Une vue sur la Baie de Shengtang au parc forestier national de Zhangjiajie, dans la province chinoise du Hunan (centre). (La Chine au Présent)
Sous une mer de nuages, le givre et les stalactites s’accrochent aux sommets enneigés des pics karstiques du site de Wulingyuan classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Le sud-ouest de la province chinoise du Hunan abrite une réserve naturelle exceptionnelle. Des milliers de pics de grès dressés vers le ciel dessinent un paysage unique au monde. Il s’agit de la région d’intérêt panoramique et historique de Wulingyuan. Ce site d’une beauté intacte couvre une surface de 500 km2 et comprend le parc forestier national de Zhangjiajie, la réserve naturelle de Suoxi, la réserve naturelle de Tianzi ainsi que le site de Yangjiajie ajouté plus récemment.
Des piliers de grès, composé de quartz, des pics, des crêtes et des falaises abruptes s’étendent ici à perte de vue. Le site, souvent submergé dans une mer de brume, recèle en outre un grand nombre d’arbres anciens, de sources bouillonnantes et de chutes d’eau, et abrite de nombreuses espèces d’oiseaux rares et de mammifères menacés d’extinction que les amateurs d’animaux ont parfois la chance d’apercevoir. Le site de Wulingyuan est un chef-d’œuvre de la nature dont les sons et les couleurs captivent tous les sens. Grâce aux pluies abondantes et aux températures douces caractéristiques du climat subtropical, la végétation y est incroyablement luxuriante. En décembre 1992, la région d’intérêt panoramique et historique de Wulingyuan a été inscrite sur la « liste du patrimoine mondial de l’UNESCO ».
Une forêt de plus de 3 000 pics de grès
Le paysage de Wulingyuan est célèbre pour sa forêt de pierres de grès unique au monde, composée de plus de 3 000 pics karstiques dont la plupart s’élèvent à plus de 200 m de hauteur.
La structure géologique de la région appartient au système tectonique néocathaysien. Il y a plus de 70 millions d’années, un mouvement d’orogénèse a entraîné le soulèvement et la déchirure du substratum plat de grès, ce qui fit apparaître un défilé homogène. Le paysage naturel unique de pics de grès que l’on peut admirer aujourd’hui est le résultat de la combinaison de trois facteurs, à savoir l’érosion fluviale, les effets biochimiques de l’effondrement gravitationnel et enfin, les conditions climatiques. Situés sur une surface dont l’altitude varie entre 500 et 1 100 m, les pics culminent à des hauteurs allant de quelques dizaines de mètres à plus de 400 m. Les massifs de pierres aux formes variées plongent les visiteurs dans mille et un rêves merveilleux : personnages, divinités, monstres ou encore bêtes sauvages.
Selon une légende de l’ethnie minoritaire Tujia, qui vit dans cette région, les formes particulières des pics de pierres ont un lien avec la figure historique de Xiang Dakun qui vécut dans l’antiquité. La légende raconte que Xiang n’était pas satisfait du pouvoir en place à cette époque. Il décida donc de créer un nouveau système et se proclama roi de la région du mont Tianzi qu’il souhaitait comme un royaume de paix. Lorsque l’empereur apprit cela, il envoya ses troupes pour mettre fin au soulèvement du roi auto-proclamé. Après avoir dû se replier dans les montagnes à plusieurs reprises sans jamais parvenir à repousser l’ennemi, Xiang et ses hommes mirent fin à leurs jours en se jetant dans un ravin. Leurs corps se métamorphosèrent en piliers de pierres. Dans une profonde vallée au sud-est de la région se dressent une trentaine de pics particulièrement abrupts. Les habitants racontent que ce sont les soldats de l’armée du roi et que l’énorme rocher un peu à l’écart des autres ne serait autre que le roi Xiang.
Un autre pic a été surnommé le « vieil homme ramassant des plantes », car sa forme évoque un vieux Tujia ceint d’une coiffe traditionnelle et portant sur son dos un panier rempli de plantes. On dit qu’il était autrefois le docteur de l’armée du roi Xiang, homme réputé pour sa connaissance des herbes médicinales et de leurs bienfaits médicaux. Le jour où, revenant des montagnes, il apprit la nouvelle de la défaite et de la mort de Xiang, son désespoir fut tel qu’il se transforma en pic de pierre.
