L’AIIB table sur une croissance soutenue malgré la volatilité
Jin Liqun, président de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. (China Daily)
La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) table sur une croissance durable et robuste par le biais d’une plus grande coopération avec les pays asiatiques et non asiatiques, malgré la volatilité sur les marchés financiers mondiaux, notamment dans les marchés émergents, a indiqué Jin Liqun, le président de l’AIIB.
« Nous nous concentrons sur l’Asie, mais nous cherchons aussi à soutenir les pays non asiatiques », a souligné le président de cette institution multilatérale de développement née il y a deux ans.
Jin Liqun a esquissé sa vision en faveur d’une plus grande coopération avec les régions dans le monde: « Dans une économie mondialisée, aucun pays ni aucune région ne peut se suffire à lui-même ou à elle-même sans des liens étroits avec le reste du monde », a-t-il déclaré jeudi à Beijing dans un discours liminaire à l’occasion de la 4e session de « Vision China », une série de conférences organisées par le journal China Daily. Le thème de cette session était « La Chine et l’Afrique, grandir ensemble ».
« Il est facile de mettre en valeur ses accomplissements lors des périodes d’essor. Le vrai défi se trouve, lorsque nous faisons face à des périodes plus difficiles, de parvenir à gérer les aléas de la géopolitique. […] Je ne suis pas enclin à l’édification d’un géant, ce n’est pas mon idée. Ce que nous devons faire, c’est élargir notre programme, étape par étape, sur des fondations solides », a-t-il expliqué
L’engagement de Jin Liqun à construire des liens plus étroits avec les régions avoisinantes est bien accueillie et l’AIIB a jusqu’à présent approuvé 37 membres non régionaux. Le mois dernier, l’AIIB a accueilli le Liban en tant que 87e membre.
« Nos portes sont ouvertes pour tous ceux qui souhaitent nous rejoindre — qu’ils soient asiatiques ou non— et cela inclut même les Etats-Unis et le Japon », a-t-il fait savoir.
La banque surveille également de près la volatilité des marchés émergents, comme la Turquie et l’Argentine. « [La situation semble] difficile, mais pas aussi mauvaise que certains peuvent l’imaginer. Je pense que [ces pays] seront capables d’endurer cette période difficile et nous restons engagés dans le soutien de leurs projets d’infrastructures », a-t-il souligné.
L’AIIB maintient par ailleurs une relation étroite avec l’initiative des nouvelles Routes de la soie: « Nous pensons que des normes internationales sur la transparence et la protection environnementale sont nécessaires pour que cette initiative soit couronnée de succès et l’AIIB peut aider à cet égard. Comme la plupart de nos membres se situent le long des nouvelles Routes de la soie, lorsque nous soutenons le développement de nos pays membres, nous soutenons également l’initiative », a indiqué Jin Liqun.
La marque réelle de l’accomplissement des efforts concertés de l’AIIB provient peut-être du triple A, que lui ont accordé les agences mondiales de notation. Celle-ci constitue la notation la plus élevée parmi les institutions multilatérales de développement.
« Le portefeuille de développement de l’AIIB a augmenté de manière significative et les opérations d’investissement se sont accélérées, notamment grâce aux progrès continus dans le renforcement de son cadre de gouvernance et de son architecture de gestion des risques », indique l’agence de notation Moody’s dans ses Perspectives publiées le 21 août.
« La gestion est la clé », a précisé Jin Liqun. Selon lui, cela a également été la force motrice de sa gouvernance de l’AIIB depuis sa prise de fonctions en janvier 2016.
L’établissement d’une institution multilatérale de développement aux normes élevées et d’un nouveau type a été son ambition constante et cela a incité 57 pays, dont le Royaume-Uni, à rejoindre la Banque en tant que membres fondateurs.
« Nous pensons que la base de capitaux de l’AIIB restera très importante par rapport à ses actifs avec une augmentation de son bilan au cours des dix prochaines années, apportant une ample capacité financière pour remplir le mandat de la banque à investir dans les infrastructures en Asie », explique Christian de Guzman, vice-président et agent de crédit senior chez Moody’s.
A la fin 2017, l’investissement total de l’AIIB dans divers projets et fonds atteignait les 4,22 milliards de dollars (3,63 milliards d’euros), contre 1,69 milliard de dollars en 2016. Le total de ses actifs a augmenté pour atteindre 18,97 milliards de dollars, soit une croissance annuelle de 6,62 %, d’après le rapport annuel de la banque.
Jin Liqun vit à Beijing depuis 40 ans. Il s’y est installé la même année où la Chine s’est engagée dans sa mission de réforme et d’ouverture. Avant cela, le président de l’AIIB a vécu pendant dix ans en zone rurale.
Cette expérience lui a donné une meilleure compréhension des personnes vivant dans la pauvreté et sur la façon de la soulager: « Le peuple chinois a largement bénéficié de la réforme et de l’ouverture, mais il ne doit pas se reposer sur ses lauriers d’il y a 40 ans. Il doit plutôt travailler encore plus durement pour affronter les nouveaux défis », a-t-il expliqué.