La technologie chinoise Juncao améliore les moyens de subsistance des femmes en République centrafricaine
Un expert chinois cultive des champignons avec des habitants locaux à Bangui, en République centrafricaine, le 1er juin 2022. (Xinhua/Luo Yu)
En République centrafricaine (RCA), Fatime Abba Rekya est maintenant une patronne. Il y a environ six ans, elle était une femme ordinaire qui luttait pour survivre dans ce pays d'Afrique centrale déchiré par la guerre. Puis, elle a eu la chance de se rendre en Chine pour étudier le Juncao, une technologie inventée par les Chinois qui utilise l'herbe pour faire pousser des champignons.
BANGUI, 8 mars (Xinhua) -- En République centrafricaine (RCA), Fatime Abba Rekya est maintenant une patronne. Il y a environ six ans, elle était une femme ordinaire qui luttait pour survivre dans ce pays d'Afrique centrale déchiré par la guerre. Puis, elle a eu la chance de se rendre en Chine pour étudier le Juncao, une technologie inventée par les Chinois qui utilise l'herbe pour faire pousser des champignons.
Développée par le Centre national de recherche en ingénierie de l'Université agricole et forestière du Fujian (FAFU) en Chine, la technologie Juncao a permis aux petits exploitants agricoles de cultiver des champignons à partir d'herbes séchées et découpées, sans abattre d'arbres et sans nuire à l'environnement.
Elle a appris que l'herbe était banale et même négligeable pour la plupart des gens. En revanche, la technologie chinoise Juncao est si puissante qu'elle peut aider les agriculteurs et les communautés à sortir de la pauvreté.
Désireuse de mettre en œuvre ce qu'elle a appris en Chine, Mme Fatime a immédiatement lancé une petite unité de production de champignons à son retour en RCA, mais celle-ci n'a guère eu de succès.
De l'aide se profilait à l'horizon. Des experts chinois, dirigés par Chen Kehua, sont arrivés dans le pays et ont contribué à propulser le projet de Mme Fatime en intensifiant la formation et en fournissant les ressources nécessaires.
"Nous avions notre petit tonneau qui pouvait produire jusqu'à 100 sacs de mycélium, puis ils nous ont donné un four. Avec le four, nous avons augmenté notre capacité de production, jusqu'à 3.000 sacs en une seule séance de travail", explique Mme Fatime, qui a créé une champignonnière communautaire où travaillent une quinzaine de personnes.
"Nous avons constaté qu'avec la champignonnière communautaire, nous pouvions récolter jusqu'à 300 kg de champignons frais après deux mois de production", déclare Mme Fatime, ajoutant que cette quantité de champignons peut se vendre entre 1.500.000 xaf (environ 2.500 dollars) et 2.000.000 xaf (environ 3.300 dollars) sur le marché national.
Mme Fatime se remémore un jour sombre où elle est tombée malade. La maladie fut grave et s'est prolongée, mais elle a pu se soigner grâce aux recettes de la production de champignons.
"Ce jour-là, on a pu vendre des champignons de 35.000 xaf (60 dollars) et j'ai acheté mes médicaments (avec cet argent). J'ai pu me soigner. C'est pourquoi on va pas arrêter de produire des champignons, même si aujourd'hui le projet finit, même si les experts chinois rentrent", déclare-t-elle.
Irène Dombeti fait partie de ceux qui ont voyagé en Chine avec Mme Fatime pour étudier la technologie Juncao.
Avant, elle n'avait aucune connaissance de la culture des champignons, mais aujourd'hui, elle est devenue une experte et travaille comme technicienne de laboratoire à l'Institut centrafricain de recherche agricole.
"Je suis capable de produire ce que l'on appelle des semences de champignons", dit-elle fièrement.
Mère célibataire de trois enfants, Mme Dombeti affirme que sa famille est à l'aise grâce à l'argent qu'elle tire de la production de champignons.
"Je paie l'éducation de mes enfants et je loue une maison avec mes parents, car je vis avec ma mère et mes frères. C'est le Juncao qui a changé ma vie par rapport à ce que je vivais auparavant", ajoute-t-elle.
Les communautés rurales bénéficient également du projet.
Pierrette Wamoundjou dirige un orphelinat à Gba, un village centrafricain qui vit dans la pauvreté, avec peu ou pas d'équipements de base tels que des hôpitaux, des écoles, l'électricité ou l'eau courante.
Le village accueille également des personnes déplacées par le conflit armé qui sévit dans le pays.
Après avoir entendu parler du Juncao, Mme Wamoundjou a immédiatement demandé de l'aide à l'Institut centrafricain de recherche agricole, où travaille Mme Dombeti.
Lorsque Mme Dombeti s'est associée à Mme Wamoundjou pour aider à éliminer la pauvreté à Gba, la technologie Juncao a officiellement commencé à opérer sa magie.
Au total, 60 femmes et hommes de Gba ont été formés aux techniques de production de champignons et ont immédiatement construit une champignonnière.
"Cette champignonnière a permis de réduire la pauvreté et la misère dans le village de Gba", déclare Mme Dombeti.
Le projet a connu un tel succès dans le village qu'une chanson a été composée par les villageois pour accueillir les Chinois à chaque fois qu'ils arrivent : "Bienvenue, bienvenue, bienvenue, honorables invités de la Chine, vous apportez des projets Juncao, des champignons frits, des champignons cuits avec des tomates, de délicieux champignons, merci du fond du cœur (...)".
"Nous disposons de 150 hectares, dont 50 hectares près de la rivière. Nous pouvons planter du Juncao en grande quantité. C'est notre préoccupation, notre objectif", déclare Mme Wamoundjou.
"Au début, nous avons planté du Juncao pour le distribuer aux agriculteurs et des champignons aux villageois qui n'avaient pas assez à manger", se souvient Chen Kehua.
Après que certains résidents locaux ont été exposés au Juncao, le groupe d'experts a commencé à former ceux d'entre eux qui étaient intéressés par l'apprentissage de la technologie et les a renvoyés en Chine pour une formation à court terme, cultivant ainsi un groupe de talents techniques comme Mme Fatime et Mme Dombeti.
Selon M. Chen, jusqu'à présent, le projet a organisé 27 sessions de formation sur la technologie Juncao, formé 1.256 stagiaires, établi dix sites de démonstration pour la production du Juncao, guidé et aidé à l'établissement de cinq coopératives de plantation de Juncao et de quatre coopératives d'élevage, et promu la culture de champignons comestibles et l'élevage de démonstration pour plus de 1.200 ménages.
"Le projet Juncao a été couronné de succès en RCA, et nous continuerons à renforcer la promotion du Juncao afin d'offrir un nouveau moyen de résoudre la pénurie alimentaire locale", se félicite-t-il.
Alors que les femmes du monde entier célèbrent la Journée internationale des femmes le 8 mars, Mme Dombeti est convaincue que la technologie Juncao pourrait véritablement permettre aux femmes de s'émanciper si elle fonctionnait sans entrave.