Simon Pierre ADOVELANDE : un homme de conviction pour le Bénin et la Chine
Dans le quartier des ambassades de Beijing à Chaoyang, sur l'avenue Guanghua Lu, la promenade est plaisante au milieu des représentations diplomatiques parfois imposantes des États-Unis, de la Grande-Bretagne, du Brésil, de la Grèce et de la Colombie. C'est aussi le lieu de résidence de Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur du Bénin, Simon Pierre ADOVELANDE. L'homme aura suivi un parcours peu ordinaire avant de fouler le sol de la Chine.
Simon-Pierre AdovElandE, ambassadeur du Bénin en Chine
Personnalité aux convictions humanistes et solidaires doublées d'une expertise en économie, Simon Pierre ADOVELANDE a consacré 25 ans de sa vie au développement du Bénin. Il aura arpenté sans relâche les couloirs des organisations internationales les plus prestigieuses et vu au plus près les défis du développement au Bénin.
Un partenariat Chine-Bénin privilégié mais à approfondir
Entre-temps, la Chine a émergé sur la scène internationale avec une approche nouvelle du développement en Afrique, incarnée par le Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) et l'initiative des nouvelles Routes de la soie. La nomination de Simon Pierre ADOVELANDE comme ambassadeur en Chine revêt donc une double signification. En premier lieu, l'ambassadeur considère la Chine comme un partenaire privilégié et stratégique. Ces paroles fortes sont associées, en second lieu, à une perception positive de la présence de la Chine au Bénin. En effet, sa position anti-hégémoniste et sa politique traditionnelle de solidarité Sud-Sud font de la Chine un modèle de développement unique dont le Bénin cherche à s'inspirer. Car si le Bénin considère la Chine comme l'une des plus grandes puissances du monde, elle ne l'assimile pas à la forme de coopération classique dont l'Occident a fait preuve dans l'histoire. Selon l'ambassadeur, la Chine partage aujourd'hui avec le monde ce qu'elle a mis du temps à bâtir en interne. Mais cette nouvelle donne internationale n'est pas toujours bien actée par les responsables politiques et les populations, Simon Pierre ADOVELANDE déplorant le fait que : « la Chine est une grande puissance qui est très mal connue aussi bien en Afrique que dans le monde » et que « la connaissance de la Chine n'a pas évolué en même temps que le dynamisme des transformations de ce pays. »
Visite de l'usine Rain God irrigation company en août 2017 à Tangshan
En outre, il reste toujours des points à améliorer dans cette coopération. D'après l'ambassadeur, la Foire des produits chinois au Bénin, en date du 25 au 28 août 2017, est, par exemple, une très belle initiative mais qui répond à une situation remontant à dix ou vingt ans en arrière. « Aujourd'hui, nos pays ont beaucoup évolué. Il faudrait que cette foire soit adaptée à la réalité actuelle, que ce ne soit plus seulement des produits chinois qui soient présentés au cours de cette foire mais que ce soit des échanges, c'est-à-dire des produits africains avec de la valeur ajoutée apportée par la technologie chinoise. » L'objectif d'un plus grand partenariat reste donc à atteindre et pourrait se concrétiser, toujours selon l'ambassadeur, par une Foire des produits africains fabriqués au Bénin qui se tiendrait en Chine.
Penser le développement autrement avec les nouvelles Routes de la soie
À cet égard, l'initiative chinoise « la Ceinture et la Route » matérialise l'ouverture tous azimuts de la Chine sur le monde et propose un formidable instrument de développement gagnant-gagnant. « C'est un nouveau mécanisme de financement à l'étranger pour la Chine, le financement étant le moteur du développement. Je pense que pour nous, c'est une opportunité que nous saisissons et l'ambassade joue un rôle de pont entre la Chine et le Bénin pour que le pays puisse tirer le maximum de profit de cette initiative. » Il est vrai que le tracé de la Route de la soie maritime passe en Afrique de l'Est, avec comme point d'ancrage le port de Djibouti, mais l'ambassadeur du Bénin considère que les retombées du projet chinois bénéficieront aussi pleinement à l'Afrique de l'Ouest, l'un des principaux centres historiques des routes commerciales internationales africaines. Pour Simon Pierre ADOVELANDE, la carte diplomatique que peut jouer le Bénin avec la Route de la soie maritime est bien celle d'un pays accueillant le commerce de transit vers ses autres grands voisins de l'Afrique de l'Ouest comme le Niger et le Nigéria, riches en pétrole, et jouant le rôle d'interface privilégiée entre l'Afrique francophone et anglophone.
