Comment la Route de la Soie maritime va stimuler la croissance en Asie
Cinq ans après que la Chine ait présenté une initiative relative à une nouvelle Route de la Soie maritime, Bambang Soesatyo, le président du parlement indonésien, se souvient très bien de la façon dont elle est née.
C'est en octobre 2013 que le président chinois Xi Jinping a proposé de construire une communauté très soudée entre la Chine et l'ASEAN et a proposé des orientations pour la construction de cette Route de la Soie maritime du 21e siècle dans un discours prononcé devant le parlement indonésien.
Dans le cadre de l'initiative « La Ceinture et la Route », la nouvelle Route de la Soie maritime a été conçue pour relier les côtes de la Chine à l'Europe en passant par la mer de Chine méridionale et l'océan Indien dans une première route, et depuis les côtes chinoises jusqu'au Pacifique sud, en passant par la mer de Chine méridionale dans une autre. Cela fait partie des efforts de la Chine pour promouvoir la coopération maritime, l'interconnectivité régionale et l'intégration économique.
Selon M. Soesatyo, l'Indonésie joue un rôle clé dans la Route de la Soie maritime du 21e siècle, avec le développement des infrastructures prévues des provinces d'Aceh aux Maluku du Nord. Le plan d'Axe maritime mondial indonésien qui met l'accent sur la mer en tant que futur de l'Indonésie est en concordance avec l'initiative « La Ceinture et la Route », a par ailleurs déclaré le président du parlement.
« Les deux idées ont des points communs. Cela devrait permettre à l'Indonésie et à la Chine de bien coordonner leurs efforts pour les aborder », a-t-il souligné.
Surplombant une vaste étendue de mer tranquille, une tablette de pierre où l'on peut lire « Le détroit le plus long et le plus fréquenté du monde » en anglais, malais, chinois et arabe, est désormais un héritage de la gloire passée de Malacca, l'ancienne plaque tournante du commerce de la Malaisie, également appelée Melaka.
Il y a environ 600 ans, Malacca a atteint son âge d'or avec le développement de la Route de la Soie maritime. Les expéditions menées par l'amiral chinois Zheng He (1371-1433) en constituèrent l'un de ses points forts. Au cours de ses sept voyages, Zheng He a amarré son importante flotte de centaines de navires à Malacca à plusieurs reprises.
Cependant, le sultanat de Malacca perdit son lustre après avoir été conquis et colonisé par les Portugais. C'est actuellement le plus petit Etat de la Malaisie avec 1 million d'habitants et le tourisme est le pilier de son économie en raison du manque de ressources naturelles et d'industries lourdes.
La Chine a appelé à la relance de la route maritime et Malacca a été un des pionniers de la participation active de la Malaisie à l'initiative « La Ceinture et la Route », en capitalisant sur l'association historique avec la Chine.
Le plan de développement de la Malaisie, KAJ, a annoncé en 2016 son intention de s'associer à trois sociétés chinoises -PowerChina International, Shenzhen Yantian Port Group and Rizhao Port Group- pour la construction d'un port en eaux profondes dans le cadre du Portail de Malacca (Malacca Gateway). Le Portail de Malacca, un complexe constitué d'un port et de vastes étendues d'installations commerciales, industrielles et touristiques, a été conçu pour s'étendre sur 552 hectares et coûtera environ 9,8 milliards de dollars.
Plus de 100 000 navires traversent le détroit de Malacca chaque année. D'après Gan Tian Loo, un ancien responsable du commerce à Malacca chargé de la coopération commerciale avec la Chine, le Portail de Malacca constituera une nouvelle option de réduction des coûts pour ces navires.
Michelle Ong, de KAJ Development, estime quant à elle que ce méga projet transformera l'économie de Malacca avec un nouvel éco-système qui devrait attirer des centaines d'entreprises, tandis que les efforts du gouvernement local pour attirer les investissements chinois portent déjà leurs fruits.
