La vie heureuse d'une jeune Tanzanienne en Chine grâce à "la Ceinture et la Route"
Dans un studio tout en verre au siège du groupe audiovisuel chinois StarTimes, situé dans le célèbre quartier hi-tech de Zhongguancun à Beijing, Happiness Lulikela, une jeune Tanzanienne, et trois collègues africains sont en train de doubler la série TV chinoise "Au service de ces dames". Face à l'écran, ils travaillent avec passion, alternant cris d'enthousiasme ou murmures attristés selon les scènes.
Il y a deux semaines, Happiness est venue en Chine pour la première fois. Aujourd'hui, elle se dit "très heureuse" de travailler à StarTimes, car "en doublant des films chinois, je peux mieux comprendre la culture chinoise, donc c'est un très bon boulot".
Avant de venir en Chine, Happiness était déjà actrice de cinéma. Elle a remporté l'un des meilleurs prix de la première édition d'une compétition de doublage de films chinois organisée en septembre dernier dans son pays, avant d'être choisie par StarTimes pour travailler un an en Chine.
"En regardant ces vidéos, je vois des Chinois qui tiennent à leur culture traditionnelle. Mon rôle est d'utiliser ma propre langue pour que les Africains puissent comprendre la culture chinoise", dit-elle.
Happiness n'est pas la seule à avoir été choisie, neuf autres Tanzaniens étant également venus avec elle. A l'heure actuelle, plus de 100 acteurs de doublage, des Africains pour la plupart, travaillent au siège de StarTimes sur le doublage d'émissions de télévision et de films en anglais, en français, en portugais, en swahili et en haoussa.
Dans le cadre de l'initiative "la Ceinture et la Route", le groupe StarTimes a redoublé d'efforts pour diffuser des productions audiovisuelles chinoises en Afrique. La présence à Beijing de ces dix "voix de l'Afrique" pourra améliorer efficacement la capacité de doublage des films chinois.
Abdulradih Maisala Lihinda, un jeune Tanzanien arrivé en Chine en même temps qu'Happiness, est lui aussi acteur de doublage. Il dit également apprécier sa vie à Beijing. Avant de venir en Chine, il a regardé la série télévisée chinoise "Bel âge pour belles filles", expliquant là sa grande curiosité envers la vie du peuple chinois et sa culture.
Ces dernières années, la Chine a multiplié les efforts pour promouvoir sa culture en Afrique par la diffusion de films et de séries télévisées. StarTimes est l'un des pionniers. Selon la vice-présidente du groupe, Guo Ziqi, la capacité annuelle de doublage atteindra 10.000 heures en 2018. A partir de ce moment-là, davantage de téléspectateurs africains seront en mesure de mieux comprendre la Chine à travers ces produits audiovisuels.
En régie, les techniciens surveillent 24 heures sur 24 devant des dizaines d'écrans, sur lesquels on voit en direct des émissions diffusées dans de nombreux pays africains.
StarTimes dispose quatre autres régies de ce genre à l'étranger. Selon Mme Guo, afin de mener à bien ses projets en Afrique, le groupe a ouvert plus de 500 chaînes de télévision, quatre plateaux de télévision et 30 studios de doublage.
Les services TV/cinéma de StarTimes font partie des efforts menés par la Chine dans le cadre de l'initiative "la Ceinture et la Route", car le gouvernement chinois est convaincu que les échanges culturels sont aussi importants que les échanges commerciaux.
En 2015, la Chine a promis de fournir des services de télévision à des villages africains, de sorte que les populations locales puissent mieux connaître le monde extérieur. Selon Pang Xinxing, président de StarTimes, c'est un "cadeau au niveau national" offert par la Chine à l'Afrique. Cette aide culturelle peut être encore plus significative pour les populations locales que les aides économiques, parce qu'elles ont besoin de bien connaître le monde et de s'y intégrer. Afin de les aider, son groupe emploie actuellement en Afrique 4.300 salariés, dont 96% sont originaires du continent.
Après une année de travail en Chine, Happiness et Maisala retourneront en Tanzanie. "Qu'est-ce que je vais faire après mon retour? Je vais peut-être continuer à travailler dans les entreprises chinoises telles que la filiale locale de StarTimes ou travailler en tant qu'enseignante à promouvoir la langue et la culture chinoises. J'aime ça et je trouve que c'est très important", assure Happiness.