Le site de Wulingyuan est entouré de pics karstiques et de montagnes. Lorsque le soleil perce après une averse ou un épisode de pluies persistantes, un arc-en-ciel illumine la vallée ; des rayons de lumière transpercent la mer de nuages et pénètrent dans la vallée, et les pics de grès sortent la tête des nuages. Dans le blockbuster hollywoodien Avatar, de nombreux décors de la planète Pandora s’inspirent de ce paysage karstique. Le sommet flottant du mont « Hallelujah » dans le film trouve son original dans un pic de grès vertigineux baptisé le « pilier du Ciel et de la Terre ».
Paysage mythique de la Réserve naturelle du mont Tianzi enneigée au au parc forestier national de Zhangjiajie, dans la province chinoise du Hunan (centre). (La Chine au Présent)
L’habitat d’une précieuse faune et flore
Situé entre un plateau et une plaine vallonnée, le site de Wulingyuan est un écrin de verdure où cohabitent la faune et la flore des deux régions. En outre, grâce à son climat tempéré, à ses pluies abondantes et à ses forêts luxuriantes, l’environnement est particulièrement propice à la reproduction et la survie de nombreuses espèces animales. De par son isolement, le site de Wulingyuan est difficile d’accès et la population locale y est peu nombreuse, ce qui limite l’impact des perturbations dues à l’activité humaine sur l’écosystème. Cela explique en grande partie la bonne préservation des ressources biologiques et la présence d’un écosystème complet d’une valeur inestimable pour la recherche scientifique.
Parmi les zones les plus reculées du site de Wulingyuan, on peut citer la mystérieuse baie Shentang sur le mont Tianzi. Elle se situe au beau milieu d’une vallée ouverte très isolée et entourée de précipices vertigineux de tous côtés. La profondeur de l’eau y est insondable. De faibles échos de gongs et de tambours, de cris d’hommes et de hennissements proviennent parfois de la baie Shentang, transportés au gré du vent et de la pluie, remplissant le lieu d’une atmosphère toute mystérieuse.
Pour atteindre la baie Shentang, il faut d’abord escalader une échelle très raide dont les barreaux sont tout juste assez larges pour y poser un pied. Les habitants disent que plus l’on monte, plus le chemin est dangereux. Très peu de personnes s’aventurent donc jusque-là.
Le mont Heicong est un autre trésor caché du site de Wulingyuan. Il tient son nom de sa dense forêt de sapins restée intacte depuis l’antiquité et qui n’est visitée que par des animaux sauvages.
Parmi les plantes qui y poussent, le pin wuling est l’espèce d’arbre la plus répandue. Les locaux ont coutume de dire que « Wulingyuan a 3 000 pics et entre ces pics, des dizaines de millions de pins ».
Outre les pins, la région compte un nombre particulièrement important d’arbres anciens qui sont souvent comparés à des reliques vivantes absolument exceptionnelles. Par exemple, dans le village de Zhangjiajie, un ancien ginkgo, dont le tronc atteint un diamètre de 1,59 m, s’élève à 44 m de haut. Il est considéré comme un fossile vivant.
Tout ce système phytogénétique possède une valeur scientifique considérable ; l’environnement, la structure de la forêt et son état de préservation sont pour la recherche scientifique d’une valeur inestimable. L’évaluation du site de Wulingyuan a permis de dénombrer 116 espèces de vertébrés terrestres représentant 50 familles. Il abrite notamment des tigres du Sud de la Chine, des panthères nébuleuses, des macaques, des salamandres géantes, des civettes, et bien d’autres espèces d’animaux sauvages. Les salamandres peuvent facilement être aperçues dans les cours d’eau, les ruisseaux et les bassins. L’étude du rôle de l’écologie animale dans l’écosystème de Wulingyuan et leur relation fournit de précieuses informations quant à la préservation des espèces animales et au maintien de l’équilibre écologique.