Avec une longue file de bus flambant neufs roulant sur le pont éclairé de l'Amitié Chine-Maldives, le vieux rêve des Maldives de disposer d'un pont maritime s'est finalement réalisé. Projet emblématique des Maldives et de la Chine pour la construction conjointe de la Route de la Soie maritime du 21e siècle, ce pont de 2 km relie la capitale Malé à l'île voisine de Hulhule, où se trouve le principal aéroport international du pays.
Le pont permet aux habitants et aux touristes de faire la navette entre les deux îles de l’océan Indien en cinq minutes.
« Au début, beaucoup de gens, dont moi, ne croyaient pas que construire un pont ici soit possible. Mais dans mon pays, l'impossible est devenu possible », a déclaré Amila, 26 ans. « Je pense que le pont conduira à un avenir meilleur pour les Maldives ».
Aux Maldives, de nombreux jeunes partagent le même point de vue qu'Amila sur le nouveau pont. « Les Maldives n'ont jamais connu un projet d'infrastructure d'une telle envergure. Tout jeune Maldivien qui le traverse apprendra à rêver de projets plus grands et meilleurs. Nous pouvons maintenant envisager d'avoir un Rêve maldivien », a déclaré Midhuam Saud, vice-président de l'Organisation culturelle et commerciale Maldives-Chine.
Ce pont qui traverse la mer facilite et simplifie la vie des Maldiviens. Cependant, sa construction dans la mer à une profondeur de 46 mètres, avec une température élevée, une forte humidité et des hauts niveaux de rayonnement ultraviolet ne fut pas une tâche facile.
L'ingénieur en chef du projet de pont de l'Amitié Chine-Maldives, Cheng Duoyun, a confié à Xinhua que, au cours de ses 33 mois de construction, le projet avait abouti à un certain nombre de percées techniques clés. « Le succès du pont nous a également préparés à des projets similaires pour la construction future de la Route de la Soie maritime du 21e siècle », a-t-il souligné.
Pour Ranaja, un jeune homme de la ville balnéaire de Hambantota au sud du Sri Lanka, la Route de la Soie maritime a transformé sa ville natale, renommée pour son port en eau profonde.
Situé sur la côte sud du Sri Lanka, le port de Hambantota se trouve à seulement 10 miles nautiques d'une route de navigation très fréquentée dans l'océan Indien. Cependant, le développement du port a été retardé pendant un certain temps, en raison d'une guerre civile longue de plusieurs décennies et d'un manque de fonds, de technologie et de compétences.
Le dilemme a persisté jusqu'à la création d'une coentreprise entre la Sri Lanka Ports Authority et le China Merchants Port Holdings (CMPH) pour le développement conjoint du port.
La phase 1 a été achevée en décembre 2011 et mise en service en juin 2012. La phase 2 a quant à elle été achevée en avril 2015. Le port de Hambantota est le deuxième projet de CMPH au Sri Lanka après le terminal de conteneurs international de Colombo, symbole de la coopération entre la Chine et le Sri Lanka.
Tissa Wickramasinghe, chef des opérations de la coentreprise Hambantota International Port Group, a déclaré à Xinhua que le port fonctionnait « extrêmement bien », l'activité de roulage de fret (roll-on roll-off, RO-RO) ayant progressé plus rapidement que prévu. Il estime que pour peu que ses avantages géologiques soient exploités, le port deviendra un nœud clé de la chaîne d'approvisionnement mondiale pour desservir le marché de 1,7 milliard de personnes de l'Asie du Sud.
De plus, le développement économique du port profitera à toute la région de Hambantota et aidera les habitants du sud du Sri Lanka à sortir de la pauvreté. Regardant la grue de quai bleue du port, Ranaja, également ouvrier dans le port, sait où se trouve l'avenir de sa ville natale. « Nous travaillons ici non seulement parce que le trajet entre notre domicile et le travail est court et parce que le salaire est bon, mais également pour nos espoirs de développer le port », a-t-il déclaré. « C'est l'espoir de notre ville natale ».