De ce point de vue, l'initiative chinoise donne « un exemple mais également une plate-forme pour évoluer de l'aide classique vers une coopération qui donne le sens du partage et de la responsabilité ». Cette valeur du partage, l'ambassadeur du Bénin l'associe à une autre valeur chinoise qui est l'humilité, lesquelles forgent la communauté de destin pour l'humanité mentionnée par Xi Jinping dans le rapport du XIXe Congrès du Parti communiste chinois (PCC). Elles fondent la bonne entente entre le Bénin et la Chine, car elle laisse la parole aux Africains et les fait sortir de l'infantilisme. Ainsi, Simon Pierre ADOVELANDE souligne-t-il le fait que : « L'Occident et la Chine n'ont pas la même approche de la notion de l'aide. En fin de compte, c'est aux pays africains de faire ‘‘leur devoir de maison'' en définissant le cadre et le contenu de l'aide qu'ils attendent de leurs partenaires. Il y a un travail sérieux de changement de mentalité à opérer au niveau du leadership. » Cette appréciation est le résultat d'une politique responsable de la Chine envers le continent africain qui développe de nombreux cadres de coopération d'égal à égal, en particulier avec le Bénin : l'approche pragmatique.
Une coopération sino-béninoise à l'avenir radieux
Plus que de nouveaux financements, la Chine apporte une expertise dans un cadre d'échange respectueux de la culture de l'autre permettant au Bénin d'identifier des solutions nouvelles pour relever les défis du développement et les défis sociaux du pays. En terre africaine, la propre réussite de la Chine porte donc un message d'espoir nouveau pour le développement du Bénin et de tout le continent.
Par exemple, l'ambassadeur du Bénin considère l'engagement de la Chine à fonder une civilisation écologique sur la base d'une croissance verte comme la meilleure illustration d'une nouvelle gouvernance mondiale. « Tout ce que la Chine a fait en interne, elle veut maintenant le théoriser et le partager avec le monde. » À l'heure où le Bénin doit faire face aux conséquences du changement climatique, l'érosion de son littoral, l'avancée du désert, ainsi que la recherche et l'utilisation des sources d'énergie propre, avec la construction de la centrale hydroélectrique financée à travers Eximbank et Sinohydro, la Chine apparaît aussi comme un partenaire stratégique sûr à long terme.
À cet égard, la confirmation de la participation du Bénin à l'Exposition d'horticulture de Beijing 2019 est l'expression de son souhait de contribuer à un modèle de civilisation écologique impulsé par la Chine.
Enfin, plus largement, le chassé-croisé entre la nouvelle ère de Xi Jinping et l'ère de la rupture de Patrice Talon ouvre pour le Bénin les perspectives d'une nouvelle dynamique dans les relations internationales et la question du développement du continent africain. Un avenir à l'horizon dégagé semble donc se profiler selon l'analyse de Simon Pierre ADOVELANDE. « Aujourd'hui nous avons de la chance, nos dirigeants, le président Patrice Talon et le président Xi Jinping ont une convergence de vue sur les grandes questions et défis majeurs du monde. C'est déjà le soubassement qui servira désormais de fondation à la nouvelle coopération que nous allons développer à partir de ce 45e anniversaire [de relations diplomatiques]. Les perspectives sont très bonnes parce que nous entrons dans un nouveau départ pour la coopération entre la Chine et le Bénin avec une nouvelle ère qui s'ouvre pour nous », conclut-il.
Pays occupant une place stratégique en Afrique de l'Ouest grâce à sa production de coton pour l'industrie textile, très impliqué dans la lutte contre le changement climatique mais souffrant d'un fort taux de pauvreté, le Bénin prend depuis quelques années son destin en main avec son meilleur partenaire historique, la Chine.