Un des premiers sites touristiques nationaux de classe 5A
Le site pittoresque de Wulingyuan a été découvert au début des années 1980. En 1982, le Conseil des affaires d’État a approuvé la création d’un premier parc forestier national, le parc forestier national de Zhangjiajie, qui a été ajouté à la première liste répertoriant les sites touristiques de classe 5A.
Avec 98 % de couverture forestière, le parc de Zhangjiajie renferme une faune et une flore d’une grande richesse. Connu comme le musée et le jardin botanique naturels, il constitue un écosystème naturel. La zone comprend de nombreux lieux très pittoresques, notamment le village de Huangshi, le ravin Shadao, la falaise de la cravache dorée et, en plein cœur de la zone, le ruisseau de la cravache dorée, l’un des plus beaux sites qui s’étire sur 5 710 m.
En raison de la présence de nombreux cours d’eau qui sillonnent la vallée en forme de lacets, la réserve de Suoxiyu a été surnommée la « vallée aux milliers de pics et aux centaines de cours d’eau ». Cette zone montagneuse regorge de ravins, de canyons, de ruisseaux, de bassins et de chutes d’eau qui incarnent parfaitement l’harmonie de la nature. Le ruisseau Baipu est le site le plus spectaculaire de la réserve naturelle de Suoxiyu et renferme une myriade de cascades ainsi que plus d’une centaine de grottes calcaires dont une dizaine sont ouvertes aux visiteurs. La plus impressionnante est celle de Huanglong, également connue sous le nom de la « perle souterraine ». Elle est divisée en quatre niveaux et s’étend sur 7,5 km de long. Elle comprend une grande galerie sillonnée par une rivière. Sa beauté majestueuse lui vaut d’être le site touristique le plus réputé de Wulingyuan.
La réserve naturelle de Tianzi se situe au nord de Wulingyuan. Elle est reliée au parc forestier national de Zhangjiajie et à la réserve naturelle de Suoxiyu par ses chaînes de montagnes et ses rivières. Elle est surnommée la « terre de la pure beauté ». Du sommet de la montagne, les visiteurs peuvent apercevoir les chaînes de montagnes et la végétation foisonnante à perte de vue. Ce site abrite un champ en terrasses cultivé à plus de 1 000 m d’altitude, classé parmi les plus hauts champs en terrasses de Chine. La plate-forme aux côtés légèrement inégaux s’élève brusquement dans les airs. Sur les hauteurs d’une vallée particulièrement profonde, des terrasses rizicoles sont encore cultivées et entretenues par une dizaine de paysans locaux. Pour atteindre cette zone, il faut passer par des chemins accidentés, ce qui la rend inaccessible aux bus touristiques. Pour s’y rendre à pied, il faut compter au moins deux heures de marche. Les habitants qui y vivent ont donc peu de contacts avec le monde extérieur et s’aventurent rarement au-delà des montagnes.
Cousines de Zhangjiejie, les chaînes de montagne de Yangjiajie constituent un autre site pittoresque rattaché au parc de Zhangjiejie à l’est et à la réserve de Tianzi au nord. Les montagnes et les sources d’eau y dessinent un paysage à la beauté époustouflante qui rappelle un tableau de grand maître. On dit qu’autrefois, la famille d’un général de l’armée chinoise du nom de Yang y avait établi ses quartiers pendant un certain temps. Aujourd’hui, on y trouve encore un « arbre généalogique de la famille des Yang » ainsi qu’un cimetière de la famille. Les descendants des Yang ont nommé de nombreux lieux par les noms de leurs ancêtres.
Ce site pittoresque est divisé en trois principales aires d’excursion, à savoir la rivière Xiangzhi, la gorge Longquan et la vallée des cent singes. L’aire de la rivière Xiangzhi comprend de hauts sommets montagneux qui offrent une vue magnifique. L’aire de la gorge Longquan est entourée de falaises qui constituent des murs naturels protégeant la zone comme une vieille cité fortifiée. Dans la vallée des cent singes, des groupes de macaques gambadent entre les falaises et les ravins pendant que des nuées d’aigrettes se reposent dans les arbres.