le statut d'économie de marché à part entière, le premier à signer avec elle un accord de libre-échange bilatéral et à prendre la tête dans sa mise à niveau.
La Chine est actuellement le plus grand partenaire commercial du Chili, sa plus grande destination d'exportation et sa plus grande source d'importations au monde, loin devant tous les autres partenaires commerciaux du Chili. La Chine est également l'une des principales sources d'investissement du Chili. Fin