La Chine poursuivra l’ouverture de son marché financier en 2019
En 2019, le gouvernement chinois poursuivra l’ouverture de son marché national des obligations, notamment avec des mesures de compensation pour les émetteurs étrangers d’obligations dans la partie continentale de la Chine. Selon les spécialistes, de telles mesures sont conformes à la politique générale d’ouverture financière de la Chine.
Récemment, l’Association nationale des investisseurs institutionnels du marché financier (NAFMII) a publié un document pilote d’orientation pour les entreprises étrangères non-financières, qui utilisent les instruments de financement par l’emprunt en Chine continentale. Ce document fait partie des efforts réalisés pour ouvrir encore davantage le marché interbancaire intérieur, indique un communiqué publié sur le site de la NAFMII.
Selon ce document, les entreprises étrangères non financières doivent enregistrer leurs informations au sein de la NAFMII, avant de pouvoir émettre des obligations sur le territoire chinois dans l’année suivant cette procédure. Celles-ci doivent informer la NAFMII si elles prévoient d’émettre des obligations au-delà de cette période d’un an.
Les bénéfices de ces obligations peuvent être utilisés en Chine et à l’étranger, note le document, mais les entreprises étrangères doivent s’assurer qu’elles utilisent les capitaux en accord avec les lois, les réglementations et les mesures gouvernementales afférentes.
« Une telle directive politique, qui clarifie les phases opératoires pour les émetteurs étrangers d’obligations opérant sur le marché chinois, montre la détermination du gouvernement chinois en matière d’ouverture des obligations. Cela encouragera les émetteurs étrangers à participer davantage à l’émission d’obligations en yuans », explique Zhou Yu, le directeur du Centre de recherche en finance internationale de l’Académie des sciences sociales de Shanghai.
C’est la deuxième fois au cours de ces derniers mois, que le gouvernement a publié une directive pour les émetteurs étrangers d’obligations en yuans dans la partie continentale de la Chine, appelées « obligations panda ». En septembre 2018, la Banque populaire de Chine (la banque centrale) et le ministère des Finances ont lancé conjointement des mesures, conçues pour stimuler l’émission d’obligations panda.
Selon M. Zhou, le gouvernement a fait passer son attention des « obligations dim sum » étrangères aux « obligations panda » intérieures à partir de 2015. D’autres facteurs, comme l’internationalisation du yuan, la croissance du commerce et des investissements entre les entreprises chinoises et étrangères, ainsi que la dépréciation du yuan, ont également poussé au développement des obligations panda.
A la fin 2018, 41 participants étrangers avaient émis des obligations panda pour une valeur de 165,56 milliards de yuans (21,64 milliards d’euros) dans la partie continentale de la Chine, indiquait le 2 février dernier le
Financial Times.
En-dehors de la standardisation et de l’ouverture des marchés pour les émetteurs étrangers d’obligations, le gouvernement a également ouvert le marché du commerce des obligations transfrontalières au cours de ces dernières années. Il a notamment lancé ou mis à jour les canaux des capitaux transfrontaliers, comme avec le programme Qualified Foreign Institutional Investors (QFII) et le programme de connexion des obligations entre la partie continentale de la Chine et Hong Kong.
Selon Zhou Yu, tout cela est conforme au ton général de la politique gouvernementale chinoise de ces dernières années, qui consiste à ouvrir le marché financier, notamment lorsqu’il est question de fournisseurs étrangers de services financiers.
« En comparaison, le rythme de l’ouverture pour les comptes de capitaux a été légèrement moins important, mais celui-ci ne prendra pas de retard trop important. Je pense que les deux secteurs devraient s’ouvrir encore bien plus cette année. […] En matière de marché des obligations notamment, je pense que le gouvernement va relâcher encore les quotas pour les flux de capitaux, comme les quotas QFII. Il devrait également lancer des mesures pour faciliter les émissions d’obligations panda », explique-t-il.
« Par exemple, les taux de crédit relativement faibles de nombreux émetteurs d’obligations impliqués dans l’initiative des nouvelles Routes de la soie a entravé leurs activités dans la partie continentale de la Chine. Le gouvernement ouvrira vraisemblablement un canal spécial pour que les émetteurs d’obligations des nouvelles Routes de la soie puissent lancer des obligations panda en Chine continentale », note M. Zhou.
Certaines barrières subsistent, estiment cependant certains spécialistes. Selon Cao Yuanzheng, économiste en chef de la Banque de Chine International (BOCI), les fournisseurs étrangers de services financiers sont réticents à développer leurs activités en Chine continentale, car ils trouvent difficile de survivre dans un marché où les services locaux sont déjà saturés.
« Par exemple, lorsqu’un émetteur étranger d’obligations émet des obligations panda dans la partie continentale de la Chine, il se tourne vers une banque locale pour que celle-ci l’aide avec les procédures, plutôt que de travailler avec une entreprise étrangère », explique-t-il. D’après lui, cela s’applique également à d’autres secteurs financiers, comme les banques.