La médecine chinoise fait le tour du monde
Le 18 janvier 2017, le président chinois Xi Jinping s’est rendu à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) où il a rencontré la directrice générale Margaret Chan. Il a fait don à l’OMS d’une statue sur l'acupuncture. Cette discipline, qui est l'une des formes les plus répandues de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), est connue dans le monde entier.
L'apogée de la MTC pourrait bien avoir lieu prochainement, car beaucoup de ses techniques, notamment l'acupuncture et le massage, sont adoptées dans le monde entier. La médecine chinoise sur la voie de la mondialisation.
Une intégration aux systèmes internationaux
Selon le Livre blanc sur la médecine traditionnelle chinoise publié par le Bureau d'information du Conseil d'État en décembre 2016, la MTC est aujourd’hui présente dans 183 pays et régions. Sur la base des statistiques de l'OMS, 103 pays membres ont reconnu l'efficacité de l'acupuncture dans le traitement de divers maux. La médecine chinoise s’est progressivement intégrée au système de médecine internationale et est reconnue comme traitement officiel en Russie, à Cuba, au Vietnam et aux Émirats Arabes Unis, entre autres pays.
En Chine, la MTC est plus populaire dans les régions les moins développées, tandis qu'à l'étranger, elle tend à gagner en popularité dans les lieux les plus développés, observe Li Zhenji, vice-président et cofondateur de la Fédération mondiale des sociétés de médecine chinoise et ancien directeur adjoint de l'Administration d'État de la médecine traditionnelle chinoise (SATCM).
« Le développement de la MTC en Europe, aux États-Unis et en Australie a été beaucoup plus fort qu’en Afrique du Sud ou que dans les pays sud-américains », explique-t-il. On compte environ 3 000 cliniques de MTC en Grande-Bretagne, ainsi qu’en France et au Canada, et 4 000 en Australie. L'Europe abrite 209 établissements d'enseignement de la MTC, soit un tiers du total mondial.
Parmi les diverses formes de MTC, l'acupuncture est la plus populaire en Europe. Selon le quotidien italien La Stampa, en 1984, de nombreux hôpitaux italiens ont commencé à accueillir des cliniques de MTC, et 6 millions d'Italiens ont reçu un traitement de médecine traditionnelle. Des écoles d'acupuncture ont également commencé à s'ouvrir dans toute l'Italie et à élaborer des normes systématiques de formation. Dans les sept écoles d'acupuncture accréditées par l'Association italienne d'acupuncture, moxibustion et MTC (AIAM), les étudiants ne peuvent recevoir que des qualifications professionnelles que s’ils suivent 400 heures d'études théoriques, 100 heures d'internat et 50 heures de pratique clinique.
Les défis à franchir
La mission mondiale de la MTC n'a pas connu une route droite. La médecine occidentale prédomine encore dans le monde entier, et la MTC ne fournit que des options de traitement complémentaires. Le premier problème est celui des grandes différences dans les milieux culturels et les systèmes théoriques. Aujourd'hui, le terme de médecine chinoise traditionnelle est largement reconnu par la communauté scientifique internationale. Mais selon la théorie médicale occidentale, la médecine ne devrait être utilisée que pour traiter des maladies. Compte tenu de la différence de philosophie, de nombreuses sociétés pharmaceutiques chinoises rencontrent des difficultés lorsqu'elles tentent de promouvoir la MTC préventive dans les pays étrangers.
Deuxièmement, l'opinion publique sur la MTC entrave également sa popularité à l'étranger. Étant donné que les traitements traditionnels sont généralement effectués par des cliniques individuelles à l'étranger, peu de programmes de recherche internationaux ont suivi les résultats de la MTC ou ont fourni des données de recherche valides, de sorte que la MTC est souvent considérée comme une pseudo-science à l'étranger, déplore Liu Baoyan, vice-président de l'Académie chinoise de médecine traditionnelle chinoise et président de la Fédération mondiale des sociétés d'acupuncture et de moxibustion et de l'Association chinoise pour l'acupuncture et la moxibustion.
