La relation Chine-UE cruciale dans un monde multipolaire, selon des experts français (SYNTHESE)
Départ d'un train de fret Chine-Europe chargé de fournitures médicales depuis un terminal logistique Chine-Kazakhstan à Lianyungang, dans la province chinoise du Jiangsu (est), le 14 avril 2020. (Xinhua/Wang Jianmin)
Face à une accélération jamais vue depuis un siècle des transformations mondiales, la Chine et l'Union européenne (UE), deux puissances majeures dans un monde de plus en plus multipolaire, doivent développer leur relation afin de contribuer à la paix et au développement de la communauté internationale, selon des experts français.
PARIS, 9 décembre (Xinhua) -- Face à une accélération jamais vue depuis un siècle des transformations mondiales, la Chine et l'Union européenne (UE), deux puissances majeures dans un monde de plus en plus multipolaire, doivent développer leur relation afin de contribuer à la paix et au développement de la communauté internationale, selon des experts français.
"Il est évident que la Chine est un promoteur majeur du monde multipolaire qui émerge", estime Jean Pégouret, président de Saphir Eurasia Promotion. L'Europe doit repenser son discours sur "l'universalisme" de ses valeurs, un "outil idéologique" que "le reste du monde refuse de plus en plus vigoureusement".
"Le véritable universalisme est celui qui admet et respecte la différence (...) Le monde chinois a montré qu'il a su intégrer et valoriser harmonieusement des cultures différentes tout au long de sa longue histoire. Ce devrait être un modèle pour l'Europe", indique-t-il, appelant à une coopération sino-européenne basée sur les principes tels que "le respect mutuel, la non-ingérence dans les affaires intérieures des partenaires, la recherche de partenariats gagnant-gagnant, et le règlement des différends par la négociation et pas par la pression du fort sur le faible".
La relation entre la Chine et l'UE "peut être source d'un nouvel équilibre, une nouvelle harmonie pour un destin en commun" dans le monde, favorisant "un équilibre géopolitique, offrant une alternative aux modèles unipolaires ou bipolaires dominants", observe l'écrivaine Léa Bessis.
"Pour développer des relations constructives, la Chine et l'UE doivent cultiver une compréhension mutuelle et renforcer la confiance. Cela implique de respecter les différences systémiques et idéologiques sans les laisser dégénérer en confrontation", souligne-t-elle. Par ailleurs, la sinologue dénonce la "vision erronée" de certains Européens de la culture chinoise et "le biais de représentation au sein des médias", d'où la nécessité de "développer les liens culturels, (de) favoriser les échanges".
"Les divergences ou les différents points de vue trouvent toujours leurs solutions dans le dialogue. Voici l'outil que l'Europe et la Chine doivent privilégier, se parler franchement dans le respect", affirme Lyazid Benhami, vice-président de l'Association des amitiés franco-chinoises de Paris et régisseur au Centre des monuments nationaux, mettant en avant que "l'Europe et la Chine représentent à elles seules deux grandes et anciennes civilisations. L'histoire longue retiendra le chemin parcouru par les deux nations au profit de la paix et de l'ouverture".
FAVORISER LE MULTILATERALISME
"La voix de la Chine et celle de l'Europe ne peuvent trouver leurs échos que dans le cadre multilatéral", indique M. Benhami, ajoutant qu'il est très attendu de la part de la Chine et de l'Europe des efforts "dans le renforcement et la consolidation des institutions internationales".
"Pour la Chine et l'UE, renforcer la communication et la coordination au sein de cadres multilatéraux est fondamental. Les Nations Unies, le G20, et d'autres forums internationaux offrent des plateformes où les deux parties peuvent promouvoir le multilatéralisme, s'opposer aux confrontations de blocs, et contribuer à la résolution de conflits régionaux", déclare Mme Bessis.
En même temps, toutes les institutions issues de la Seconde Guerre mondiale ne sont pas suffisamment adaptées aujourd'hui, "il serait donc temps de penser une représentation européenne et française au sein de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), des BRICS et des nouvelles routes de la soie notamment", poursuit-elle, affirmant qu'il s'agirait d'un "symbole fort des nouvelles coopérations".
"Les Nations Unies et le G20 sont des instances multilatérales déjà existantes et peuvent servir de premiers forums de communication multilatérale. Toutefois, leur esprit et leur fonctionnement méritent sans doute une 'mise à jour' au minimum, voire même une refondation tenant compte de l'élargissement des modes de pensées et des enjeux de demain", indique M. Pégouret. En outre, l'expert en géopolitique eurasiatique met l'accent sur la pertinence de l'OCS dans "le monde de demain".