Quand une entreprise chinoise "se marie" avec ses homologues italiens
"Un plus un, ça peut faire plus que deux", résume l'homme d'affaires chinois Wang Benshan en faisant référence à l'acquisition par sa société de deux entreprises italiennes de machines-outils.
L'acquisition, réalisée il y a quelques années, reflète les échanges économiques et commerciaux de plus en plus étroits entre la Chine et l'Italie dans le cadre de l'initiative "la Ceinture et la Route", proposée en 2013 par la Chine pour construire un réseau de commerce et d'infrastructures reliant l'Asie à l'Europe et l'Afrique le long des anciennes routes commerciales.
La Chine et l'Italie sont des pays importants de "la Ceinture et la Route", a confié à Xinhua celui qui préside le conseil d'administration de la société Zhejiang Rifa Precision Machinery.
L'amélioration des technologies, la promotion du développement et l'exploration de plus grands marchés correspondent non seulement aux objectifs de cette initiative, mais sont également devenues une demande commune pour des entreprises des deux pays.
Zhejiang Rifa Precision Machinery, filiale du groupe Rifa, est un important fabricant chinois de machines-outils, dont les ventes annuelles dépassent le milliard de yuans (145 millions de dollars). Après avoir réussi sur le marché chinois, elle s'est tournée vers les entreprises italiennes très fragilisées par la crise financière de 2008.
Rifa a ainsi racheté MCM et Colgar respectivement en 2014 et 2015. Ces deux sociétés étaient des fabricants de machines-outils de renommée mondiale et qui comptaient parmi leurs clients des géants tels qu'Airbus, Boeing, General Motors et Siemens.
Pour M. Wang, acheter ces deux compagnies italiennes n'a pas été décision facile.
Avant de se décider, il a étudié le développement du secteur des machines-outils dans le monde, visité des salons professionnels et acheté des machines-outils auprès de différentes sociétés pour les comparer et évaluer le taux de satisfaction des clients.
Les acquisitions à l'international requérant non seulement un habile opération financière, mais aussi une communication et une coopération sincères, M. Wang s'est rendu en Italie une dizaine de fois pour discuter des possibilités de coopération avec ses homologues italiens. Il a finalement réalisé que l'acquisition de MCM et de Colgar signifierait de grandes opportunités d'affaires pour lui.
Cependant, comme de grosses différences existent entre l'Europe et la Chine dans des domaines tels que la conclusion de contrats et la législation du travail, les négociations se sont révélées ardues.
M. Wang a noté que les entreprises italiennes attendaient de Rifa qu'elle les rassure sur la réaffectation de leurs employés et le maintien en Italie de leur savoir-faire. "Nous entendons gérer ces entreprises italiennes longtemps après leur acquisition afin que la réputation de ces marques célèbres ne soit pas ternie", a-t-il souligné.
Certains pensent que l'avis d'une société rachetée n'est pas important. Mais M. Wang pense tout le contraire. Même si Rifa est devenu le propriétaire de MCM et de Colgar, il dit qu'on peut apprendre beaucoup des méthodes de gestion et des technologies utilisées par les précédents propriétaires.
En outre, préserver correctement les intérêts des employés des entreprises italiennes constitue également un défi pour lui.
Lorsque Rifa a racheté Colgar, celle-ci, au bord de la faillite, était incapable d'avoir une production normale et ses employés étaient assez nerveux. Ceux-ci "travaillaient pour Colgar pendant plusieurs décennies et nous nous devions leur donner une réponse satisfaisante", selon Wang Benshan.
Rifa compte aujourd'hui 330 employés en Italie, un chiffre exceptionnellement élevé dans un pays où les PME prévalent.
Leur acquisition par Rifa a apporté de nouvelles opportunités à ces deux entreprises italiennes, les aidant à acquérir de nouvelles ressources et à s'implanter pleinement sur des marchés.
Fin 2015, la valorisation de MCM était de 60 millions d'euros (64 millions de dollars), soit 20 millions d'euros (21 millions de dollars) de mieux qu'avant acquisition, avec un bénéfice de 2 millions d'euros (2,1 millions de dollars).
Colgar, bien que la liquidation judiciaire et le rachat ne soient pas intervenus avant la mi-2015, a cessé de générer des pertes et a vu sa situation s'améliorer.
A Cornaredo, une commune de la banlieue nord-ouest de Milan où se trouve Colgar, l'adjointe au maire Mary Vono a souligné à Xinhua que MCM et Colgar fabriquaient des produits de haute qualité et avaient une bonne réputation. Leur acquisition par Rifa leur ayant apporté capitaux et nouveaux marchés, ils ont pu sortir de la crise financière, ce qui a généré pour la commune des recettes fiscales et des emplois.
Cela a été un très bon "mariage" pour tout le monde, a-t-elle estimé.
"Nous espérons que ces entreprises italiennes bénéficieront d'un meilleur développement après leur acquisition et nous ferons de notre mieux pour y parvenir. Ce faisant, cette combinaison produira un résultat gagnant-gagnant", a conclu M. Wang.