Après des années de recherche, la communauté médicale européenne admet que l'acupuncture évite de créer une résistance aux médicaments et n'a pas les effets secondaires de la médecine occidentale, mais de nombreux médecins restent très prudents au sujet des traitements traditionnels. Étant donné que l'UE a introduit des « instructions sur les modalités d'enregistrement des plantes médicinales », la plupart des produits de MTC ont été vendus comme produits de santé ou additifs alimentaires parce qu'ils n’étaient pas reconnus comme des médicaments. L’enregistrement est donc un problème qui entrave la progression internationale de la MTC.
Bert Van Duane, scientifique en chef de Figueras Technology Co., Ltd, passe une grande partie de son temps à standardiser et optimiser le processus de production de masse de ginseng, en espérant que l'établissement de normes de production strictes et uniformes en MTC pour contrôler efficacement la qualité des produits permettra de surmonter les principaux goulots d'étranglement entravant l'acceptation de la MTC par le marché européen. Plus d’efforts pourraient être faits pour établir des normes de sélection des semences et la production industrielle, ainsi que pour évaluer efficacement ces normes.
Les opportunités des Nouvelles Routes de la soie
Avant 2015, le processus d'internationalisation de la MTC était plus sur une voie de tâtonnement, en raison d'un manque de planification et d’action centrales. Cependant, depuis le début de la mise en œuvre de l’initiative, elle s'est révélée un nouveau pont pour les opportunités de MTC.
Le 28 mars 2015, le gouvernement chinois a publié un document intitulé Vision et actions sur la création conjointe de la Ceinture économique de la Route de la soie et de la Route de la soie maritime du XXIe siècle. Ce plan d'action proposait d'élargir la coopération en matière de médecine traditionnelle, ce qui signifie une inclusion de la MTC dans la planification nationale et un statut de bénéficiaire potentiel du développement conjoint.
La prolifération de la MTC dans les pays et les régions situés le long des Routes de la soie se poursuit. Selon les Nouvelles chinoises de la MTC, la Chine a exporté 37,7 milliards de dollars dans le secteur en 2015. Et la plupart des pays et régions qui reconnaissent la MTC dans le cadre de la médecine générale se trouvent le long des Routes de la soie, où la demande connaît un énorme potentiel de développement.
La coopération entre les organisations médicales et éducatives à l'étranger a également fortement augmenté. En 2015, la SATCM a créé dix centres de MTC aux États-Unis, en France, en Malaisie et dans d'autres lieux grâce à une aide gouvernementale de ces pays. La plupart fonctionnent maintenant bien et attirent de nombreux patients locaux, a déclaré Wang Guoqiang, directeur de la SATCM.
En 2017, la MTC a bénéficié d'un autre document de lignes directrices sur l'investissement pour l’internationalisation. Le 16 janvier, la SATCM et la Commission nationale du développement et de la réforme ont publié conjointement le Plan de développement de la médecine traditionnelle chinoise dans le cadre de l’initiative des Nouvelles Routes de la soie (2016-2020). Selon ce plan, un nouveau modèle de coopération globale s'effectuera dans les pays et les régions situés le long des tracés d'ici 2020. M. Wang a ajouté que la SATCM promeut activement la mise en œuvre du plan.
« Grâce à la coopération intergouvernementale, nous pouvons fournir un soutien accru aux organisations nationales et étrangères de médecine traditionnelle et aux institutions universitaires à tous les niveaux pour promouvoir une plus grande variété d'activités d'échange », a déclaré M. Wang. « En aidant les organisations non gouvernementales à aller à l'étranger, nous espérons promouvoir la coopération intergouvernementale, éliminer les obstacles qui empêchent l'internationalisation de MTC et contribuer à sa popularisation. »