Que fait la Chine en Afrique? L'avis des journalistes camerounais
Les yeux fixés sur le soleil disparaissant de l'horizon du golfe de Guinée, Kilian se félicite des travaux du port en eau profonde de Kribi, construit par une société chinoise. "On sent, on voit, on touche", explique-t-il, "c'est important pour nous".
Kilian travaille pour la chaîne nationale camerounaise CRTV. Mi-décembre, à l'initiative de l'Ambassade de Chine au Cameroun et du bureau de Yaoundé de l'agence de presse Xinhua (Chine Nouvelle), une dizaine de journalistes des principaux médias camerounais ont été invités à faire une tournée de cinq jours des principaux projets chinois dans leur pays.
Les journalistes camerounais ont tout d'abord été émerveillés par les importantes infrastructures construites par les sociétés chinoises, notamment le chantier de l'autoroute Yaoundé-Douala qui doit relier les deux métropoles du Cameroun. Un projet "incroyable", selon les journalistes.
"L'épaisseur du goudron est incroyable, et dire que les responsables du chantier parlent encore d'une dernière couche à poser ! C'est vraiment du lourd", écrit en citant ses confrères Jocelyne, journaliste au Cameroon Tribune, quotidien officiel.
"La Chine est actuellement le premier partenaire commercial du Cameroun [...] Mais elle ne fait pas que du commerce pur avec le Cameroun. Ce pays s'investit également dans les domaines sociaux", poursuit-elle, énumérant par la suite une série de projets chinois visant à l'amélioration du bien-être du peuple camerounais. "C'est le cas avec les dons sans contrepartie (constructions du palais des congrès et du palais des sports) et des projets d'accès à l'eau potable et à l'électricité à moindre coût."
Ces journalistes voient au-delà des chantiers et accordent une importance particulière au transfert de savoir-faire, indispensable pour un développement durable. "Au moment de la visite [à la centrale de Memve'ele], deux ingénieurs camerounais reçoivent une formation afin de prendre le relais des opérations", écrit Lucien, journaliste pour le quotidien Mutations, affirmant que "le transfert des technologies est aussi l'autre chantier important de la coopération sino-camerounaise".
Pour Abraham du bi-hebdomadaire L'essentiel du Cameroun, la tournée médiatique aux chantiers chinois "est une initiative louable". "Par le passé, le déficit de communication observé sur les crises sociales survenues sur certains chantiers, a prêté le flanc à certaines polémiques qui portaient essentiellement leur doigt accusateur sur les entreprises chinoises", écrivait-il la veille de la tournée.
"En faisant un tour dans bon nombre des projets structurants engagés au Cameroun, il se dégage un constat : la partie camerounaise tarde encore à respecter les engagements contractuels sur le plan financier, à côté des retards dans les procédures et autres goulots d'étranglement inhérents à l'administration dans l'exécution des projets", déplore Abraham dans un autre reportage.
L'ouverture des chantiers chinois aux journalistes camerounais a permis de dissiper certains malentendus. Selon Jacques, journaliste au quotidien Le Messager, ces échanges aident à "battre en brèche les nombreux préjugés entretenus dans l'opinion camerounaise sur la qualité des prestations des entreprises chinoises opérant dans le monde". Or, "la Chine est un partenaire sur qui le Cameroun peut compter", affirme le journaliste.
"Après mon retour, je vais dire à mes enfants, notre pays change tous les jours", confie Richard du Cameroon Tribune, qui visitait ces sites pour la première fois.
"En tant que plus important partenaire de développement du Cameroun, la Chine s'engage dans la plupart des projets majeurs du pays, preuve des liens fructueux bilatéraux", écrit Claudette de L'Action, presse officielle du parti au pouvoir RDPC. "Sans aucun doute, la Chine s'engage à respecter les délais d'achèvement des projets en assurant la qualité", estime-t-elle.
Lors de la tournée, Claudette a fêté son anniversaire au chantier de l'autoroute Yaoundé-Douala. Pour l'occasion, la société chinoise a préparé un gâteau et les employés ont chanté joyeux anniversaire à la journaliste en anglais et en français, puis dans un dialecte local, et surtout en chinois.