Les investissements chinois offrent une nouvelle vie à des villageois du Myanmar
Pour les habitants de Kantone, un petit village au Myanmar, la vie n'est plus la même depuis la mise en place d'un projet de mine de cuivre facilité par l'initiative chinoise "la Ceinture et la Route".
"Nous regardons la télévision tous les jours, nous avons des climatiseurs. C'était totalement inimaginable dans le passé ", raconte Pu Maung, un des villageois.
Kantone est l'un des 33 villages bénéficiant du projet de mine de cuivre de Letpadaung, financé par la Chine, à Monywa, dans la région de Sagaing (nord-ouest du Myanmar). En raison de l'expropriation des terres, Kantone a été reconstruit à environ 2km de son ancien site, et plus de 700 villageois de 130 familles ont dû s'installer dans de nouvelles maisons.
Lancé en 2012 par l'entreprise chinoise Wanbao Mining Copper Ltd, la mine de Letpadaung est l'un des projets majeurs financés par la Chine au Myanmar. Cependant, sa construction avait été interrompue à plusieurs reprises par les protestations de certaines populations locales, s'opposant aux expropriations et préoccupées par le potentiel impact environnemental du projet. Wanbao a fait de nombreux efforts pour gagner la confiance et le soutien de la population locale. Après deux ans de retard, la mine de cuivre a finalement été mise en service en mars 2016.
En tant que voisin de la Chine, le Myanmar a été l'un des premiers partenaires de l'initiative chinoise "la Ceinture et la Route", qui encourage les entreprises chinoises à investir à l'étranger. Par ailleurs, le Myanmar a été l'un des premiers pays à en bénéficier. La mine de cuivre de Letpadaung étant un bon exemple.
Le projet a en effet fondamentalement changé la vie des populations locales. Dans le village de Kantone, les gens vivaient dans des maisonnettes de chaume et de bambou, leurs nouvelles maisons sont beaucoup plus solides et propres, affirme Pu Maung.
Les 33 villages concernés par les activités de la mine, qu'ils aient été déplacés ou non, ont maintenant l'électricité. Ce qui est loin d'être la norme au Myanmar, où les gens souffrent de fréquentes coupures de courant à cause du manque d'électricité, même dans les grandes villes.
Wanbao a également construit des pipelines d'eau, garantissant un approvisionnement en eau gratuite pour les villageois. Pour ceux qui préfèrent l'eau de puits, l'entreprise en a creusé, explique Dong Yunfei, porte-parole de l'entreprise.
La société chinoise partage non seulement les bénéfices du projet Letpadaung avec les communautés locales, mais leur apporte également des compétences importantes. Wanbao a par exemple fourni des capitaux de départ à certains villageois voulant lancer leur propre entreprise : des usines de briques, des cimenteries, des élevages de poulets, et des équipes de remorques.
Tun Tun, le fils le plus âgé de Pu Maung, était très sceptique quant au projet Letpadaung en 2012. Maintenant, il a fait fortune grâce à la mine. En tant que chef de l'équipe de remorques du village, Tun Tun est en charge de 32 véhicules et 63 travailleurs. Les affaires sont bonnes, se réjouit-il, si bien que l'équipe de remorques a remboursé ses prêts en moins de deux ans. Tun Tun a même acheté deux chargeuses très coûteuses pour sa famille.
Ces dernières années, les revenus des habitants de Kantone ont nettement augmenté, et les services médicaux et les infrastructures ont considérablement été améliorés dans le village. Ceux qui s'opposaient au projet se battent maintenant pour en faire partie. Pour un poste dans la mine de cuivre, l'entreprise reçoit parfois jusqu'à 100 candidatures.
Htet Htet Zaw, épouse du deuxième fils de Pu Maung, travaille à la mine de cuivre. En seulement une année, elle a appris à parler le chinois couramment. Elle peut même lire et écrire en chinois. Pour sa famille, c'est un "miracle".
Beaucoup de jeunes du village veulent apprendre le chinois, ce qui leur donnerait un avantage quand il s'agit de poursuivre une carrière dans la mine de cuivre, explique Htet Htet Zaw, qui a également un nom chinois, Li Yiyi.
Mère de deux enfants, elle se dit très reconnaissante vis-à-vis de la compagnie chinoise, qui a construit deux jardins d'enfants dans le village, complètement gratuits.
En outre, la société a établi un hôpital entièrement équipé à Kantone, où est né son deuxième enfant, se souvient Htet Htet Zaw. Même les femmes d'autres villages veulent accoucher dans cet hôpital, ajoute-t-elle.
Les réussites des Chinois dans la mine de Letpadaung ont été reconnues par le gouvernement du Myanmar, qui entend en faire un projet modèle mettant en valeur les responsabilités sociales des investisseurs étrangers.
Une équipe médicale mobile, en provenance de la capitale Rangoun, a été embauchée par Wanbao pour fournir des services médicaux aux communautés. Les ordonnances et les médicaments sont fournis gratuitement. L'équipe travaille six jours par semaine et en deux ou trois semaines elle doit visiter les 33 villages, raconte Min Kyi, l'un des médecins. Chaque jour, les médecins doivent visiter 50 à 60 villageois, parfois jusqu'à 100.
L'équipe médicale est chaleureusement accueillie par les villageois. Certains apportent même des fruits et des collations pour les médecins. "C'est une bonne chose. Même le gouvernement birman ne peut pas le faire pour nous", confie Pu Maung.