Chemin de fer Nairobi-Mombasa, nouveau symbole de la coopération sino-africaine
Photo aérienne prise le 11 mai 2017 montrant la station VOI de la ligne de chemin de fer à voie normale (standard gauge railway, SGR), qui relie Nairobi au port de Mombasa, au Kenya. (Xinhua/Chen Cheng)
Au Kenya, une ligne de chemin de fer à voie normale (SGR) longue de 472km, reliant Nairobi au port de Mombasa, sera inaugurée dans quelques semaines. Avec sa grande capacité de transport, ce chemin de fer pourrait devenir un nouveau symbole de la coopération sino-kenyane, voire sino-africaine.
Cette ligne devrait permettre de relier les deux villes du Kenya en seulement quatre ou cinq heures, avec des trains circulant à 120km/h. Le président kenyan, Uhuru Kenyatta, et des officiels du gouvernement monteront à bord du train de passagers lors de son inauguration, qui aura lieu plusieurs mois avant la date prévue grâce aux progrès rapides des travaux.
Ce chemin de fer, dont la capacité de chargement annuelle devrait atteindre 20 millions de tonnes, est construit par la Société des travaux des ponts et chaussées (CRBC) de Chine et tire la plus grande part de ses financements de prêts à taux bonifiés de la Banque d'import-export de Chine.
En août 2013, le président chinois et son homologue kenyan ont assisté à Beijing à la signature du protocole de financement de ce projet. Le président Kenyatta attache une grande importance à la construction de cette ligne, puisqu'il a mis en place un système de sécurité ferroviaire qui regroupe, entre autres, le ministère de l'Intérieur, l'armée, la police, le service des renseignements et les entreprises chinoises concernées. Depuis le début des travaux en 2015, il préside chaque trimestre au moins une réunion sur place, afin de déceler et résoudre les difficultés et les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre du projet et de montrer son soutien à la construction de ce chemin de fer.
"En Chine on dit souvent 'pour devenir riche, il faut construire d'abord une route', et cela se vérifie également pour l'Afrique", a commenté récemment Lin Songtian, directeur du département des Affaires africaines au ministère chinois des Affaires étrangères, dans une interview à Xinhua.
Selon Luo Zehua, responsable de la CRBC, la liaison Nairobi-Mombasa sera le plus grand projet d'infrastructures au Kenya depuis l'indépendance du pays, et un projet phare de la Vision 2030 du Kenya. Elle pourrait également améliorer le niveau d'industrialisation et de modernisation agricole du pays et des pays voisins, puisqu'elle devrait s'étendre vers l'ouest pour relier les pays africains enclavés, comme l'Ouganda. Grâce à ce chemin de fer, le Kenya deviendra un centre de fabrication et de logistique en Afrique de l'Est.
Cette ligne va être une bénédiction pour l'économie du pays et permettra d'améliorer le quotidien des Kenyans, a estimé le député kenyan Adan Duale. Selon lui, les revenus des Kenyans augmenteront considérablement et le PIB progressera de 1,5% une fois que cette ligne ferroviaire sera mise en service.
Photo aérienne prise le 12 mai 2017 montrant le pont Mazeras de la ligne de chemin de fer à voie normale (standard gauge railway, SGR), qui relie Nairobi au port de Mombasa, au Kenya. (Xinhua/Chen Cheng)
Selon la CRBC, depuis février 2016, ce projet emploie un effectif total de 19.858 personnes au Kenya, les sous-traitants locaux du projet emploient 6.430 personnes supplémentaires, et 3.886 personnes supplémentaires pour les fournisseurs. Au total, ce projet a permis d'employer plus de 38.000 personnes, dont 25.000 ouvriers ou superviseurs.
En outre, 35 étudiants kenyans se sont rendus en Chine fin février dans le cadre d'un programme visant à les préparer à la gestion du nouveau chemin de fer. Ils font partie du deuxième groupe d'étudiants kenyans à aller en Chine dans le cadre du programme boursier de la CCCC (China Communications Construction Company), dont le but est de former 100 étudiants kenyans aux questions ferroviaires.
Après l'achèvement des travaux, les coûts logistiques du pays seront fortement réduits. A l'avenir, cette voie ferroviaire sera primordiale pour le transport de marchandises entre Nairobi et Mombasa.
Moses Ikiara, directeur général de l'Autorité kenyane d'investissement, prédit que l'achèvement de la première phase du SGR augmentera grandement la vitesse de transport des marchandises et réduira les coûts du fret de près de 40%. Cette baisse des frais de logistique permettra aux entreprises locales de produire à des coûts plus abordables.
Cette voie facilitera également les déplacements de la population locale, qui espère que cette ligne favorisera le développement du tourisme local. La ligne ferroviaire, pas encore achevée, attire déjà de nombreux curieux. Les immenses piliers de béton, les voies à perte de vue et les nouvelles gares sont devenus des attractions touristiques dans ce pays connu pour ses plages de sable blanc et ses réserves naturelles.
"Je me rendais en vacances à Mombasa en décembre dernier et je n'ai pas pu m'empêcher de m'arrêter pour voir l'évolution des travaux. J'ai bien aimé la manière dont les piliers s'enfonçaient dans l'eau sur le point Ndumoto, pendant qu'une grue poursuivait les travaux", racontait récemment Benson Ndwiga, un comptable kenyan.
La construction de la ligne Nairobi-Mombasa engendrera également des contributions indirectes. Fin 2015, les constructeurs ont acheté, entre autres, 102,2 millions de litres de diesel, 359,080 tonnes de ciment, 36,480 tonnes d'acier, 339 véhicules, plus de 100 équipements de chantier, et loué plus de 300 véhicules de transport ou de construction.
Après l'achèvement de la voie ferroviaire, la région Nairobi-Mombasa pourrait se transformer en un couloir économique, devenant ainsi une zone économique importante du Kenya. "S'il n'y a pas de marchandises à transporter, le chemin de fer deviendra un fardeau pour l'économie. Donc, après l'achèvement de la construction de la voie ferroviaire, la Chine aidera également le Kenya à développer une 'ceinture économique'", a souligné Lin Songtian.
D'ailleurs, la section Nairobi-Malaba, une prolongation de la ligne Nairobi-Mombasa vers l'ouest qui reliera la capitale kenyane à la frontière ougandaise, est également en construction, ce qui pourrait stimuler l'économie des deux pays.
"Les investissements de la Chine dans les infrastructures de ce continent sont énormes. Le chemin de fer Nairobi-Mombasa a eu un impact positif sur l'intégration régionale", a souligné Lemma Senbet, directeur exécutif du Consortium de recherche économique d'Afrique (AERC).
Selon les données du ministère chinois des Affaires étrangères, la Chine a construit plus de 5.000km de chemin de fer et autant de routes en Afrique, et a contribué à la formation de plus de 160.000 employés locaux, ce qui est très apprécié par les populations locales.